On connaissait déjà l’approche old-school nordique, son pendant américain, les incursions anglaises dans son propre patrimoine, les optiques grecques et espagnoles, nous voici à faire face aux aspirations vintage russes. Si nos amis russes ne sont jamais les derniers à s’adonner à la contrefaçon, ils n’en restent pas moins des musiciens fiables qui savent accommoder à leur sauce d’anciens plats, et c’est ainsi que les originaires de Saint Petersburg d’IRON DRIVER se définissent eux-mêmes comme les leaders de la NWORHM, the New Wave Of Russian Heavy Metal. Après tout pourquoi pas, mais il aurait fallu nuancer cette tonitruante assertion en y accolant quelques mots supplémentaires, les russes se situant plutôt dans une mouvance de New Wave of old-school Russian Heavy Metal, comme tous leurs acolytes du monde entier. Au menu de cette première entrée qui n’en est pas vraiment une, de la franchise, des clous, un graphisme réaliste, des pseudos qui sentent bon la nostalgie potache, mais surtout, une musique incroyablement performante et largement moins unidimensionnelle qu’on aurait pu le penser. Car nos amis de Saint Petersburg sont loin d’être des imbéciles se contentant d’acier à peine tiède pour préparer leur armure Metal, même si leur musique est évidemment emprunte de classicisme Heavy des années 80. Mais il y a quelque chose de follement exubérant dans cette approche sans limites que « No Speed Limits » définit d’ailleurs avec beaucoup d’acuité. On sent des réminiscences très actives d’IRON MAIDEN évidemment, les maîtres en la matière, mais aussi des traces tenaces de RAVEN, de la vague Speed allemande des mid eighties, et pour corser le tout, une technique instrumentale loin d’être basique qui permet aux musiciens d’agrémenter leurs tranches de vie d’un brin de fantaisie.
C’est ainsi que les preux guerriers que sont Iron Alex (guitare), Iron Paul (chant), Iron Serj (basse), Iron Seva (batterie) et Iron Maschina (guitare) se permettent une synthèse entre leur propre histoire musicale nationale, la tradition NWOBHM anglaise, mais aussi la hargne Heavy de l’ennemi juré américain, pour nous proposer un cocktail revigorant. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à pousser le bouchon en interprétant l’un de leurs morceaux en russe natal (« Eagle Of Steel »), ce qui achève de conférer à Smell Of Perdition une aura très particulière dans la sauvagerie primale, mais affinée. Mais Smell Of Perdition n’est pas le coup d’essai de cette bande hirsute, puisqu’elle s’était déjà permis des exactions en longue-durée, avec Prisoner of Time publié il y a déjà cinq ans. Entre temps, un EP, Crack of the Whip, et sa pochette sublimement et ridiculement rétro, soit un parcours déjà bien établi pour le quintet qui semble aujourd’hui avoir trouvé un équilibre imparable entre toutes ses composantes. Et qui dit NWOBHM dit évidemment MAIDEN, dont l’ombre plane bas au-dessus d’un morceau comme « Hitman », qui évoque avec malice les années Di’Anno du groupe, avec ces tierces prononcés et ce parfum Punk pas encore complètement dissimulé. Tout ceci est barbare dans le fond, mais plus poli que la moyenne dans la forme, puisque IRON DRIVER n’hésite jamais à lâcher des soli très compétents et quelques arrangements de basse assez bien vus, ce qui permet à leur brutalité basique de ne pas rester au ras des pâquerettes. D’ailleurs, à contrario de bon nombre de leurs collègues, les russes n’hésitent pas à jouer la carte du progressif light, puisque leurs chansons dépassent en plusieurs occasions les six minutes, sans se répéter, et en maintenant une pression constante. C’est le cas évidemment sur l’entame « Smell Of Perdition », paillarde mais ambitieuse, qui incarne l’entrée en matière rêvée pour ce genre de réalisation.
D’ailleurs, le groupe à la roublardise d’entamer son second longue durée avec des nappes de claviers très Stranger Things pour mieux nous aiguiller faussement sur la piste d’un Synth-Metal très en vogue actuellement, jusqu’à ce que les guitares très MAIDEN donnent le vrai signal de départ. Et après quelques minutes d’interrogation, c’est la charge Speed Metal qui nous heurte de plein fouet avec ses chœurs germains traduits dans une sauvagerie slave, pour un morceau qui ne manque ni de culot, ni d’intelligence. On pense alors à une accolade virile entre MAIDEN, TANK, se félicitant d’avoir inspiré l’avant-garde de la mouvance Speed allemande des RUNNING WILD. Et ce mélange de férocité slave et de mélodies ouest européennes se montre sous un jour particulièrement flatteur, spécialement lorsque les soli refusent le radicalisme rudimentaire pour s’envoler au son d’harmonies très prononcées. Avec des breaks réguliers qui n’interrompent pas la logique de progression, un chant sauvage aux intonations rauques, et une énergie globale, la technique prônée sur Smell Of Perdition est efficiente, chaque titre proposant sa propre ambiance en mélangeant les atmosphères et les optiques. Nous avons donc affaire à la quintessence de la philosophie vintage, et non à une resucée à peine déguisée, et les barbares d’IRON DRIVER se montrent aussi habiles techniciens que compositeurs, acceptant parfois des concessions pour rendre leur musique plus abordable, mais pas moins indépendante. « Don't Cry Blues » profite ainsi d’un mid tempo bondissant pour se la jouer plus formellement Hard Rock, alors que « Slave To Haze » rappelle la franchise du Heavy des origines, avec ses riffs simples, mais enthousiasmants. En acceptant l’importance de THIN LIZZY dans un contexte plus brutal, ce second LP se détache donc de la masse grouillante des copieurs sans âme, et si « Calm Before The Storm » évoque la douceur d’un intermède de TESTAMENT, « Evil Wench » finit le massacre en beauté, catapultant le formalisme des HAUNT dans un univers plus musclé.
Une belle démonstration de fidélité à un style qui n’en finit plus de renaitre de ses cendres encore fumantes, et la preuve que la scène russe est totalement en phase avec son époque nostalgique. Un peu du MOTORHEAD le plus direct, une grosse pincée de MAIDEN pré phase progressive, des allusions aux outsiders fameux (TANK, RAVEN), pour un résultat euphorique qui sent bon la graisse, mais qui se lave les mains après la messe.
Titres de l’album :
01. Smell Of Perdition
02. No Speed Limits
03. Eagle Of Steel (Russian Version)
04. Hitman
05. Don't Cry Blues
06. Slave To Haze
07. Calm Before The Storm (Instrumental)
08. Evil Wench
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@Bones : merci pour Hail of Bullets, je préfère ce que je suis en train d'écouter (le premier) à ce Necroceros. Ca m'emballe bien plus alors je pense rattraper mon retard du côté de HoB plutôt que d'Asphyx.
27/01/2021, 08:07
Ouais dsl j'ai été un peu sec, mais l'autre andouille est venu gratuitement me baver sur les rouleaux... J'aurais dû employer l'adverbe "cordialement" à la fin de mon précèdent post.
26/01/2021, 16:03
Mouais, mais par contre je vais rapidement le réécouter pour voir si mon approche a évolué. C'est vrai qu'il est réputé... j'ai sans doute raté le coche.
26/01/2021, 13:14
@Humungus : SIC... And Destroy ! Comme disait Coluche : la politique ? C'est quand on est poli et qu'on a(...)
26/01/2021, 10:45
@Humungus : je confirme pour The Rack. Plusieurs fois j'ai essayé mais sans jamais accrocher.Y a des albums comme ça
26/01/2021, 07:56
Toujours "intéressant" (SIC !!!) quand la politique s'insère ici... ... ...
26/01/2021, 07:38
Ne pas "rentrer" dans "The rack" ?!?!Bizarre étant donné la monstruosité de cet album...Quoi qu'il en soit, je plussoie sur HAIL OF BULLETS !Pis n'oublions pas le merveilleux GRAND SUPREME BLOOD COURT non plus hein !!!(...)
26/01/2021, 07:35
@Bones : merci pour l'idée, vais m'écouter les trois albums de Hail of Bullets, juste histoire de rattraper mon retard concernant le père Van Drunnen.
25/01/2021, 20:12