Parfois, on voit des noms accolés qui donnent envie de se dire, « Ah, ils cherchent de la pub, je comprends ». Des noms qui ne sont qu’un générique de fin de film plutôt moyen, basé sur un scénario connu de tous : j’ai été célèbre, ou je suis célèbre, toi aussi, alors à nous deux, le monde va plier. Mais quelquefois, lorsque deux noms sont assemblés pour en former un troisième, l’intérêt est éveillé et même : affamé. C’est le cas pour cette collaboration tout sauf inattendue entre deux acteurs de l’extrême des années 80, toujours bien vivants aujourd’hui.
Rien de surprenant donc à trouver les MELVINS en goguette avec NAPALM DEATH. Les deux groupes, malgré l’Atlantique, sont inséparables depuis les années 90, et encore plus ces dix dernières années alors en tournée mondiale de concert. Le trio américain iconoclaste a toujours vu très large au niveau de son inspiration, se créant même un alter ego plus jazzy et multipliant les formats pour occuper le terrain avec son Sludge malicieux et parfois empêtré. Les anglais, en formation stable depuis la mort de Jess Pintado et le départ de Mitch Harris tiennent toujours la barre, même si leur dernier effort studio accuse déjà cinq années d’existence. Mais les deux ensembles ?
Une collaboration ? Un split ? Une compilation ? Un petit jeu de pas dupes ?
Réponses 1 et 4.
Savage Imperial Death March fait évidemment référence à cette tournée partagée, qui a vu le monde courber l’échine pour ne pas se faire écraser. C’était en 2016, pas loin de dix ans déjà, mais personne n’a pu oublier la puissance de la campagne de destruction qui avait évidemment renforcé la complicité entre les sept musiciens. Et aujourd’hui, en 2025, presque en loucedé, les deux reviennent avec sous le bras un EP/Mini LP à tirage confidentiel porté par la caution Amphetamine Reptile Records.
On se croirait presque chez Mike Patton tant le truc sent l’écriture spontanée entre deux auteurs aux rimes riches. Et pourtant, rien ne se passe comme prévu. Ni les uns, ni l’autre n’imposent leur point de vue, et le résultat est tout sauf convenu. On aurait eu beau jeu de croire que le Sludge multiplié par le Grind aurait produit une explosion de proportions hallucinantes, mais à la manière d’un MEATHOOK SEED plus docile ou d’un MINISTRY de l’impossible, Savage Imperial Death March convoque l’Alternatif, l’Industriel et le Metal extrême aux agapes de la brutalité synthétisée, et le bruit qui en découle est étonnamment mélodique.
Quelques centaines d’exemplaires physiques évidemment déjà largués, pour une surprise qui en est vraiment une. Les deux orchestres n’étant pas avares de temps partagé, on se demandait justement à quelle sauce ils allaient nous les bouffer. La réponse se trouve enfouie quelque part sous ces six titres qui font la part belle aux nineties, alors que les MELVINS et NAPALM DEATH se cherchaient, les uns à travers les persiennes du mainstream qui ne les a jamais adoubés, les autres en se déchirant et en exploitant les dissonances les plus crues de l’Indus le plus torturé.
Je ne parierai pas sur les illusions que vous avez pu vous faire en apprenant la nouvelle de cette collaboration à quatorze mains. Mais je pense pouvoir affirmer que vous étiez loin de vous douter que la dite collaboration allait taquiner le fantôme du Grunge le plus embourbé, en mode ALICE IN CHAINS/SOUNDGARDEN de l’autre côté du miroir. Le résultat est donc pour le moins bluffant, spécialement sur l’atypique « Rip The God », qui se traîne le long d’une rythmique appauvrie et renoncée, qui laisserait presque augurer d’un retour de Layne Staley d’entre les morts.
Les mecs aiment les formats comme ça. Ils aiment les tapes, ils aiment les vinyles, puisqu’ils ont grandi dans les années 80. Alors la perspective d’enregistrer un truc de moins d’une demi-heure les a réjouis au plus haut point. D’autant que le truc, malgré sa brièveté, dissimule de belles longueurs. Et en écartant immédiatement « Tossing Coins Into The Fountain Of Fuck » comme étant le truc le plus prévisible de l’entreprise, avec un Barney noyé dans le mix qui s‘époumone un peu dans le vide, il est tout à fait possible d’envisager le travail commun comme une recherche un peu futile d’un espace exploitable sans tendre de piège ni faciliter les choses.
« Some Kind Of Antichrist » souligne justement les aspects les moins évidents. Avec son beat un peu raide et son accolade Indie de la première moitié des années 90, lorsque SST balançait ses cartouches les moins épaisses et qu’Alternative Tentacles signait à tour de bras, produisant parfois des compilations/hommages auxquels ont participé les NAPALM, c’est le plus gros morceau de ce gruau qui non seulement rassasie, mais donne faim, dans un paradoxe étrange de satiété/appétit démesuré.
Et poum-poum-poum, de fil en aiguille anglo-américaine, on saute sur les mines qui sont posées en mode piège à loup, pour trébucher sur « Stealing Horses », monstre de proto-puissance Hardcore assaisonné au Death Metal le plus entraînant et bon enfant. Si de ci et de là on reconnaît la patte anglaise au détour d’un riff plus malin que la moyenne, le côté joyeux de l’entreprise est quand même assez bluffant : on s’instruit pendant qu’on danse comme le chantait Choron, et on apprend que l’addition de deux additions donne parfois une note beaucoup plus élevée.
Même « Death Hour » se rapproche plus volontiers des MELVINS que de leurs compères d’un blues de trouvère. Les espaces laissés entre deux râles, le délire Ambient qui provoque le Dub, les cassures et cette batterie qui canfouine depuis l’arrière-cuisine sont autant d’indices sur les intentions de ces deux institutions qui en quelques chansons en ont créé une troisième.
Savage Imperial Death March est sauvage, c’est certain, impérial pour certains, morbide pour les autres et refuse la cadence d’une marche. Mais ça n’est pas une course pour autant. Plutôt un trot de vieux pur-sang qui trépigne lorsqu’il entend le clavier ludique de « Jump » sur les derniers instants de cet EP. Une bonne blague pour saluer les potes, et puis s’en vont.
Chacun de leur côté, mais avec des souvenirs communs.
Titres de l’album :
01. Tossing Coins Into The Fountain Of Fuck
02. Some Kind Of Antichrist
03. Nine Days Of Rain
04. Rip The God
05. Stealing Horses
06. Death Hour
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15