Chapter I - Monarchy

Ad Infinitum

03/04/2020

Napalm Records

Le confinement ne me fait pas que du bien loin de là. Au moment de choisir mes chroniques, et au jugé de leur volume, je suis bien obligé d’effectuer un tri moins drastique sous peine de condamner mon clavier au chômage partiel. Ne voyez dans cette phrase aucune condescendance relative à l’album que je m’apprête à vous présenter, mais il est certain qu’en temps normal, je n’aurais accordé aucun espace à cette œuvre. En effet, elle gravite dans la sphère du Metal Symphonique, genre me déclenchant de sévères allergies auditives, et qui selon moi à toujours privilégié la forme au détriment du fond. A l’image de ces blockbusters sans âme que l’on oublie à peine vus, les albums se succèdent, se ressemble tous, usent tous des mêmes ficelles grossières à base d’arrangements wagnériens et d’envolées vocales à briser du cristal pour rien. Mais en imaginant mettre quelques principes de côté, et accepter le clinquant de la chose comme un décorum amusant et plastiquement baroque, il reste possible d’apprécier certaines chansons pour ce qu’elles sont,  et certains groupes meilleurs que la moyenne, sinon plus aventureux. Pour être honnête, je suis sur Facebook depuis quelques années l’actualité de Melissa Bonny, non pour ses indéniables qualités de chanteuse, mais pour son visage merveilleux. Je l’avoue sans honte, et je n’avais aucunement l’intention de m’intéresser à la musique qu’elle pratiquait au sein de son groupe RAGE OF LIGHT. Une fois cette franchise admise, et après avoir regardé les clips d’AD INFINITUM, je me suis dit « pourquoi pas » après tout, avant de me dire, « tiens, ça peut en valoir la peine », jusqu’à lâcher un surprenant, « mais elle est bien cette chanson ». Comme quoi, tout arrive, et d’un léger vice de base découle un intérêt réel pour une musique qui sait parfois s’éloigner des poncifs les plus douloureux.

Comme vous l’avez déjà compris, AD INFINITUM est donc le nouveau projet de Melissa, qui en cette occasion à fait la paire avec le bassiste de FOLLOW THE CIPHER Jonas Asplind, les deux épaulés par le guitariste Adrian Thessenvitz et le batteur Niklas Müller. Comme vous l’avez déjà compris aussi, le quatuor s’épanche donc dans un créneau de romantisme symphonique, avec de méchantes poussées de violence et de puissance qui constituent toute ossature classique contemporaine. Conçu au départ comme un nouveau…départ pour Melissa, qui désirait s’aventurer en solo, AD INFINITUM est aujourd’hui un véritable groupe, cohérent, aux morceaux peaufinés et brillants, qui ose donc mélanger dans un même contexte Power Metal moderne et arrangements symphoniques précieux, pour parvenir à un équilibre correspondant à l’univers que Melissa souhaitait se dessiner. En l’état, la vocaliste ne trahit pas ses convictions. On retrouve donc le charme de sa voix versatile, le plus souvent veloutée et médium, qui ne nous fracasse pas les tympans avec des hululements intempestifs. Musicalement, aucune surprise de taille à attendre de la part de Chapter I - Monarchy, qui comme son nom l’indique est la première partie d’une nouvelle aventure, rien d’autre que des chansons qui tiennent debout, mixant la violence du Metal le moins édulcoré et la séduction en mode majeur d’un Heavy symphonique nuancé. Les influences sont bien évidemment à chercher dans les tiroirs souvent ouverts de NIGHTWISH, WITHIN TEMPTATION, DELAIN et consorts, bien que la puissance de feu et les ouvertures prônées par les suisses nous indiquent qu’ils sont tout à fait à leur place au sein de l’écurie Massacre.

Tout commence en mode bombastic avec l’ouverture « Infected Monarchy », qui bien sûr bombe le torse de sa production éminemment moderne, avec des graves gonflés à fond, une dynamique larger than life, et une atmosphère de fin du monde en soie et strass pour un dernier bal avant l’apocalypse. Et après une intro de claviers tout à fait typique, le Heavy d’AD INFINITUM déboule comme des officiers en costume venant troubler l’assemblée de leur pas martial. A ce moment-là, les choses sont claires, les réfractaires au genre refermeront la parenthèse, tandis que les afficionados se régaleront de ce mélange pas si passe-partout sur lequel la voix de Melissa, très ferme, fait merveille. Je conçois que les haters puisse hater, comme je l’aurais fait moi-même en temps normal, mais il leur sera impossible de nier la somme de travail abattue par le groupe qui se présente sous son meilleur jour, ou sa plus belle nuit. Le mixage, pour une fois n’est pas si fatiguant, nous épargnant le clinquant à outrance pour laisser quelques espaces vides (le Symphonique a horreur du vide…), les mélodies un peu moins insipides que d’ordinaire, et même lorsque le quatuor s’aventure en terrain connu, il s’arrange pour marcher à son rythme et appuyer ses pas (« Marching on Versailles », cinématique, versatile, opératique, mais humble dans son rendu). La voix de Melissa évidemment se veut centre d’attention, mais la musicienne a la franchise de ne pas tirer toute la couverture à elle, laissant ses complices jouer la virilité pour mieux poser ses lignes de chant évanescentes (« Maleficient »).

Je l’avoue, les moments m’ayant le plus convaincu sont les plus modérés, à l’image de la dualité « See you in Hell », opposant des couplets très délicats au chant soyeux, et un refrain explosant d’un Heavy Metal rageur trop longtemps contenu. De la même façon, le très joli « I Am the Storm » est assurément l’un des points forts de cet album, avec sa mélodie envoutante et ses nappes vocales superposées. Dommage que le groupes se sente systématiquement obligé d’envoyer la sauce via des colères rythmiques un peu trop systématiques, et dommage aussi que les claviers aient ce son si synthétique. Mais lorsque les sonorités de piano se superposent à des cordes en effet, et que la voix de Melissa vient survoler le tout, la magie opère indubitablement. Il est toutefois normal que le groupe préfère mettre en avant sa personnalité la plus musclée, et en mid tempo, il parvient à nous convaincre de sa pertinence sur la scène grâce à des inserts diablement efficaces (« Demons »). Autre atout de la formation, sa propension à ne pas balbutier des choses déjà dites. Les morceaux ont la décence de rester sous la barre des cinq minutes, et le chant masculin en growls, présent mais pas omniprésent, ne fait pas sombrer l’aventure dans la routine pénible.

En variant suffisamment les ambiances, tout en offrant à son public ce qu’il réclame, AD INFINITUM évite donc tout autant la redondance que la trahison, et on se prend à apprécier des titres aussi bien faits que « Revenge » ou « Tell Me Why » qui sans faire preuve d’audace, se montrent persuasifs. Je reste un peu frustré de ne pas avoir droit à un seul moment de grâce pure, ce que la voix de Melissa aurait amplement permis, la distorsion et la puissance ne cédant pas un pouce de terrain, mais avec sa pochette superbe, son énergie palpable, et ses quelques pas chassés en dehors de la piste, Chapter I - Monarchy reste une belle démonstration de savoir-faire par des pros, et un nouveau départ promis au succès pour Melissa et ses complices. A noter que la version deluxe du CD propose quelques morceaux en plus (quatre pour être précis), avec une version acoustique, deux versions instrumentales, et un inédit, « This is Halloween », lourd et ludique, mais assez sympathique.          

                                                                                                 

Titres de l’album :

                         01. Infected Monarchy

                         02. Marching on Versailles

                         03. Maleficient

                         04. See you in Hell

                         05. I Am the Storm

                         06. Fire and Ice

                         07. Live Before You Die

                         08. Revenge

                         09. Demons

                         10. Tell Me Why

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 01/05/2020 à 17:41
78 %    1103

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Sébastien
@82.235.252.102
16/05/2020, 20:13:38
Le chant growl, ce n'est pas Mélissa?!

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12