Self Loather

Ghost Bath

29/10/2021

Nuclear Blast

Quatrième album pour les américains de GHOST BATH, et clôture de la trilogie entamée par Moonlover. Quatre ans après Starmourner, second tome thématique, le quintet toujours dominé par la volonté et les désirs de Dennis Mikula, aka Nameless, revient donc mettre un point final à une saga passionnante, bien que décevante au regard de certains fans de Post-Black trop exigeants et élitistes pour avoir apprécié à sa juste valeur Starmourner. Et ce qui au départ n’était qu’un one-man-band plutôt cocasse (cette origine soi-disant chinoise vite éventée) est aujourd’hui devenu un groupe à part entière, avec son lot de responsabilités.

Dennis est très clair quant aux options prises par ce quatrième album. Lui qui a eu il y a des années une vision global du projet savait en amont ce qu’il fallait enregistrer pour accomplir son grand œuvre, et a voulu Self Loather plus fort, plus brut, plus agressif et plus sombre. Il déclare d’ailleurs à qui veut bien le lire qu’il a imaginé ce dernier tome de la trilogie comme le plus lourd, le plus dévastateur, le plus sombre et le plus vicieux. L’album de loin le plus haineux de notre discographie. Mais aussi le plus différent possible de Starmourner, que nous ayons enregistré. Les trois émotions de base que je voulais suggérer étaient la tragédie (Moonlover), l’extase (Starmourner) et la peur/haine (Self Loather), et une fois les trois réunis, vous obtenez la dépression et la tristesse. Je pense que nous avons vraiment trouvé notre son sur cet album. J’ai enfin été capable d’utiliser toute ma palette vocale, descendant très bas tout en hurlant comme jamais. 

 

Le résultat est simple, une cohésion qui frappe dès les premières mesures, une unité enfin compacte, mais aussi une diversité dans la violence, pour servir de synthèse à ce parcours hors-normes entamé il y a quelques années, en solitaire. La solitude, Mikula la connaît bien pour vivre dans une petite ville reculée du Dakota du Nord, le reste du groupe résidant dans le Minnesota, à Minneapolis. Alors, malgré cette pandémie mal vécue par la plupart des américains et ce confinement les privant de leurs libertés fondamentales, Dennis n’a pas vraiment été marqué par la situation, lui qui adore cet isolement géographique et qui se déclare incapable de s’intégrer dans la société. Et on sent cette misanthropie dans les moindres détails de ce nouvel album, qui malgré sa partie d’un tout, représente la quintessence de GHOST BATH.

Comme tout chapitre de clôture, Self Loather synthétise les autres étapes, et nous renvoie à un juste milieu entre les deux premiers tomes. On y retrouve ces mélodies pures, ces ambiances hivernales, ce désir de jouer le Post-Black comme du Black et non comme un style à part, et ces déconstructions menant parfois à des parties plus accrocheuses que la moyenne. Mais Dennis a raison en parlant d’album le plus colérique et haineux. Cette violence sourde trouve refuge dans le premier morceau de l’album, le cataclysmique « Convince Me to Bleed », qui rappelle que le DSBM est avant tout du BM dévasté de noirceur, mais aussi sur le terrifiant et rigide « A Crystal Lattice » qui aménage toutefois des espaces positifs plus flagrants.

Musicalement, la donne n’a donc pas vraiment changé, mais les acolytes tiennent fermement leur rang. Josh Jaye (basse), Jason Hirt (batterie), Tim Church et John Olivier (guitares), présents depuis cinq ans donnent le meilleur d’eux-mêmes pour accompagner le chant de Mikula, qui en effet semble piocher dans ses ressources les plus intimes le moyen d’expression idoine. Le chanteur passe donc par toutes les tonalités et les atmosphères, donnant à ses graves un ton sentencieux, et à ses aigus des allures de cri primal. Le tout est équilibré par une science de la composition de plus en plus affiné, et une fois assimilé en tant qu’unité, Self Loather viendra compléter les deux premiers tomes pour former une symphonie de vie et de mort, de désespoir et de solitude.

De fait, Self Loather, bien que publié par Nuclear Blast aurait pu trouver sa place dans la catalogue des Acteurs de l’Ombre, tant sa musique ressemble parfois à celle de certains poulains de l’écurie française. Et si les sites spécialisés ont abusé au cours des années de comparaisons pas toujours valables pour situer le groupe (DEAFHEAVEN, FORGOTTEN TOMB, NUMEROREAN, WOODS OF DESOLATION, AUSTERE, AN AUTUMN FOR CRIPPLED CHILDREN, j’en passe et des plus tordus), ils en sont maintenant pour leurs frais au moment où le quintet a trouvé sa réelle identité en assemblant les trois parties d’une photo sombre, mais unique.    

Quelques participations fameuses viennent émailler le timing de l’album, avec l’implication de CJ McMahon (THY ART IS MURDER) et Graf (PSYCHONAUT 4), mais ces noms ne doivent pas faire oublier que le travail accompli l’a été par le groupe seul. La délicatesse du piano de « I Hope Death Finds me Well », crépusculaire mais inondé de lumière, la brutalité par étapes de « For it is a Veil », qui porte le voile du deuil comme une veuve éplorée, la construction en gigogne de « Unbearable », véritable acmé d’un album intense, font de ce puzzle une évidence même, et l’accession du groupe à un rang qui lui est dû depuis fort longtemps.

Evidemment, qui dit clôture, dit ouverture. Nul ne sait à l’avenir quelle tangente va prendre Dennis Mikula pour échapper à la redite, lui qui multiplie les détours depuis son émergence. Mais en attendant cette suite, on peut déjà apprécier le fait que Dennis ait abandonné ses borborygmes et autres langues inventées pour s’exprimer dans un langage compréhensible, pour la première fois, et cette place qu’il a accordé à ses compagnons de route. Et on ne peut que s’accorder autour de cette citation du chanteur, qui résume l’essentiel de sa démarche en quelques mots :

Dans n’importe quel art, le plus important est qu’il vous fasse ressentir quelque chose.  

Même la peur.

 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Convince Me to Bleed

02. Hide from the Sun (feat. CJ McMahon of Thy Art Is Murder)

03. Shrines of Bone

04. Sanguine Mask

05. A Crystal Lattice

06. Sinew and Vein (feat. Graf of Psychonaut 4)

07. I Hope Death Finds me Well

08. For it is a Veil

09. Unbearable

10. Flickering Wicks of Black


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par mortne2001 le 30/10/2021 à 17:50
88 %    539

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Air Raid Vehicule
@84.17.34.18
02/11/2021, 23:33:12

Quelle escroquerie ce groupe! 


Orphan
@193.248.54.231
03/11/2021, 10:22:48

Pour quelle raison ?

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J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

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" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

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Y'a du riff polonais.

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