Au départ, le public japonais achetait tout et n'importe quoi, pourvu que le produit/groupe soit estampillé « occidental ». Depuis quelques années, il semblerait que nos amis du soleil levant affichent des goûts beaucoup plus précis en termes de Hard-Rock, et que leurs affinités penchent du côté mélodique où elles vont finir par se flatter elles-mêmes. On ne compte plus les groupes de Hard, FM, AOR qui chouchoutent leurs fans d'extrême-Orient avec des albums spécialement concoctés pour eux, et contenant une bonne dose de bonus en tous genres. Et une fois de plus, c'est un gang suédois qui a élaboré sa stratégie d'anticipation en offrant au Japon la primeur de son nouvel album, histoire de remercier ce peuple de sa fidélité sans failles. Les LAST AUTUMN'S DREAM ont donc enfilé leur costume de Père Noël en avance en lâchant leur quinzième album sur le marché avant les fêtes de fin d'année et surtout, avant que le public européen ne puisse en profiter, puisque la sortie de Secret Treasure est pour le moment repoussée à plus tard dans l'année 2019. Mais qu'importe le délai, puisque ces albums finissent par atterrir dans nos oreilles à un moment ou à un autre, et que nous avons toujours le plaisir de les découvrir, même un peu en retard. Doit-on d'ailleurs y voir un privilège systématique ? Pas forcément, la qualité des œuvres étant plutôt fluctuante, spécialement dans le cas de ce projet cosmopolite qui depuis l'orée des années 2000 nous a habitués à une irrégularité de production assez flagrante, non en termes de qualité mais plutôt d'un point de vue éthique, puisque leurs derniers albums semblaient dériver sur la côte ouest des Etats-Unis, imposant des thématiques mielleuses et des dérives niaiseuses, au grand dam de leurs fans de la première heure. Si d'aventure vous ne connaissiez pas encore les LAST AUTUMN'S DREAM (mais depuis plus de quinze ans, la possibilité semble infime), sachez que ce side-project est né de l'esprit boulimique du claviériste suédois Mikael Erlandsson et du guitariste Allemand Andy Malecek, de FAIR WARNING, qui au début de leur association enrôlèrent dans leurs rangs trois échappés scandinaves de EUROPE, John Levén, Ian Haugland et Mic Michaeli en rupture de ban, avant que leur combo d'origine ne décide à se reformer.
Depuis 2002, les changements furent légion, et les albums aussi, puisque l'année dernière vit la sortie du très explicite Fourteen, qui succédait lui-même à In Disguise, album de reprises paru en 2017. Mais les changements ne furent pas que matériels et humains, puisque la musique même du projet évolua avec le temps, passant d'un Hard Rock radiophonique mais très racé, à un Rock beaucoup plus mainstream, se laissant bouffer par ses propres harmonies au point de faire passer ASIA pour un groupe de Hardcore. C'est donc avec une grande circonspection que nous étions prêts à accueillir ce quinzième LP studio, d'autant plus que nous ne tardions pas à apprendre que celui-ci serait constitué de leftovers des années précédentes, les musiciens n'ayant guère le temps de composer du nouveau matériel eut égard à leur implication dans des projets plus personnels. Ainsi, avec Jamie Borger très occupé dans TREAT et Nalle Pahlsson phagocyté par GATHERING OF KINGS, les LAST AUTUMN'S DREAM optèrent pour une sorte de statu-quo, s'en remettant à des morceaux déjà prêts pour rester dans les esprits, ce qui sur le papier ne paraissait pas très engageant. Les albums de restes encore tièdes n'étant généralement pas les plus appétissants qui soient, nous étions en droit de nous dire que le quintette (Jamie Borger – batterie, Michael Erlandsson – chant/claviers/guitares, Nalle Pahlsson – basse, Peter Soderstrom – guitares, Ulf Walhberg - claviers) avait décidé de jouer la montre et la facilité pour contenter son public japonais sans trop se fouler, et en leur refourguant des fonds de tiroir légèrement accommodés pour faire passer la sauce éventée. D'autant plus que comme précisé en amont, leurs derniers albums n'étaient pas vraiment des épiphanies de Hard Rock mélodique transcendé, mais plutôt des crises de neurasthénie retardées, et la méfiance était donc de mise au moment de juger de ce nouvel LP aux atours plus ou moins bricolés. Sauf qu'une fois encore, le miracle s'est produit, et l'album en question s'avère être l'un des meilleurs de la carrière du groupe, lui permettant justement de retrouver une seconde jeunesse et une agressivité qu'on croyait soldée pour le compte, lâchant de petites bombes d'AOR musclé et de Rock boosté, pour un Secret Treasure qui a de méchantes allures de faux best-of déguisé et en tout cas, de pinacle de ces dix dernières années...Un petit miracle après les fêtes de la nativité? On pourrait voir ça comme ça en effet...
Car loin du repos du guerrier en mode “vieux héros fatigués”, nous avons droit à une bataille contre la morosité menée par des soldats du Hard Rock mélodique en très grande forme, et bien décidés à revenir au premier plan, malgré leur emploi du temps très chargé en ce moment. Le groupe ainsi ragaillardi a retrouvé le mordant de sa prime jeunesse et nous fait le don d'une petite quinzaine de morceaux frais, débarrassés de toute scorie mièvre un peu trop encombrante, et se paie le luxe de signer l'un des albums les plus attachants de cette fin d'année 2018, sans se départir de ses qualités naturelles. On retrouve donc le LAST AUTUMN'S DREAM des trois premiers albums, celui-là même qui savait trouver un équilibre parfait entre guitares mordantes et clavier omniprésent, effectuant la liaison entre un RAINBOW commercial et un JOURNEY amoureusement létal. Véritable archétype d'album AOR peaufiné de bout en bout, Secret Treasure semble s'évertuer à justifier son intitulé de bout en bout, n'admettant aucune faiblesse et délivrant son quota de morceaux enchanteurs, et se présentant sous la forme d'un coffre dissimulant quatorze hits, dont même le rab' se justifie de sa qualité intrinsèque. La recette n'a pas vraiment changé, mais les accès de rage Hard-Rock semblent plus prononcés, à l'image sonore de cet écrasant et Heavy “Love Is The Answer” que les WET et SLAUGHTER auraient pu composer de concert, ou de “Eye Of The Hurricane”, qui réconcilie dans un même esprit les envolées lyriques des derniers EUROPE et le pragmatisme Rock de TREAT, pour des refrains qui s'envolent au paradis d'un Heavy adapté, mais pas édulcoré. Les claviers de Michael Erlandsson sonnent plus DEEP PURPLE qu'ASIA, et sa voix, toujours aussi veloutée n'hésite pas à se racler les cordes pour titiller la fibre agressive de la frange du public la plus enragée, sans toutefois dépasser certaines limites.
Mais en restant objectif, difficile de reprocher quoi que ce soit à un LP qui frise la perfection en plusieurs occurrences, instaurant des critères de qualité très élevés. Et c'est parfois miraculeux, spécialement lorsque l'osmose entre toutes les composantes permet de taquiner une Pop-Rock musclée, parfaitement irrésistible (« Why », une telle précision laisse pantois et médusé, « OK », qu'ECLIPSE et WET auraient dû composer entre deux tournées), ou lorsque la rythmique plus plombée taquine la vague scandinave du revival mélodique de l'orée des années 2K (“Pain”). Choeurs peaufinés, riffs élaborés, tout en gardant une approche instinctive et viscérale, pour une farandole de tubes, qui laissent de temps à autres un peu de place à l'émotion (“When She's Gone », sorte de Proto-Michelle Branch/Alanis Morissette revu et corrigé à la sauce Frontiers), mais qui n'oublient pas que le but du jeu est quand même de faire s'agiter les petons et dodeliner du melon (« Evil », burner up in time et up tempo qui enrage de sa propre énergie). Chacun jugera de la pertinence des remixes offerts en cadeau, qui présentent des versions reliftées de morceaux déjà connus, mais en aparté de cette petite extension, l'existence de Secret Treasure n'a pas besoin d'un joli paquet et d'un ruban doré pour être validé, et offre un exception de taille à la règle superfétatoire des albums de leftovers qui la plupart du temps, calent une table basse ou meublent un trou dans un éphéméride. Celui des LAST AUTUMN'S DREAM a beau être salement chargé, ils n'en ont pas oublié pour autant de nous chouchouter, avec ce qui pourrait bien représenter leur meilleur travail depuis de très longues années. Ces japonais sont décidément très chanceux...
Titres de l'album :
01. Eye of the Hurricane
02. Evil
03. Pain
04. Have to Let You Go
05. Why
06. Break Another Night
07. OK
08. Love Is the Answer (Remix)
09. When She's Gone
10. Alice in Wonderland
11. Brand New Life (Remix)
12. Running (Remix)
13. Up in Paradise (Remix)
14. (Always Be) You and I (Remix)
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17/05/2025, 18:12
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Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
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S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
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Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04