La constance de DARKTHRONE a de quoi laisser admiratif. Depuis leurs débuts, les norvégiens ont toujours maintenu un rythme soutenu, et produit des albums à intervalles très réguliers. Et s’ils ne bénéficient plus de l’aura maléfique des nineties, ils n’en demeurent pas moins des légendes que l’on respecte toujours avec dévotion. A l’heure de juger de la pertinence de ce nouvel album, il convient de se rappeler de tout ce que Nocturno Culto et Fenriz ont apporté à la cause Black, cette crédibilité raw, cette non compromission même durant leurs années les plus Black n’Roll, tout en restant des êtres comme les autres, avec une vie normale, des activités normales, et une simplicité qui le confine à l’humilité.
Deux ans après un Astral Fortress plutôt bien accueilli par les fans, les deux hommes rempilent pour sept titres et une quarantaine de minutes. Ils restent dans la même lignée, ne cherchent pas à diverger ou provoquer, et se contentent donc de jouer la musique qui les inspire. Une musique qui de nos jours tient plus d’un Heavy Metal légèrement sombre que d’un Black Metal allégé, et le genre leur sied très bien. Alors pourquoi changer de formule ?
Aucune raison ne saurait expliquer un revirement, mis à part la passion revenant au galop.
Mais en attendant de retrouver un jour (ou pas), le DARKTHRONE maléfique des mid-nineties, apprécions celui plus abordable des années 2020. Les barbes continuent de pousser, les cheveux restent longs, la fascination pour les hivers nordiques aussi, et la propension à transformer un simple Heavy en Dark progressif reste intacte, avec toujours ces petits revirements qui font la richesse de la musique du duo. On ne sait plus trop dans quelle catégorie les ranger, mais ça leur convient parfaitement. Parlons de Blackened Heavy pour le sens de la formule, mais sachons rester raisonnable et respecter le désir de deux musiciens qui ne se sont jamais posé de question quant à leur appartenance éventuelle à un ordre quelconque.
D’autant qu’une fois encore, Fenriz et Nocturno Culto nous ont réservé quelques petites surprises. « Black Dawn Affiliation », et sa petite coda qui évoque une version diabolique et sobre d’HAWKWIND, et qui hypnotise plus efficacement qu’une dizaine de pendules. Les mélodies étranges et passées qui pourraient inspirer le VIRUS le plus nostalgique, et toujours cette pénombre dans les riffs les plus simples, qui nous ramène à l’époque bénie de Panzerfaust (« And in That Moment I Knew the Answer »). Et quelques autres idées qui enjolivent un tableau déjà fort flatteur, renforçant l’unicité d’un duo qui n’a jamais rien fait comme tout le monde. Alors qu’Abbath continue de faire le pitre, et que MARDUK enchaîne les albums jumeaux ou triplés, DARKTHRONE avance, vieillit, fait confiance à son instinct, et n’enregistre que lorsqu’il estime avoir quelque chose de pertinent à dire.
Ce quelque chose à dire se formalise en un Metal passéiste, mais revu et corrigé des données saisonnières. Depuis des années, DARKTHRONE est le dépositaire d’un style qui lui est propre, et qu’il maîtrise de mieux en mieux. It Beckons Us All et sa multitude de points laissés en suspension est paradoxalement l’un des disques les plus définitifs du duo, qui en 2024 trace sa route, et livre son quota de riffs accrocheurs et de textes concernés.
On peut même ressentir le feu sacré de la lassitude HELLHAMMER sur le très passéiste « The Bird People of Nordland », honoré d’une lyrics vidéo, et qui nous ancre dans un passé finalement pas si lointain. La question est maintenant de savoir si vous êtes fan du groupe, et si le virage entamé dans les années 2010 vous concerne encore. Si tel est le cas, ce vingt-et-unième album rejoindra ses grands frères sur les étagères où il trônera fièrement. Et il peut en effet assumer cette fierté, puisqu’il respecte tous les codes de ce Black Heavy étrange et évanescent, catchy mais balayé par les vents, et qui évoque avec émotion les hivers norvégiens, rudes, froids, mais qui forgent le caractère d’un peuple.
La guitare de Nocturno Culto n’a pas pris une ride, et assume son âge sans sombrer dans le jeunisme désolant. Si l’influence du FROST est encore présente au détour de quelques rares accélérations, le résultat est encore une fois du pur DARKTHRONE, peut être encore plus oppressant que d’ordinaire. « The Heavy Hand » semble perpétrer l’esprit morbide de « The Hordes of Nebulah », avec cette lancinance macabre qui caractérisait les moments les plus endeuillés de l’inspiration du duo dans les années 90.
Mais comme un nouvel album ne peut se concevoir sans une longue suite éprouvante et ombragée, le duo nous gratifie d’un final gigantesque, via « The Lone Pines of the Lost Planet ». Entre Doom larvé et raw Black surproduit, cette nouvelle progression s’étire dans le temps, et recense tous les éléments qui ont fait de DARKTHRONE l’un de nos groupes préférés. Nocturno Culto n’a jamais chanté aussi Tom Warrior, et les passages Heavy, assommants comme des masses qui fracassent des cranes, testent notre résistance et notre patience, patience qui tient parfois du masochisme tant les thématiques sont déprimantes.
N’ayant jamais été vraiment fan du DARKTHRONE n’roll, je me réjouis tous les deux ans de retrouver un groupe qui n’a pas lâché la rampe. Exit les gimmicks putassiers, et bonjour la rigueur classique. Les mélodies Folk, les cassures bien amenées, et cette sobriété dans la composition renforcent les liens qu’on entretient avec le groupe, et It Beckons Us All caresse la fanbase dans le sens des poils de barbe.
La régularité, la constance dans la qualité permettent d’apprécier une nouvelle bordée de titres qui combinent les guitares circulaires et venteuses d’il y a trente ans, et ces harmonies passées ou gelées qui conchient tous les feux de cheminée de la création.
La création. Voilà un problème que DARKTHRONE ne connaît pas. Bon an, mal an, le duo accouche d’un répertoire, et le grave pour la postérité. Mais le terme est sans doute exagéré quand on connaît l’humilité des deux partenaires. Alors parlons simplement d’une passion indéfectible. Une passion qui nous attire. Toujours plus près des montagnes et des forets.
Titres de l’album:
01. Howling Primitive Colonies
02. Eon 3
03. Black Dawn Affiliation
04. And in That Moment I Knew the Answer
05. The Bird People of Nordland
06. The Heavy Hand
07. The Lone Pines of the Lost Planet
Toujours aussi envoûtant, darkthrone combine continuité et qualité
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36