Erebos

Venom Prison

04/02/2022

Century Media

J’avais manqué le rendez-vous de 2020, Primeval, après avoir succombé au charme violent d’Animus et Samsara. J’aurais pu m’en vouloir, mais j’ai choisi de raccrocher les wagons à l’occasion de cet Erebos, qui une fois de plus arbore une sublime pochette. 

  

Divinité primordiale et infernale née du Chaos, personnifiant les ténèbres, l'obscurité des Enfers. Il est le frère et époux de Nyx (la Nuit), avec qui il a engendré d'abord Éther (le Ciel supérieur) et Héméra (le Jour) mais aussi Éléos (la Pitié), Épiphron (la Prudence) et Charon.

 

C’est ainsi que se définit Erebos, divinité ancienne qui a tout à fait sa place dans notre époque de ténèbres, entre peur de l’avenir et recyclage d’un passé peu glorieux. VENOM PRISON n’a pas eu à chercher bien loin son inspiration, puisqu’un simple coup d’œil à la situation du monde actuel suffit à aiguiller sur la bonne piste. Alors que les âmes se déchirent, que les corps s’affrontent et que les idéologies se percutent à grands coups de déclarations choc dans les médias, l’inspiration est évidente, et la lutte n’en devient que plus importante : je dirais vitale d’un certain point de vue.

Et Larissa Stupar s’est toujours sentie très concernée par les problèmes de société, les droits des animaux, des femmes, la parole donnée, les injustices misogynes, la petitesse des esprits, le repli sur soi et l’égoïsme ambiant. Inutile donc de dire qu’en 2022, la vocaliste célébrée dans l’extrême comme la voix la plus influente et importante de sa génération continue son combat d’importance, sur fond d’instrumental chaotique, dans la plus droite lignée de ce que son groupe a pu produire depuis son émergence. Toutefois, il semblerait que VENOM PRISON s’accorde quelques aérations avec ce quatrième album, laissant une place plus importante à la mélodie, comme CARCASS avait pu le faire à une époque charnière de sa carrière. L’amer « Comfort Of Complicity » et sa dénonciation de la lâcheté de pensée laisse place à un final hautement mélodique, sur lequel sa voix prend encore plus d’ampleur. Alors, pas de crainte à avoir cependant, le quintet est toujours aussi véhément, violent, incorruptible et assis sur ses positions fermes.

Passant sur la liste du géant Nuclear Blast, le groupe a encore franchi une étape vers la respectabilité, acquise à la force du poignet et des riffs les plus sombres et violents possibles. Ce glissement n’a pas eu de répercussions notables sur la musique du groupe, et les licks pondus par Ash Gray et Ben Thomas sont toujours aussi efficaces, et métaphoriques de leur époque. Saccades constantes, gravité de ton, pour parfois laisser place à un rai d’espoir, lorsque le calme précède l’énorme tempête. Ainsi, écouter « Pain Of Oizys » permet d’apprécier la facette la plus sensible du combo gallois, ses penchants Ambient, et son envie de ne pas se contenter d’une lapidation en bonne et due forme.

Ainsi, Erebos pourrait être ce que l’on désigne un peu trop facilement comme l’album de la maturité. Sauf que VENOM PRISON est adulte depuis longtemps, même lorsque sa jeunesse dispensait encore des crises de colère d’un adolescent confronté à l’injustice d’un monde qui frappe les faibles et protège les forts. « Judges Of The Underworld » est d’ailleurs une prolongation de cette époque, avec sa double grosse caisse qui turbine non-stop, ses changements de rythme soudains, sa méchanceté à la CARCASS/AT THE GATES, et son humeur atroce et Hardcore.

L’équilibre.

Voici ce qui caractérise à merveille ce quatrième tome qui évite brillamment le piège de la redite trop embarrassante. En variant les climats et les sentiments, en adoptant l’électronique et l’enserrant dans ses bras, le gang a enfin franchi une étape importante que Primeval laissait entrevoir avec beaucoup de pertinence. Musicalement toujours aussi fou et dur, VENOM PRISON n’en a pas pour autant oublié l’impact d’un coup de rein au bon moment, et d’une respiration quand le souffle vient à manquer. « Golden Apples Of The Hesperides » fait le lien entre le Death et le Grind, entre l’avant et l’après, et propose une posture digne des poulains non débourrés de l’écurie Earache.

L’exercice de style est brillant, et la fusion des genres pourra déstabiliser les plus fragiles, mais autant admettre que les gallois ont cette fois-ci parfaitement dosé les ingrédients de leur rage. En s’attaquant à cette mythologie, ils s’attaquent à une société qui s’enfonce dans les traumas et qui cherche à tout prix à désigner des coupables, et si possibles, les autres….     

« Gorgon Sisters » pétrifie de sa puissance Heavy et de son groove incroyable qui rappelle certains réflexes du KORN le plus dru, et entre insistance Heavy et cavalcade Grind, les cinq musiciens instaurent un couvre-feu pour que tout le monde y trouve son compte. Mais que les choses soient claires, les passages violents le sont encore plus, mais souvent soulignés d’une harmonie en vasistas (« Veil Of Night »), et les ambitions encore plus épaisses qu’avant.

De fait, Erebos se désignera sans doute comme l’album le plus cohérent d’une discographie impeccable. « Technologies Of Death » s’en assure d’ailleurs de sa longue conclusion qui résume tout ce que le groupe a pu accomplir jusqu’à lors, profitant d’une production incroyablement précise aux graves élastiques.

VENOM PRISON est aujourd’hui une institution. Ceux que ça dérange peuvent se réfugier dans le déni, mais ceux gardant les yeux et les oreilles ouvertes sauront affronter un futur que tout le monde pressent peu enviable.

   

                                                                                                                                                                                                                   

Titres de l’album:

01. Born From Chaos

02. Judges Of The Underworld

03. Nemesis

04. Comfort Of Complicity

05. Pain Of Oizys

06. Golden Apples Of The Hesperides

07. Castigated In Steel And Concrete

08. Gorgon Sisters

09. Veil Of Night

10. Technologies Of Death


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par mortne2001 le 12/02/2022 à 18:14
88 %    651

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


La mort ou tchi-tchi
@54.37.18.136
14/02/2022, 07:53:00

Découvert dans une platlist sur les méchants spotify, agréablement surpris alors que je ne suis pas fan de ce death aux relents hardcore.



Buck Dancer
@86.252.234.45
15/02/2022, 00:05:47

Bien d'accord, vraiment pas mal les morceaux en écoute. Et pareil, je ne suis pourtant pas fan de ce genre de "death metal moderne" 

J'ai été attiré par la pochette et je suis resté pour la musique.

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grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

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Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

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Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

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Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

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" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

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