Spleen & Goad

Iron Monkey

05/04/2024

Relapse Records

Lorsque IRON MONKEY a splitté après seulement cinq ans d’existence, tout le monde (ou presque, du moins les plus maboules) s’est dit « Ah ben merde alors ! ». Et à raison. Deux albums, bonne nuit les pas petits, et le nounours désabusé s’envole dans les nuages. Sauf que ce nounours-là était plus proche d’un monstre de poils qui se cache dans le placard que de la petite peluche innocente qu’on serre dans ses bras. Alors, lorsque la nouvelle d’une reformation a agité les rédactions, l’euphorie était de mise. Le vilain petit canard bruitiste était de retour, et il avait plutôt intérêt à ne pas être content.

9-13 était en effet agité, nerveux, sombre et glaireux, et parvenait presque à faire oublier la disparition précoce de Johnny Morrow en 2002. On se demandait comment le trio allait sonner sans son frontman caverneux, et la réponse a été assez claire. Jim Rushby s’est emparé du micro, et a vomi dedans avec autant de conviction. Toutefois, malgré cette saveur corsée qui rendait ses tranches savoureuses et bien faisandées, 9-13 avait comme un petit goût d’inachevé. On sentait que notre boogeyman des nineties était toujours aussi motivé, mais que ses aigreurs d’estomac allaient mieux. Sept années ont passé depuis ce comeback inopiné, et Spleen & Goad remet les pendules à l’heure d’hiver, et IRON MONKEY sort les oreillers pour une pyjama-party de l’enfer.

Tenue non-correcte exigée. A poil de préférence pour admirer les toisons pubiennes, et surtout, le cheveu en bataille pour ne pas perdre l’éthique Punk. Toujours considéré à juste titre comme l’enfant bâtard de la NOLA et de la vague braillarde Earache, IRON MONKEY remercie une fois encore ses parrains GODFLESH et EYEHATEGOD, sous l’œil bienveillant de sa nourrice CROWBAR. La lourdeur est toujours de mise, l’impolitesse aussi, la rudesse est toujours une vertu cardinale, et la motivation un péché capital.

Le son est rond, énorme, granuleux, les riffs monolithiques, et l’expression rudimentaire. Le trio (Jim Rushby - guitare/chant, Steve Watson - basse et Ze Big - batterie) n’a pas l’intention de se ranger des voitures, étant donné que c’est lui qui les vole. Le feedback reste l’arme ultime pour éloigner les rodeurs, et si les thèmes restent toujours coincés entre les trois ou quatre mêmes notes, l’ambiance est pesante, l’écoute éprouvante, et le joint bien tassé. Et il en faut pour pouvoir s’envoler avec deux parpaings qui vous lestent les pieds.

Les addicts nineties retrouveront donc ce groupe unique qui les a tant fait plonger, qui a plombé leur âme et leurs pensées, et les autres pourront découvrir in situ l’un des acteurs fondamentaux de la scène Sludge/Doom des années 90, avec de nouvelles prestations qui valent presque les anciennes. Presque, puisque le calque est efficace, mais parce qu’on voit quand même le trait de crayon gras d’il y a trente ans ou presque.

Les fans accusent un âge plus avancé, mais ça ne les empêchera pas de faire une génuflexion et tendre un majeur au passage du trio, qui les connaît par cœur et leur donne exactement ce qu’ils veulent. Quelque chose de sale, du cambouis, les deux doigts propres d’un mécanicien qui vient de voir sa petite-amie, et surtout, l’odeur du sud des Etats-Unis qui arrive jusqu’à Nottingham.

Nottingham, Birmingham, le combat est le même, ainsi que les obsessions. Sans aller jusqu’à paraphraser le SAB, les trois anglais parviennent quand même en restant Heavy à se souvenir de la scène Hardcore anglaise la plus débridée, celle que Digby avait secouée pour en faire des longue-durée. « Misanthropizer » est d’ailleurs le coup de semonce ultime, un peu comme si un pote pas très malin vous réveillait en vous frappant une guitare sur le coin de la tronche.

Jim et les autres pissent toujours dehors, parfois au vu et au su de tout le monde, et s’en tamponnent complètement. La politesse ne fait pas partie des prérogatives pour intégrer le fan-club, et « Concrete Shock » fonctionne comme un gros tampon de l’administration qu’on se cogne dans les burnes. Mais c’est véritablement le monstrueux et horrifique « C.S.P. » qui sonne l’alarme, avec sa guitare qui glisse comme des ongles sur un tableau, et son motif répétitif et concentrique qui finit par vous vriller les neurones.

Enfin, ceux qui vous restent.

« Off Switch » confirme bien les intentions néfastes, avec une fois encore un riff en mantra qui sort des égouts pour charrier toute la merde du voisinage. Comme une fosse septique pleine à ras-bord, ce titre empeste les aisselles douteuses et les rendez-vous sous les tunnels de métro. On accepte de suivre la marche, tout en sachant très bien où tout ça nous mène : près d’un asile psychiatrique désaffecté, pour un internement forcé. D’autant que Jim ridiculise les MELVINS de son jeu de plus en plus torturé, proche d’un Justin Broadrick en pleine dépression nerveuse.

Heureusement pour nous, les trois gaillards se sentent parfois d’humeur guillerette. « Rat Flag », plus volontiers Core fait monter la tension et permet de se dévisser le menton, avant que « Lead Transfusion » ne prescrive indirectement du paracétamol en masse.

Le singe en ferraille n’a donc rien oublié de ses partitions, et continue de jouer à la blanche bien tordue. « The Gurges » en assurance-décès donne les jetons de son entame à la FETISH 69 (une des pires intros de 2024, je vous le garantis), les dissonances sont reines, l’alcool frelaté et les gueules burinées. Sans pouvoir le savoir, j’imagine que cette bande-son aurait pu accompagner les mineurs anglais durant toute une saison, tant l’oppression reste au maximum pendant presque une heure.

Et une heure en compagnie d’IRON MONKEY sonne comme trois heures avec un groupe plus éduqué. Mais loin d’être un handicap, cette dilatation du temps joue en leur faveur. Ce qui leur permet d’exploiter des idées classiques, pour les souiller et les faire leur. « The Gurges » n’est d’ailleurs pas si loin d’un side-project partagé entre Mick Harris et Justin B.

Et ça, c’est un bon compliment.

Mais les compliments, on peut se les carrer dans l’oignon. Ou plutôt dans le sonotone vu l’acharnement bruitiste de « O. D. Rose ». Drôle les g(r)as, très drôle. IRON MONKEY pue toujours autant de la bouche, et avale encore l’huile à la louche. Et c’est tant mieux.

     

   

Titres de l’album:

01. Misanthropizer

02. Concrete Shock

03. C.S.P.

04. Off Switch

05. Rat Flag

06. Lead Transfusion

07. Exlexed

08. The Gurges

09. O. D. Rose


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 07/04/2024 à 18:02
88 %    705
Derniers articles

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Cool !J'adore l'ambiance de ce genre de festival.

01/06/2025, 21:07

NecroKosmos

Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.

01/06/2025, 19:36

Benstard

Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.

31/05/2025, 21:53

Simony

Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"

31/05/2025, 09:12

mortne2001

@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....

30/05/2025, 09:39

Salmigondis

C'est toi qui deicide, mec.   

30/05/2025, 06:15

Gargan

Tu presses lecture, retour immédiat 35 ans en arrière ! 

29/05/2025, 22:47

Gargan

Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.

29/05/2025, 22:28

Rodimus

Excellent !!

27/05/2025, 13:11

Ivan Grozny

Cool qu'ils aient signé chez Osmose !

27/05/2025, 12:19

Humungus

J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...

26/05/2025, 07:32

Oliv

Et Avatar lol 

25/05/2025, 20:35

Humungus

Et accompagné de PANTERA !!! !!! !!!

25/05/2025, 07:32

Boomer Killer

@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?

24/05/2025, 07:15

Moshimosher

Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après  plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)

23/05/2025, 19:55

Humungus

Amen.

23/05/2025, 09:41

Jus de cadavre

Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)

22/05/2025, 17:52

RBD

On lui doit bien ça !

22/05/2025, 12:08

Humungus

Y nous en faut des comme ça en ZEP...

21/05/2025, 19:27