Distopolis

Akramen

25/06/2023

Autoproduction

Alors là, tranquille les gars. On se pointe sans prévenir, on ne frappe pas, et on s’installe comme si de rien n’était. Une attitude pour le moins frondeuse pour un groupe qui a disparu des écrans radar pendant huit ans, et qui en plus, se paie le luxe d’un comeback de vingt-huit minutes. A l’aise Blaise, mais peut-on réellement en vouloir aux chiliens d’AKRAMEN, qui en 2015 nous avaient bombardés d’un Bajo Control explosif et purement Thrash ? J’étais d’ailleurs présent à l’époque pour les accueillir, et j’avais plutôt apprécié cette violence sous contrôle et ce chant ibère.

    

2015/2023, l’écart est conséquent, mais le quintet à l’habitude des longues périodes creuses. Fondé en 1998, sa première démo n’a heurté le marché qu’en 2003, un an avant un premier longue-durée. Esclavos del Nuevo Orden cueillait les raisins de la colère dans un registre Groovy Thrash, et laissait présager d’une carrière tranquille, sans laisser présager en effet qu’il faudrait déjà patienter plus de dix ans pour en connaître la suite.

D’où, trois albums en vingt-cinq ans de carrière. Pas le genre de performance à la Devin Townsend ou Buckethead, mais plutôt la parcimonie des gens qui ne parlent que lorsqu’ils ont quelque chose de vraiment pertinent à dire. Mais là encore, modulons le propos.

Certes, la musique est toujours aussi énergique et puissante, mais elle reste entre les balises de la prudence. Dans un registre de Rétro-Thrash furieux mais prévisible, Distopolis nous propose une Métropolis dystopique, mais pas tant que ça au bout du compte. Et si le bagage est solide, la balade est classique, évoluant entre les rocheuses Thrash pour mieux hâter le pas dans les plaines Groove Metal, avec cette petite touche de Death sur les tentes à l’heure de camper.

Mais au moment de recenser les qualités des retrouvailles, tout le monde s’accordera sur la pertinence de la rythmique, épaisse et limite Crossover, et sur les interventions en solo de Víctor Hernández, nouvelle recrue qui n’a pas le médiator dans sa poche. Sebastián González, l’autre petit nouveau, agite le manche et frappe les cordes de sa basse pour rendre le son plus rond, tandis que le triptyque originel Paula Marin (batterie), Jaime Paredes (guitare) et Carlos Solar Cordova (chant) plante le décor et assure le métrage.

Un line-up renouvelé pour une puissance maintenue. Voilà le constat que l’on peut tirer d’un album certes anecdotique sur le marché mondial, mais sacrément performant localement. On sait que le Chili est plutôt porté sur la frange extrême du spectre Metal, et il est donc plaisant de constater que les musiciens les plus modérés s’expriment aussi sans détour.                

Confrontant CRIMSON SLAUGHTER à IN FLAMES, opposant AT THE GATES et EXCEL, AKRAMEN tient la corde et finit dans un trio de tête sans vraiment forcer. On se plaît à croire qu’avec un peu d’audace, le quintet pourrait défier les têtes de série, tant la musicalité et la technique de sa philosophie sont crédibles et solides. Les saccades sont propres, les accélérations à la suédoise, et le chant, raclé et grognon. Les ingrédients sont donc dosés avec soin, pour un cocktail qui allume la gorge aussi efficacement qu’un bon gros piment.

Entre leurs racines et les exigences modernes, les chiliens ne choisissent pas, et signent huit morceaux dynamités pour thrasheur azimuté, quelque part entre un SEPULTURA sage dans son panier et un RATOS DE PORAO plus proche du Metal que du Hardcore. Très engagé politiquement et écologiquement, le groupe aborde des thèmes d’importance, et le fait avec une hargne tout à fait à propos. Ainsi, le terrassant « Genocidio Industrial » pourrait incarner l’acmé d’une formule brutale, avec sa densité et son intensité incroyables, qui le placent sous l’égide du Brésil des années 90.

Rapide, méchant, fluide, professionnel, ce troisième album tient donc son rang, répète quelques formules parfois d’un ton légèrement malhabile, mais frappe fort, accroche les tympans de syncopes savantes (« Necropolitica »), et distribue quelques calottes vintage remises au goût du jour.

Si la quantité n’est pas au rendez-vous, la qualité l’est. Heureusement pour nous, car presque une décennie d’absence n’aurait pas été pardonnée par une poignée de titres vite torchés. Et si la cadence reste élevée, la performance de Paula Marin derrière son kit, toujours aussi volubile, et l’engagement sans failles du gosier de Carlos Solar Cordova permettent de varier le propos pour le rendre moins guindé et figé.

Alors, passons l’éponge. Tout en sachant très bien que le groupe va encore jouer les mouches du coche pendant une décennie, apprécions ce Distopolis pour ce qu’il est. Un retour en bonne et due forme, qui aurait pu se montrer plus généreux, mais qui procure quand même quelques bons frissons. Madame et messieurs, je vous donne donc rendez-vous en 2032.


         

Titres de l’album:

01. Prologo

02. Despojos de Independencia

03. Enfermedad Primitiva

04. Terrorcracia

05. Genocidio Industrial

06. Necropolitica

07. Distopolis

08. A.F.P.


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par mortne2001 le 28/09/2023 à 16:49
78 %    467

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Carlos solar
@190.22.230.112
19/11/2023, 22:23:41

Thanks for the review i hope Will be les Time to the new récord... 

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