C’est assez rare pour le souligner, mais il est tout à fait possible de chroniquer des singles, pour peu qu’ils soient d’importance et qu’ils apportent quelque chose à la cause. Et lorsque j’ai posé mes oreilles sur ce nouveau deux titres des SCRTCH, j’ai immédiatement compris qu’il fallait que j’en propage la bonne parole. Pourtant, l’objet est court, pas plus de huit minutes, mais en deux morceaux, Luc Boyer (basse/chant) et Rouag Haïf (batterie/chant) mettent les trémas sur les voyelles, et nous emmènent aux confins du Post, là où le Hardcore et le Noise s’unissent en un ballet rythmique perturbant. En adoptant cette formule basse/batterie/chant, les SCRTCH retrouvent la joie de MORPHINE sans son saxo, mais aussi la rage complexe et sombre des DEATH FROM ABOVE. Les deux musiciens, loin d’être des novices de la cause, ont déjà foulé des scènes illustres (Aeronef, Crossroads Festival, Supersonic, etc…), et nous ont même déjà offert un premier témoignage musical en 2019, très judicieusement baptisé Intro. Ici, on s’en passe, et on rentre directement dans le vif du sujet.
L’argument promotionnel de l’agence Singularités, mise sur le renouveau d’une approche déjà pourtant très mature. On parle donc de tranchant et de froideur, mais une fois n’est pas coutume, les mots sont bien choisis. On le sent à l’écoute du court mais lapidaire « Sümmer », incisif comme du FUGAZI grave, mais dansant comme du REFUSED épuré à l’extrême. Le son, très sec, met évidemment en relief cette basse gigantesque et ce chant revendiqué, et la batterie, analogique au possible ne laisse aucun écho filtrer, comme si les notes et la frappe devaient garder leur caractère confidentiel. En écoutant ce titre, je ne peux m’empêcher de penser que le prochain album sera une tuerie clinique propre et nette, et que les fosses risquent de bouger comme des vagues sur une grève abandonnée, un soir d’automne un peu plus calme que la moyenne. C’est cru mais peaufiné dans la spontanéité, et on ne peut s’empêcher de penser à un Ian MacKaye bien dans ses baskets et fier de son parcours. On songe aussi THE INSPECTOR CLUZO, avec moins de bonhommie et plus de lucidité.
« Möther » d’un autre côté, joue sur la corde de la nostalgie, rappelle évidemment la matrice, le sein, mais aussi l’enfance perdue, cette personnalité adulte qu’il nous faut bien assumer. Plus grave et plombé, ce titre d’ouverture cache la joie comme personne, et propose une introspection musicale et thématique pas si loin du « Mother » de Lennon. En cinq minutes de thérapie, Rouag et Luc font le tour de la question, et proposent une litanie pensante, itérative, incantatoire, comme une thérapie de Janov mise en musique qui se termine évidemment par les cris cathartiques inévitables. Les répétitions, comme un mantra, cachent l’absence de guitare, et si la basse communie de près avec la batterie, les deux couches de chant suggèrent une schizophrénie affective de laquelle on ne guérit pas.
Mais pourquoi un single, et pas un EP ? J’avoue qu’on reste méchamment frustré de cette brièveté, comme un car qui refuse de démarrer alors qu’on est assis sur ses sièges qui empestent le tabac froid. Espérons que le duo se fende très bientôt d’un longue-durée, puisqu’il a l’imagination et le potentiel pour en arriver à cette étape inévitable. En attendant ce jour béni, faites comme moi, et jouez-vous ce single jusqu’à l’épuisement. Car il est d’importance, et les artistes singuliers sont rares.
Titres de l’album:
01. Möther
02. Sümmer
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31
Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
09/07/2025, 18:22
Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
09/07/2025, 13:16
"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45