On dit toujours que lorsqu’on aime, on ne compte pas. C’est totalement faux, puisque depuis 2021, je compte les mois qui me séparent d’un deuxième album du tandem ADRIAN SMITH & RICHIE KOTZEN. Emballé par le premier long de cette association alléchante sur le papier, je me rongeais les sangs en espérant une suite, inévitable au vu du succès engendré par cette première formule. Etant fan absolu des deux parties prenantes, je ne pouvais que me réjouir d’une continuité dans l’aventure, qui aujourd’hui est devenue réalité grâce à BMG et la créativité des deux musiciens.
On dit aussi que les talents conjugués ne sont pas (forcément) exponentiels. C’est un fait avéré, et les deux univers représentés n’étaient pas forcément au départ compatibles, Adrian et Richie évoluant dans des sphères très particulières et connotées. D’un côté, Adrian, IRON MAIDEN, ASAP, une carrière solo, des collaborations avec Bruce Dickinson, et de l’autre, l’un des mercenaires les plus redoutables de l’univers Hard-Rock, Richie Kotzen. Une carrière solo florissante et enivrante, POISON, des osmoses avec le gratin via THE WINERY DOGS, un CV à tomber par terre et un potentiel que les années n’ont guère érodé. Alors, après un premier éponyme qui m’avait convaincu sans laisser planer le moindre doute sur les liens unissant ces deux musiciens, Black Light / White Noise devait relever une gageure assez impressionnante. Confirmer, et même sublimer cette première incursion en duo, à la manière d’un Michael Sweet tâtant du péché mortel avec Tracii Guns.
ADRIAN SMITH & RICHIE KOTZEN, même écrit, j’ai encore du mal à y croire. Je suis ces deux héros depuis si longtemps que je m’étonne encore de leur faim de décibels et de mélodies. Produit par nos deux amis, et mixé par Jay Ruston, Black Light / White Noise assume aussi un featuring familial de l’épouse de Richie, Julia Lage, intervenant sur quelques morceaux à la basse. Mais loin des gimmicks et des formules toutes faites, le concept s’attache à proposer un Hard-Rock traditionnel de grande qualité, sublimé par les incarnations vocales des deux compères maniant l’octave et l’unisson comme un chirurgien son scalpel.
Point de bataille d’ego, Richie et Adrian ayant déjà tout prouvé musicalement et vocalement, mais un réel plaisir de jouer qui transpire de chacun des titres de ce nouveau chapitre. Si la part belle est évidemment croquée par des soli à ne plus savoir qu’en faire, chacune des chansons de Black Light / White Noise est cohérente, logique, et dégoulinant de passion. Richie garde évidemment la pole-position, mais sans reléguer son acolyte derrière les amplis. On ne peut évidemment pas laisser Adrian dans un coin, comme bébé, et le sniper d’IRON MAIDEN fait une fois encore feu de tout bois en multipliant les interventions systématiques, mais aussi les notes poussées la gorge grande ouverte. On citera pour l’exemple le passionné « Wraith », qui incarne la quintessence même de cet album, partagé entre Classic Rock et décibels expansifs. Richie, emballé par cette suite, ne cache pas sa satisfaction, et s’essaie même à quelques comparaisons qui en disent long :
Nous avons un son, une attitude et je ne pense pas que beaucoup d’artistes puissent se partager ainsi les voix et les guitares. Cela nous ramène à ces groupes classiques comme HUMBLE PIE ou CREAM, ce qui est loin d’être un mauvais point de départ !
Tu l’as dit Richie, et le parallèle est loin d‘être idiot. Si la citation de CREAM fait plus allusion au côté « supergroupe » de la collaboration, Clapton, Baker et Bruce tirant la couverture à eux, celle d’HUMBLE PIE est plus proche de la réalité, et on pourrait même y ajouter les URIAH HEEP, WISHBONE ASH, dans des versions plus agressives évidemment.
Niveau compositions, Adrian et Richie se sont laissé porter par leur inspiration, naviguant entre vintage de luxe et contemporain rugueux. Le fait d’avoir laissé le Hard Rock traditionnel au centre des débats permet des digressions plus qu’intéressantes, dont quelques clins d’œil Pop sur l’irrésistible et condensé « Heavy Weather ». « Muddy Water », en tant qu’ouverture officielle s’appuie tout autant sur la référence bluesy de son titre que sur ses riffs enchevêtrés et ses lignes vocales fusionnées. Sur un binaire méchamment syncopé aux mesures parfois impaires, le duo brode une jam célébrant le Hard-Rock funky, la Soul légère et le Blues incontournable, et nous plonge dans le grand bain sans passer par le pédiluve. Pluie de soli, avalanche de chœurs, refrain qui se retient, la reprise de contact est chaleureuse, et le plaisir contagieux.
« White Noise », clippé pour l’occasion, fait montre d’un bel instinct Heavy, avec son lick imposant et gluant, allégé par quelques arrangements d’arrière-plan. Chacun sait ce qu’il a à faire, et les deux hommes partagent la scène en studio avec une belle complicité. Pas de bouleversement, pas d’orientation opportuniste, juste un Rock nerveux, qui sonne parfois comme un doppelganger plus remonté de BLACK COUNTRY COMMUNION. Adrian, chapeau vissé sur la tête se paie donc une tranche de fun loin des obligations contractuelles de son groupe principal, alors que Richie continue d’étoffer son parcours avec un disque une fois de plus impeccable.
En les voyant sourire comme des gamins sur cette vidéo, on comprend que le feeling passe dans les deux sens, et que le plaisir est réellement partagé. Pas de faux-semblant, pas de coups bas, juste un échange qui donne des frissons, mais qui frustre aussi terriblement. En écoutant ces dix chansons, on trépigne à l’idée de voir le duo en tournée, ces nouveaux hymnes ayant la capacité de lever n’importe quelle foule.
En attendant ce jour béni, on se repaît de Hard Rock de première classe, en insistant un peu sur le final tamisé de « Beyond The Pale ». Epilogue classieux qui peut évoquer TESLA, DEEP PURPLE ou même le CINDERELLA le plus bleu, « Beyond The Pale » sonne comme une fin de nuit blanche, lorsque les premiers rais du soleil inondent un studio qui résonne encore des accords partagés entre deux légendes.
Quand on aime, on compte. Oui. Mais ce qu’on ne compte pas, ce sont les heures passées à se délecter d’un album aussi sincère qu’il n’est professionnel. On appelle ça la classe.
Titres de l’album:
01. Muddy Water
02. White Noise
03. Black Light
04. Darkside
05. Life Unchained
06. Blindsided
07. Wraith
08. Heavy Weather
09. Outlaw
10. Beyond The Pale
@Gargan, non malheureusement, je n'ai pas pu y aller. Je m'en mords encore les doigts...
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
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09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
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Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
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Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
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"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
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"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44