Savage Imperial Death March

Napalm Death, Melvins

14/02/2025

Amphetamine Reptile Records

Parfois, on voit des noms accolés qui donnent envie de se dire, « Ah, ils cherchent de la pub, je comprends ». Des noms qui ne sont qu’un générique de fin de film plutôt moyen, basé sur un scénario connu de tous : j’ai été célèbre, ou je suis célèbre, toi aussi, alors à nous deux, le monde va plier. Mais quelquefois, lorsque deux noms sont assemblés pour en former un troisième, l’intérêt est éveillé et même : affamé. C’est le cas pour cette collaboration tout sauf inattendue entre deux acteurs de l’extrême des années 80, toujours bien vivants aujourd’hui.

Rien de surprenant donc à trouver les MELVINS en goguette avec NAPALM DEATH. Les deux groupes, malgré l’Atlantique, sont inséparables depuis les années 90, et encore plus ces dix dernières années alors en tournée mondiale de concert. Le trio américain iconoclaste a toujours vu très large au niveau de son inspiration, se créant même un alter ego plus jazzy et multipliant les formats pour occuper le terrain avec son Sludge malicieux et parfois empêtré. Les anglais, en formation stable depuis la mort de Jess Pintado et le départ de Mitch Harris tiennent toujours la barre, même si leur dernier effort studio accuse déjà cinq années d’existence. Mais les deux ensembles ?

Une collaboration ? Un split ? Une compilation ? Un petit jeu de pas dupes ?

Réponses 1 et 4.

Savage Imperial Death March fait évidemment référence à cette tournée partagée, qui a vu le monde courber l’échine pour ne pas se faire écraser. C’était en 2016, pas loin de dix ans déjà, mais personne n’a pu oublier la puissance de la campagne de destruction qui avait évidemment renforcé la complicité entre les sept musiciens. Et aujourd’hui, en 2025, presque en loucedé, les deux reviennent avec sous le bras un EP/Mini LP à tirage confidentiel porté par la caution Amphetamine Reptile Records.

On se croirait presque chez Mike Patton tant le truc sent l’écriture spontanée entre deux auteurs aux rimes riches. Et pourtant, rien ne se passe comme prévu. Ni les uns, ni l’autre n’imposent leur point de vue, et le résultat est tout sauf convenu. On aurait eu beau jeu de croire que le Sludge multiplié par le Grind aurait produit une explosion de proportions hallucinantes, mais à la manière d’un MEATHOOK SEED plus docile ou d’un MINISTRY de l’impossible, Savage Imperial Death March convoque l’Alternatif, l’Industriel et le Metal extrême aux agapes de la brutalité synthétisée, et le bruit qui en découle est étonnamment mélodique.

Quelques centaines d’exemplaires physiques évidemment déjà largués, pour une surprise qui en est vraiment une. Les deux orchestres n’étant pas avares de temps partagé, on se demandait justement à quelle sauce ils allaient nous les bouffer. La réponse se trouve enfouie quelque part sous ces six titres qui font la part belle aux nineties, alors que les MELVINS et NAPALM DEATH se cherchaient, les uns à travers les persiennes du mainstream qui ne les a jamais adoubés, les autres en se déchirant et en exploitant les dissonances les plus crues de l’Indus le plus torturé.

Je ne parierai pas sur les illusions que vous avez pu vous faire en apprenant la nouvelle de cette collaboration à quatorze mains. Mais je pense pouvoir affirmer que vous étiez loin de vous douter que la dite collaboration allait taquiner le fantôme du Grunge le plus embourbé, en mode ALICE IN CHAINS/SOUNDGARDEN de l’autre côté du miroir. Le résultat est donc pour le moins bluffant, spécialement sur l’atypique « Rip The God », qui se traîne le long d’une rythmique appauvrie et renoncée, qui laisserait presque augurer d’un retour de Layne Staley d’entre les morts.

Les mecs aiment les formats comme ça. Ils aiment les tapes, ils aiment les vinyles, puisqu’ils ont grandi dans les années 80. Alors la perspective d’enregistrer un truc de moins d’une demi-heure les a réjouis au plus haut point. D’autant que le truc, malgré sa brièveté, dissimule de belles longueurs. Et en écartant immédiatement « Tossing Coins Into The Fountain Of Fuck » comme étant le truc le plus prévisible de l’entreprise, avec un Barney noyé dans le mix qui s‘époumone un peu dans le vide, il est tout à fait possible d’envisager le travail commun comme une recherche un peu futile d’un espace exploitable sans tendre de piège ni faciliter les choses.

« Some Kind Of Antichrist » souligne justement les aspects les moins évidents. Avec son beat un peu raide et son accolade Indie de la première moitié des années 90, lorsque SST balançait ses cartouches les moins épaisses et qu’Alternative Tentacles signait à tour de bras, produisant parfois des compilations/hommages auxquels ont participé les NAPALM, c’est le plus gros morceau de ce gruau qui non seulement rassasie, mais donne faim, dans un paradoxe étrange de satiété/appétit démesuré.

Et poum-poum-poum, de fil en aiguille anglo-américaine, on saute sur les mines qui sont posées en mode piège à loup, pour trébucher sur « Stealing Horses », monstre de proto-puissance Hardcore assaisonné au Death Metal le plus entraînant et bon enfant. Si de ci et de là on reconnaît la patte anglaise au détour d’un riff plus malin que la moyenne, le côté joyeux de l’entreprise est quand même assez bluffant : on s’instruit pendant qu’on danse comme le chantait Choron, et on apprend que l’addition de deux additions donne parfois une note beaucoup plus élevée.

Même « Death Hour » se rapproche plus volontiers des MELVINS que de leurs compères d’un blues de trouvère. Les espaces laissés entre deux râles, le délire Ambient qui provoque le Dub, les cassures et cette batterie qui canfouine depuis l’arrière-cuisine sont autant d’indices sur les intentions de ces deux institutions qui en quelques chansons en ont créé une troisième.

Savage Imperial Death March est sauvage, c’est certain, impérial pour certains, morbide pour les autres et refuse la cadence d’une marche. Mais ça n’est pas une course pour autant. Plutôt un trot de vieux pur-sang qui trépigne lorsqu’il entend le clavier ludique de « Jump » sur les derniers instants de cet EP. Une bonne blague pour saluer les potes, et puis s’en vont.

Chacun de leur côté, mais avec des souvenirs communs.         

 

Titres de l’album :

01. Tossing Coins Into The Fountain Of Fuck

02. Some Kind Of Antichrist

03. Nine Days Of Rain

04. Rip The God

05. Stealing Horses

06. Death Hour

par mortne2001 le 21/04/2025 à 16:19
95 %    228
Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
LeMoustre

Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?

11/07/2025, 13:36

LeMoustre

Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.

11/07/2025, 13:34

LeMoustre

@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison 

11/07/2025, 13:32

MorbidOM

Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal. 

11/07/2025, 13:28

LeMoustre

Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)

11/07/2025, 12:42

Humungus

Je pense que là, tout est dit... ... ...

11/07/2025, 10:01

DPD

Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?

10/07/2025, 21:43

DPD

T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..

10/07/2025, 21:36

DPD

Désoler si j'en ai rien à foutre du dernier groupe Brésiliens de war metal.

10/07/2025, 21:29

Alain Akbar

@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.

10/07/2025, 21:20

DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17

DPD

L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)

10/07/2025, 15:09

Ivan Grozny

Oui très bon groupe, je recommande également !

10/07/2025, 14:36

Ivan Grozny

C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)

10/07/2025, 14:34

DPD

Sinon j'aime beaucoup Chat Pile comme groupe récent.

10/07/2025, 14:27

DPD

@GPTQBCOVJe suis  horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)

10/07/2025, 14:16

DPD

Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)

10/07/2025, 13:47

Humungus

Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".

10/07/2025, 13:22

RBD

Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)

10/07/2025, 12:23

DPD

Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)

10/07/2025, 12:04