Mantras Within Ascending Fire

Serpent Spells

31/05/2016

Godz Ov War Productions

La tendance depuis quelques années est au métissage extrême. Le Blackened Death n’échappe bien sûr pas à la règle, et se nourrit de la violence sourde du BM et de la vitesse crue du Death, agrémentant la technique d’une bonne couche de sensations épidermiques, un peu comme si MAYHEM travaillait de concert ses messes noires en compagnie de SUFFOCATION. 

Le résultat produit dépend bien sûr de l’imagination des musiciens, de leur niveau technique, de leur créativité implicite, mais avouons-le tout de go, un peu à l’instar du Deathcore ou du Metalcore, les standards sont souvent les mêmes et l’équation résolue assez facilement.

Des riffs graves et précis, un chant tirant sur le Black le plus véhément, et une rythmique qui ose affoler le palpitant en proposant une multitude de plans, si possibles rapides et millimétrés.

Tout ça n’est plus nouveau depuis longtemps, mais sait parfois se montrer efficace et ambivalent, ce qui est le cas des SERPENT SPELLS qui avec Mantras Within Ascending Fire nous proposent leur premier EP quatre titres, intro incluse/recluse.

Si l’on en juge par leur concept, leur volonté serait de nous baigner dans la rébellion et la lutte spirituelle à travers le blasphème, l’érotisme et les ténèbres, en brassant des thèmes chers à l’occultisme, notamment la gnose de Qliphoth, forces maléfiques opposées aux sephirots de la Kabbale.

En gros, parce que le sujet ne m’est pas spécialement familier, la représentation de l’arbre de mort, par reflet négatif de l’arbre de vie.

Je ne discute pas le crédo, mais il trouve illustration dans une musique assez inspirée pour captiver, même si l’originalité n’est pas flagrante.

De leur Bangladesh natal, de Dhaka plus précisément, Krypthoth (chant, guitare et écritures), Impaler (batterie) et Mal'akh (basse), brossent un tableau assez complet du Death à tendance Black contemporain, en osant trois véritables morceaux assez progressifs et envoutants, qui n’hésitent pas à jouer avec les limites de temps en dépassant les cinq minutes assez souvent.

Production massive, interprétation agressive, le rendu est puissant et ample, et les arrangements purement instrumentaux savent conférer aux pistes une atmosphère poisseuse et inquiétante. Les influences sont multiples, et on pense parfois à une version ambitieuse d’un DISSECTION confronté à l’esprit d’un EMPEROR encore plus emphatique qu’à l’habitude (« Mantras Within Ascending Fire », le plus efficace du lot selon votre serviteur).

Niveau rythmique, le boulot abattu est impressionnant, et admettons sans hésitation qu’Impaler donne de sa personne dans des plans d’une vélocité parfois sidérante, accumulant les blasts réguliers et les breaks déroulés. Une fois associé à la guitare acide et au chant déviant de Krypthoth, la combinaison fonctionne à plein régime, même si la basse semble avoir été oubliée au mix, mais comme le tout ne manque pas d’écho, l’absence n’en est pas pour autant dérangeante.

Mais dans un registre de Death très technique et relativement violent, assombri de tonalités Black, les SERPENT SPELLS se placent parmi les découvertes les plus intéressantes du moment, et soignent même une intro pluvieuse aux glaçantes incantations occultes passant à travers un prisme de chants grégoriens malsains.

Une fois l’ondée traversée, ce sont de subtiles et graciles cordes acoustiques qui nous font passer les portes de Mantras Within Ascending Fire, en nous propulsant sans ménagement au milieu du maelstrom « Piercing the Cervix of Nehemah ».

Déluge de riffs tournoyants et de blasts virevoltants, ce premier véritable morceau se place à la jonction d’un ANAAL NATHRAKH naissant et d’un MORBID ANGEL indécent, avec ses multiples breaks jonchant ses six minutes et trente secondes de douche bouillante, qui se permet même un mid tempo central tout à fait accrocheur et séduisant.

Les originaires de Dhaka prouvent qu’ils maîtrisent les codes du Death et du Black à la perfection, et résument d’ailleurs les deux courants au sein de cette même entame qui accumule les atmosphères ténébreuses et délictueuses, dans un ballet étourdissant de dextérité, qui pourtant sait offrir des thèmes bien maniés qui ne cèdent pas à la facilité.

Quelques approximations sont encore notables, mais pour un jeu en trio, l’intensité tient chaud, et il est assez rare de regarder sa montre tandis qu’eux la jouent sans cesse. Tout ça cavale à une vitesse sidérante, mais distille quelques cassures d’ambiance poisseuses et vénéneuses, pour un rendu optimal qui suggère un avenir un peu moins banal que la tendance générale du cru.

Quelques efforts sont encore à faire pour se démarquer et abandonner quelques pilotages automatiques un peu éculés (« Scourge Heretic Consecration » et ses mélodies un peu trop mièvres, handicapées de plus par des soli un peu naïfs au son trop aigrelet), mais en dehors de ces quelques reproches somme toute mineurs, ce premier EP est d’une qualité certaine.

A réserver aux fans d’un Death opacifié par une grosse approche Black thématique et pratique, qui ne crachent pas sur un brin de technique pas trop démonstrative, et quelques allusions au passé (le plan très MASSACRE au centre de « Scourge Heretic Consecration », assez bien senti).

 Pas de quoi crier à la cabale, ni se convertir à l’occultisme, mais une vingtaine de minutes qui passent aussi vite que les baguettes d’Impaler sur son kit.


Titres de l'album:

  1. Prism of Flesh (Entrance)
  2. Piercing the Cervix of Nehemah
  3. Scourge Heretic Consecration
  4. Mantras Within Ascending Fire

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 30/01/2017 à 17:41
70 %    1043

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Simony
membre enregistré
31/01/2017, 14:22:16
Super chronique, pour l'avoir écouté également, j'y retrouve totalement ce que j'ai vécu.

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