I, Voidhanger lance sa dernière salve d’atrocités, pour le plus grand bonheur masochiste des fans de Death/Black/Expérimental/Avant-gardiste, et commence fort avec le deuxième album de l’entité ÔROS KAÙ, culte underground célébré par les adorateurs de la secte Black Metal.
Fondé par l’omnipotent Guillaume Cazalet, aka CZLT (BONEPIPE, OATH OKRANA, VORAX VIROSUS, AKSU, CZLT, JENNY TORSE, NEPTUNIAN MAXIMALISM, SIR A&W, SOL KIA), ÔROS KAÙ est un projet fasciné par l’occulte, la démonologie, la magie noire, comme le souligne sans détour cette sublime pochette rappelant les œuvres progressives occultes des années 70. Mais nous sommes bien en 2023, et ÔROS KAÙ s’exprime au travers d’une violence crue mais diffuse, cruelle mais créative, intense mais détaillée, sombre mais lumineuse.
Sous une superbe cover signée de la main de Daniele Valeriani, se cache donc cette pulsion de mort, qui une fois encore se veut réflexion sur la fin, le chaos, la destruction, et la transformation/réincarnation décrites par les cultures anciennes. Avec une fois encore de multiples références aux démons Baal et Marbas, et des allégories sur la liberté artistique en opposition à la culture dominante, Guillaume Cazalet brosse un tableau assez obscur des idéologies antiques, les transposant dans un monde actuel pour en souligner la pertinence durable.
Trois ans après Imperii Templum Aries, extrêmement bien accueilli, Thanatos, sans l’Eros nous bouscule donc de son crossover improbable et indéfinissable, mélange de sonorités noires et d’accents Death, le tout souligné par des arrangements synthétiques assez proches des gialli italiens des années 70, pour un voyage aux confins de la mythologie, à la recherche d’inspiration, de réponses, et d’une approche artistique élitiste, évitant les lieus communs et autres facilités de genre.
Facilement classable dans la catégorie des affranchis des étiquettes, Thanatos rappelle DODECAHEDRON, WOLVES IN THE THRONE ROOM, DEATHSPELL OMEGA, dans une version moins chargée et moins absconse. Même si la plupart des plans misent sur l’intensité d’une rythmique implacable et la densité de riffs qui se déchirent en arrière-plan, certaines séquences se laissent charmer par des mélodies amères et acides, qui contrebalancent la cruauté de l’ensemble. Ceci étant dit, ces instants sont rares, et il n’est guère difficile de comprendre que l’EMPEROR des années grandiloquentes à beaucoup compté pour le belge.
On le sent particulièrement sur l’indomptable et furieux « Marbas », qui nous traîne dans le passé à la redécouverte du chef d’œuvre Anthems To The Welkin At Dusk, et qui accumule les séquences dans un tourbillon étourdissant. Guillaume n’a donc rien perdu de sa verve ou de sa passion, et s’y consacre toujours corps et âme.
Scindé en deux parties distinctes mais indissociables, Thanatos se décompose en cinq morceaux calibrés, et un sixième en forme de longue ode à la mort. Si la première partie du disque est évidemment fertile et passionnante, cet épilogue d’un quart d’heure représente peu ou prou le pinacle d’une démarche, un parangon de violence qu’on encaisse comme un hiver rude gelant sur pied toutes les récoltes.
Mais avant d’en arriver là, il faudra passer par la case « Let Neptune Strike Ye Dead », inspiré du film traumatique The Lighthouse de Robert Eggers, et qui retranscrit à merveille ce huis-clos austère mais suintant qui nous a impressionnés il y a quatre ans. Mais aussi faire un arrêt sur « The Arcana XIII: Dawn Of The Red Scorpio », maladif, tendu, désespéré, encombré de sons qui se percutent, et de litanies vocales à l’agonie. Responsable de l’intégralité de l’instrumentation, Guillaume a fourni un travail de titan pour donner corps à sa vision, fondant tous les instruments dans un creuset unique pour les modeler à sa guise, en tant que tout orchestral dramatique.
Hypnotique autant que repoussant, fascinant autant que dérangeant, ce deuxième album est un cas d’école. Un cas d’école qui permet à l’underground de se frayer un chemin vers un public plus large sans pour autant abandonner ses exigences.
Le temps passant, l’écueil du dernier morceau finit par pointer le bout de son rocher, et « Bios-Phos-Metis » de s’imposer face à nous pour rendre la fin du voyage encore plus difficile. Pourtant bâti sur le même moule que les cinq morceaux précédents, avec des travers Ambient, des attaques purement Black et des déviances avant-gardistes et dissonantes, « Bios-Phos-Metis » offre un crescendo maladif, un moment de malaise intense, avec ses parties de guitare résignées et ses chœurs semblant venir de nulle part.
Apothéose d’une mort annoncée, « Bios-Phos-Metis » cite dans le texte les trois références déjà utilisées, mais ose aussi la cacophonie d’un NEUROSIS délirant, et la démence précoce d’un TERRA TENEBROSA cauchemardesque. Mais écouté dans son intégralité, ce titre dégouline de richesse et d’inspiration, à la manière d’un film obsédant devenant franchement glauque dans sa conclusion.
ÔROS KAÙ/CZLT/Guillaume offre donc à la mythologie grecque une nouvelle œuvre complexe, fouillée, impressionnante et traumatique, opératique et théâtrale, bruyante et déconcertante. Peu peuvent se targuer d’une telle fertilité de tons et de sons, et Thanatos s’impose déjà dans la production I, Voidhanger comme un outsider de choc appelé à devenir un leader dans quelques années.
Titres de l’album:
01. Nephtys
02. Let Neptune Strike Ye Dead
03. Baal
04. Marbas
05. The Arcana XIII: Dawn Of The Red Scorpio
06. Bios-Phos-Metis
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