L’année dernière, une petite bombe avait secoué le monde du Hard-Rock. Une petite bombe sous la forme d’un album étrange, d’une dizaine de titres, visiblement chargée en Metal des années 70/80, renforcée d’un plaisir old-school absolument pas coupable. La pochette ne laissait que peu d’indices, mais dans le cénacle, tout le monde souriait de la surprise provoquée, sachant très bien qui se cachait derrière ce projet. Il était toutefois assez compliqué de le deviner sans avoir la moindre information. Un énième groupe suédois porté sur les brocantes ? Une attraction comme seuls les américains savent en produire ? Un supergroupe anonyme et désireux de le rester ? Rien de tout ça, et quelque chose de beaucoup plus étonnant et fun. AMERIKAN KAOS cachait en effet un des cadors de la scène Thrash internationale, et pas des moindres. Et alors que Kerry King faisait joujou avec quelques riffs thrashy plus ou moins convaincants, notre inconnu fameux lui, s’autorisait une récréation aussi fraiche qu’un cocktail au bord d’une piscine.
Et puis, finalement, l’identité a été révélée, et les regards sont devenus hébétés. Jeff Waters ? Really ? No way !
Et pourtant si. Le leader d’ANNIHILATOR avait ressenti le besoin de laisser parler sa passion hors d’un contexte brutal, pour assouvir ses instincts les plus basiques et mélodiques. Et ce premier album d’une trilogie voulue suintait le binaire et le boogie, laissant sa propre sueur couler le long des fronts de fans incrédules, mais immédiatement conquis. Comme nous. Comme moi.
La deuxième partie de cette trilogie était annoncée pour avril 2025. Le calendrier a été respecté, et All That Jazz est sorti de sa boîte à malice le 4 de ce mois. Sous une pochette superbe entre les MISFITS et nos PSYKUP, se cache donc un nouveau chapitre de l’histoire de Jeff, boulimique de travail pour qui une minute passée à ne pas composer est une minute perdue. Ici, les minutes sont au nombre de quarante-sept, pour onze morceaux jouissifs, qui ne sont pas sans évoquer quelques cadors de la scène.
Ainsi, lorsque le monde s’est arrêté, j’ai perdu l’envie d’écrire pour ANNIHILATOR, et j’ai pris ça comme l’occasion idéale pour moi d’explorer ma créativité et de faire quelque chose, enfin, qui me permette de créer et d’adapter ce que j’aimais et que j’avais appris au cours des décennies. Qu’il s’agisse d’autres styles musicaux que ceux pour lesquels j’ai été connu, ou différentes techniques de production en studio.
Il faut oser passer de la créature responsable des légendaires Alice in Hell ou Metal, à cet hybride entre Rock seventies et Pop eighties sans perdre de son crédit. Mais Jeff ne s’étant jamais préoccupé du qu’en-dira-t-on, il n’y avait aucune raison pour lui de ne pas se faire plaisir, et de livrer cet exercice de style que ses fans ne comprendraient peut-être pas. Sauf qu’ils l’ont compris, et plus encore, adoré. Et All That Jazz est sans conteste possible le disque le plus entrainant et léger que vous pourrez jouer ce mois-ci.
Attaquant directement, le concept étant posé, Jeff nous taille un sourire king-size avec « State Of Emergency », le genre de tube qui sent bon les années 70, produit par un maestro des consoles de la décennie suivante. Le truc complètement bouncy, souriant, joyeux, qui en met une bonne derrière les oreilles de NIGHT FLIGHT ORCHESTRA et des ROYAL REPUBLIC. Le pied commence à taper tout seul, le soleil perce à travers les nuages, et Jeff s’éclate comme un petit fou avec son line-up monté pour l’occasion, allant même jusqu’à se risquer à quelques remarques définitives qui en disent long sur l’amour qu’il porte à sa petite créature :
C’est personnellement mon album préféré depuis King Of The Kill ou peut-être Schizo Deluxe. Ce sont deux albums d’ANNIHILATOR sortis en 1994 et 2005. Donc si je ne me trompe pas, c’est le meilleur disque que j’ai enregistré en 20 ans et j’espère que tout le monde va l’aimer. Quant à moi, je l’adore.
Il faut quand même oser plusieurs choses. D’abord, considérer King Of The Kill et Schizo Deluxe comme étant les deux réussites d’ANNIHILATOR. Ensuite, mettre en avant un side-project complètement à l’opposé de ses préoccupations habituelles au détriment d’un groupe majeur qui sillonne les routes depuis 40 ans ou presque. Mais en écoutant « If The Shoe Fits » ou « Thrillseeker », je crois comprendre ce que Jeff veut dire. Débarrassé de toute obligation éthique envers ses fans, le guitariste/chanteur/compositeur peut se permettre tellement plus de choses, entre couplet dansant, break Yacht Rock soudain, et envolée en solo totalement débridée.
« My Sweet Vampire » illustre à merveille cette légèreté qui anime le projet, basé sur un pas de danse. Up tempo guilleret qui exciterait tous les amateurs de Power Pop du monde, mélodie facile mais aérienne, et production souple et aérée. L’illusion est totale, et le résultat tout bonnement hallucinant de naturel. Et même en mode plus syncopé - le terrain de chasse d’ANNIHILATOR - « My Angie » lâche un boogie bien plus contagieux qu’un inédit de ZZ TOP.
On aurait pu craindre une certaine complaisance, Jeff cédant souvent à sa propre facilité, mais le guitariste tempétueux n’a pas commis la moindre faute de goût, transformant chacun de ces onze titres en tube potentiel, un peu roublard sur les bords, mais toujours sincère, comme le démontre le diabolique mais sympathique « Take Me Back ».
Avec au micro le complice Stu Block, dont le timbre polymorphe s’adapte à merveille à l’ambiance, Jeff roule sur du velours, et peut s’en remettre à un frontman aux épaules solides, ce qui nous donne de petites merveilles comme « 8675309 Jenny », proche de ces one-hit-wonders du début des années 80.
Pas de pression, pas d’enjeu, juste le bonheur du jeu. Jeff montre une fois encore l’étendue de son talent, et fait parler sa guitare dans différents langages. Il se frotte à la Pop, au Rock, au Hard-Rock, laisse le Metal de côté, et permet à ses cordes d’être plus allusives et détendues. Même si quelques passages puissants viennent troubler le cool d’un « Break Out », on pense plus volontiers à THE KNACK qu’à EXCITER.
AMERIKAN KAOS referme le deuxième volet de ses aventures, et nous donne rendez-vous l’année prochaine pour la conclusion de cette trilogie enchantée. Et bien évidemment, nous serons tous là, chaussés pour danser.
Titres de l’album:
01. State Of Emergency
02. If The Shoe Fits
03. Thrillseeker
04. I’m Sorry
05. Skin Deep
06. My Sweet Vampire
07. My Angie
08. Take Me Back
09. 8675309 Jenny
10. Break Out
11. My Dad
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15