Je ne sais pas pour vous, mais j’ai toujours eu beaucoup de mal à accepter que FATE ait été créé à la base par Hank Shermann, en rupture de ban de MERCYFUL FATE…Alors, certes, les délires occultes, le satanisme, l’approche sombre et mystique ont fini par lui taper sur le système, mais passer de Melissa à FATE est le genre de grand écart que seul Tom Warrior avait osé il y a fort longtemps. Mais les années passent, les raisons trépassent, et il y a des lustres que le nom de FATE n’est plus associé à celui de Hank. Il est depuis des lunes par contre accolé à celui du bassiste/claviériste Pete Steiner, seul gardien du temple depuis les années 80, et qui aujourd’hui encore fait vrombir ses quatre cordes sous le même pavillon.
Pete s’est d’ailleurs fait plus que discret ces dix dernières années, laissant son vecteur d’expression se reposer dans l’ombre pour mieux contre-attaquer au moment opportun. Onze ans se sont écoulés depuis If Not for the Devil, la sortie de Reconnect ‘n Ignite est donc le petit évènement que son titre suggère. Se reconnecter et mettre les gaz, voici donc le crédo du FATE 2024, qui voit son line-up ajusté. Si Peer Johansson (chant) et Torben Enevoldsen (guitare) sont toujours là, Søren Ryan (batterie) et Patrik Törnblom (claviers) font leur entrée, et renforcent un trio de base décidément très motivé. Signé sur Frontiers, le quintet a donc tous les atouts de son côté pour rallier de nouveau à sa cause les amateurs d’un Hard Rock tirant sur un Heavy mélodique de grande qualité.
Reconnect ‘n Ignite n’avait donc pas droit à l’erreur, et l’axe Steiner/Johansson/Enevoldsen en avait parfaitement conscience. Il a fallu soigner tous les secteurs, de la production à l’exécution, de la composition au mixage maison, pour ne décevoir personne, et surtout pas les fans de longue date. Si les eighties sont bien terminées et enterrées avec leur Hard FM parfois un peu trop bien repassé, les années 2020 pourraient bien être celles de la domination, le répertoire montrant des signes de confiance absolue et de diversité bienvenue. Mais alors, quelle est donc la thématique d’un album aussi important ? Simple, la même ou presque que celle des copains :
De nos jours, tout le monde a une présence sur les réseaux sociaux, et c’est à chacun de nous de décider la part de nous-mêmes et de nos vies que nous voulons y dévoiler. Vous pouvez choisir de rester superficiel ou peut-être d’être un peu plus honnête. C’est à vous de voir, mais peut-être, je dis bien peut-être, que les gens comprendront et privilégieront l’honnêteté à la superficialité.
Il n’y a rien de moins sûr, mais n’est-ce pas une question de destin ? Sans vouloir relier par un petit cheveu ce postulat et le parcours du groupe, il convient de souligner l’importance des réseaux sociaux et plateformes de diffusion pour la carrière d’un groupe. A moins d’être un gros nom du business ou d’avoir des appuis conséquents, il ne reste que deux solutions pour surnager : l’exposition ou le buzz. FATE a clairement choisi la première option, souhaitant garder sa dignité et continuer d’aller de l’avant sans renier son passé. Evidemment, le son s’est durci, et FATE se rapproche aujourd’hui plus de PRETTY MAIDS ou d’ACCEPT que de BON JOVI et SHY. Entre Hard vraiment dur et Heavy qui perdure, le quintet n’a pas choisi, et se rappelle de l’Allemagne des années 1990, lorsque les cadors de la décennie précédente retournaient à des productions plus compactes en laissant de côté les claviers.
Sur Reconnect ‘n Ignite les claviers sont présents, mais ont la décence de ne pas empiéter sur la terre sacrée de la guitare. Les deux rugissent d’ailleurs en ouvrant grand la gueule, pour délimiter leur territoire et se faire respecter. Les soli sont soignés, toujours mélodiques mais bien musclés, et les notes fondent comme neige au soleil, nous offrant parfois des duels synthés/six-cordes du tonnerre (« Running », l’un des plus agressifs du combat).
FATE a visiblement opté pour un résumé global de quatre décennies de travail, en abordant chaque aspect de chaque chapitre. On retrouve donc les ambiances plus tamisées, qui ne versent jamais dans le sentimentalisme outrancier, ni le diabète prononcé. Lorsque l’émotion pointe le bout de son nez, on est plus proche d’un Metal Heart que d’un Slippery When Wet, et « Hold On » de profiter d’harmonies subtiles pour développer des sentiments plus intimes.
La voix rauque et voilée de Peer Johansson fait toujours merveille, c’est un fait. Le chanteur déjà présent sur le discuté Scratch'n Sniff passe toujours d’un registre à un autre avec une aisance de caméléon, et nous offre un festival de puissance en allant chercher au fond de ses poumons la puissance nécessaire à cette mécanique bien huilée au moteur surgonflé.
Ce qui n’empêche guère les compositions de montrer patte blanche et de changer de ton. Les syncopes et les claviers de « Nowhere To Run » font partie de ce que le groupe a proposé de mieux, alors que le binaire standard montre parfois ses limites sur le très moyen « When It’s Over », qui ne profite même pas de son refrain pour excuser son manque d’entrain. Heureusement pour nous, ces moments de flottement sont très rares, et immédiatement pardonnés par un morceau fort et enflammé, dont l’imparable « Children Of A Lesser God » aux chœurs décidément très germains.
Dur, pugnace, on regrette presque l’absence d’une ballade que la voix de Peer aurait transcendée, mais pour son retour, FATE a décidé de montrer les poings plutôt que d’envoyer des baisers virtuels. Espérons que la bonne parole se répande sur les réseaux sociaux, le quintet s’étant pavé une voie royale vers une tournée célébrée. Le destin revient toujours comme un boomerang, mais FATE a toujours su l’attraper au vol. Vous reconnecterez-vous à cette musique incendiaire ?
Titres de l’album :
01. Around The Sun
02. Reason For Everything
03. This Won’t Last
04. I’m On Fire
05. Running
06. Hold On
07. Nowhere To Run
08. When It’s Over
09. Children Of A Lesser God
10. Feel The Burn
11. Under The Gun
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00