Wrath of Noah

Wrath Of Noah

16/11/2020

Autoproduction

Un groupe de Thrash japonais, voilà qui a de quoi rendre cette matinée plus intéressante. Le concept aura de quoi faire sourire les néophytes, plus volontiers habitués à la fidélité Heavy Metal de LOUDNESS ou VOW WOW, pourtant, le Japon a répondu présent dès ses premières années au chaos instauré par les américains, envoyant ses meilleurs représentants au front de l’est. Certes, dans ce cas précis, le Pearl Harbor était inversé, les Etats-Unis lâchant leurs bombes sur le monde entier, mais il serait injuste de négliger la puissance de feu de DOOM ou OUTRAGE qui dans les années 80 et 90 ont publié des albums indispensables, servant de référence à cette jeune génération que les sympathiques WRATH OF NOAH représentent. La colère de Noé est donc clairement l’extension de la rage d’OUTRAGE, et les similitudes entre les deux groupes sont frappantes, même si ces originaires de Tokyo n’en sont encore qu’aux balbutiements de leur carrière. Fondé par des potes de fac venant d’horizons différents, et pas forcément Metal d’ailleurs, WRATH OF NOAH se compose donc de quatre complices (Haru - basse, Fuoresutoriba - batterie, Maathii - guitare et Haya Sea - chant), qui malgré leurs têtes de premiers de la classe qui éclairent les photos promo de leurs sourires, s’y connaissent comme personne en violence instrumentale. Citant volontiers quelques influences, dont TESTAMENT, KREATOR et THE HAUNTED, les jeunes japonais reconnaissent donc leurs idoles, même si certaines pourraient être ajoutées au constat, dont SLAYER évidemment, mais aussi EXODUS, ou MEGADETH.

Du Thrash raisonnable donc, mais efficace dans le rendu, et témoignant d’un niveau instrumental assez impressionnant. Ce qui frappe avant tout, c’est cette cohésion entre les membres qui prennent du plaisir à jouer ensemble et qui du coup, nous en donnent aussi beaucoup. On remarque immédiatement le batteur qui n’a pas les baguettes dans sa poche, et qui fait ce qu’il peut pour singer la rapidité et la fluidité des plus grands, se montrant respectueux du jeu de Paul Bostaph, Dave Lombardo bien sûr, mais aussi de celui de Tom Hunting lorsqu’il se décide à survoler ses toms avec une aisance incroyable. De son côté, Maathii reste assez classique dans ses riffs, mais se permet quelques dissonances, et surtout, des saccades traditionnelles qui en disent long sur sa culture de l’extrême. Et après avoir publié à compte d’auteur un premier simple en 2019 (contenant les titres « God Buster » et « Immortal Diver » qu’on retrouve ici en tête de gondole), WRATH OF NOAH se lance donc dans le bain du premier longue-durée, qui n’excède toutefois pas les vingt-sept minutes. Le syndrome Reign in Blood ? Pas vraiment, mais la prudence des musiciens qui ne veulent pas en faire trop et marquer les esprits de leur efficacité plus que par leur prolixité. En refusant de diluer leurs hits dans une mer de fillers, les japonais ont fait le bon choix, puisque cet éponyme garde une force d’impact non négligeable, et s’arrête pile lorsque l’inspiration commence à tourner en rond.

En tant que spécialiste Thrash autoproclamé, j’avoue que Wrath of Noah m’a convaincu de son potentiel de franchise, même s’il sait parfois instaurer des ambiances plus posées mais pas moins oppressantes. Et lorsque le groupe se décide à accélérer la cadence, il nous sert bouillant un hit que la vague suédoise aurait pu composer en partenariat avec l’arrière-garde américaine, et « Suicide » de frôler la frontière séparant le Thrash du Death, osant même des chœurs profondément graves sur fond de tempo épileptique. Globalement rapide, sans verser dans l’excès, ce premier chapitre de la saga WRATH OF NOAH est d’une maîtrise indéniable pour de jeunes amateurs se lançant dans le circuit. Il est d’ailleurs beaucoup plus convaincant et enthousiasmant que certaines œuvres pondues par des références établies et soutenues par de gros labels. Le combo y croit, joue sa carte sans gêne, impose une grosse basse pour fluidifier les transitions, et claque des breaks toujours pertinents, à défaut d’être totalement créatifs. Mais à l’aise sur un mid tempo comme lors des cavalcades les plus acharnées, WRATH OF NOAH peut tabler sur la facilité d’un guitariste qui connaît son bréviaire et sur la persuasion d’un chanteur au timbre vraiment rauque pour transcender son classicisme de surface qui ne devrait pas tarder à s’effacer devant une personnalité plus prononcée.

Et avec des soli propres et véloces, des accélérations fatales, des constructions évolutives, et l’utilisation d’harmonies à bon escient, Wrath of Noah frôle le sans faute old-school du premier coup, proposant des morceaux vraiment percutants et intelligents (« Killing Bull Demon »). Et WRATH OF NOAH de terminer son premier tome par un hymne à la « Exodus », avec un rageur « Wrath of Noah » qui en dit long sur son appétit de violence. Tiendrions-nous là les dignes héritiers des ainés d’OUTRAGE ? C’est une possibilité, et le mieux que l’on puisse souhaiter à ces musiciens sympathiques, et dont le talent est à la mesure de l’humilité de surface qui les honore. De quoi envisager l’avenir sous les meilleurs auspices, et de s’attendre à un second album plus conséquent, et donc proportionnellement encore plus stimulant. Arigatô !            

                                                                                                                              

Titres de l’album:

01. God Buster

02. Immortal Diver

03. Will Never

04. Psycho Inserter

05. Suicide

06. Killing Bull Demon

07. Wrath of Noah


Site officiel


par mortne2001 le 03/09/2022 à 18:00
78 %    377

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12

grinder92

Pas de groupes irlandais alors ! 

16/04/2024, 11:24