Formalisons l’extrême pour le rendre plus tangible. Il n’est pas toujours facile de se repérer dans la production pléthorique qui à l’époque du digital prend des proportions de plus en plus dantesques, alors autant aller à l’essentiel en évitant les cases facultatives. C’est dans cette logique que je me permets ce matin de vous aiguiller sur la piste d’un retour presque inopiné, celui de l’armada canadienne RITES OF THY DEGRINGOLADE, qui n’avait donné aucun signe de vie créatif depuis plus de treize ans. Certes, nous avions été gratifiés l’année dernière d’une compilation, et la rapide reformation de 2016 avait permis de découvrir une démo qui remettait le concept sur les rails, mais il était temps de passer aux choses sérieuses, et de retrouver l’équipage pour un voyage au long cours. C’est donc chose faite via les bons soins prodigués par Nuclear War Now, qui en mars de cette année nous a donné accès au quatrième longue-durée de ce groupe décidément hors-norme, mais fermement ancré dans l’inconscient collectif de l’underground canadien. Un peu d’histoire avant d’aborder le débat de fond, pour permettre aux néophytes de s’y retrouver pour de bon. Fondé en 1997 par Paulus Kressman, alors batteur des foudroyants SACRAMENTARY ABOLISHMENT (qui deviendront les néfastes AXIS OF ADVANCE après son départ), et envisagé comme un side-project, RITES OF THY DEGRINGOLADE est rapidement devenu plus qu’un simple concept après l’adjonction du guitariste J. Wroth en 2001. Entre temps, Paulus l’avait pris de sortir une première démo, mais aussi un premier long, The Caryatid, dense et tendu, mais encore un peu confus, avant de capitaliser sur cette union soudaine pour acquérir plus de précision, et lâcher un phénoménal Totality en 2001. Alors concentré sur un BM à tendance War, le groupe poursuivit son chemin jusqu’à produire l’essentiel An Ode To Sin, qui pour beaucoup de fans, incarna le pinacle d’une carrière qui n’allait pourtant pas tarder à se mettre en berne. A partir de 2006, Kressman se concentra alors sur d’autres projets (dont WARMARCH, WEAPON, ou GLORIA DIABOLI furent les plus notables), avant de retrouver son compère neuf ans plus tard, ainsi que deux nouveaux acolytes d’aventure (le guitariste N.K.L.H. (ANTEDILUVIAN, WEAPON, AMPHISBAENA) et le basiste C.W.).
C’est ainsi que plus de vingt ans après la création du groupe, il nous en revient avec un nouvel effort, qui se pose en synthèse de ses premiers essais tout comme en ouverture vers un avenir moins prévisible. Gardant ce caractère farouchement violent inhérent à toute formation de War Metal qui se respecte, The Blade Philosophical explore néanmoins d’autres pistes, pour s’offrir aux dissonances, à la lourdeur, aux déviances, et finalement, incarner un renouveau célébrant le glorieux passé de musiciens canadiens n’ayant jamais vraiment fait partie d’un mouvement quelconque (et surtout, se plaçant aux antipodes de la scène BM froide et rigide nationale qui sert aujourd’hui encore de référence). Malgré ses quarante minutes somme toutes assez raisonnables, ce quatrième LP des canadiens est le plus long de leur carrière, et propose six longs morceaux dont deux dépassant les neuf minutes, mais qui proposent suffisamment d’idées pour ne pas se répéter. On y retrouve tout ce qui a toujours constitué l’ossature de ce groupe unique, ces rythmiques évolutives, ces riffs lancinants ou fulgurants, mais on notera aussi avec plaisir un traitement plus poussé au niveau du chant, qui rapproche d’ailleurs parfois le groupe d’une version légèrement biaisée d’un IMMORTAL méchamment psychotique. Et si la croyance collective s’est souvent plu à rapprocher le groupe des MERRIMACK, de CONQUEROR, ANTEDILUVIAN, DIRE OMEN ou même des ORDER FROM CHAOS (quoique cette analogie soit des plus douteuses, surtout en 2018), cette lame philosophique que les canadiens se plaisent à enfoncer dans notre psyché laisse des traces beaucoup plus personnelles. En effet, difficile de rapprocher la direction artistique d’un « Above The Highest » d’une référence trop précise, même si l’ombre expérimentale des DEATHSPELL OMEGA et dans une moindre mesure d’ANAAL NATHRAKH semble planer au-dessus de l’ensemble.
Vitesse, mais sans précipitation, déviances, tentatives, et surtout, un désir de ne rien renier de ses racines tout en observant de nouvelles branches s’étendre, ce quatrième album est une mine de surprises, discrètes pour certaines et flagrantes pour d’autres, qui se proposent de rapprocher le travail accompli d’un melting-pot assez impressionnant de maîtrise, utilisant la force d’un Black Doom de dimension occulte pour l’intégrer à la véhémence d’un Black assez proche des origines scandinaves (« The Universe In Three Parts »). Toujours créatif, mais classique dans une certaine mesure, The Blade Philosophical est bien plus qu’une simple déclaration de guerre en War Metal de bonne et due forme, bien qu’un segment aussi véhément que « Totalities Kompletion » avoue implicitement que la violence reste toujours le moteur principal du projet. Mais ce morceau, aussi violent et sans compromission soit-il n’est à prendre que comme intermède dans le bouillonnement global, et se pose en simple transition entre deux chapitres beaucoup plus développés. Placé judicieusement en ligne médiane, il nous prépare à la déferlante « I Am the Way, the Truth and the Knife », qui évoque un MARDUK beaucoup plus inspiré qu’à l’habitude, bien que les arrangements vocaux évoquent avec beaucoup d’acuité la théâtralité de Mortuus. Blasts, riffs guerriers, pilonnage presque incessant mais très intelligemment interrompu par des parties plus mystiques abusant des trebles de cymbales qui vrillent les tympans, ce titre est une démonstration de savoir-faire, et surtout, la preuve concrète que les RITES OF THY DEGRINGOLADE sont toujours aussi importants et excentrés sur leur propre scène. On y retrouve les composantes habituelles du War Black le plus farouchement anti-musical, mais aussi des pistes à suivre à l’avenir pour aérer une musique compacte, mais largement assez ventilée pour ne pas étouffer prématurément.
« The Final Laceration » renonce d’ailleurs à cette précipitation un peu trop prévisible pour jouer la complexité de plans rythmiques qui virevoltent, et nous ramène aux débuts du groupe, lorsque la gestation laissait présager d’une future complexité. Aussi efficace qu’il n’est inventif, ce retour en fanfare ne sacrifie aucunement l’identité à la prospection, et incarne un présent très viable pour un style inamovible depuis plusieurs années, et coincé dans une impasse. Esotérique, batailleur, The Blade Philosophical est en équilibre très stable, et distance la production actuelle de son ambivalence, tout en restant suffisamment brutal pour satisfaire les plus puristes des fans de BM à tendance War.
Titres de l'album:
1. Above the Highest
2. The Blade Philosophical
3. The Universe in Three Parts
4. Totalities Kompletion
5. I Am the Way, the Truth and the Knife
6. The Final Laceration
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25