De la franchise. De l’honnêteté. De la lucidité. Voilà ce que je retiens du premier longue-durée des américains de LUCID, qui n’ont pas choisi leur nom par hasard. Fondé il y a peu mais déjà motivé comme un troupeau d’émeus, ce quatuor (Caleb Green, Nate Salado, Norse Hokanson et Giovanni Taylor) nous propose donc un énième voyage dans le temps à la recherche des racines Thrash américaines, celles qui poussent encore sous les buildings de Californie et de New-York. Une routine donc pour l’auditeur, qui connaît le trip par cœur, mais qui monte dans le bus à l’heure pour voir si la vue à travers les vitres donne un autre aperçu que celui qui se déroule à la va-vite.
Perdu, puisque l’autocar en question a été loué à d’autres compagnies. Le pèlerinage est donc rebattu, mais pas inintéressant pour autant. D’ailleurs, sa principale qualité est non seulement de reproduire les discours de guides cultivés, mais aussi d’en adopter le ton sec et décharné. Et des compositions rudes asséchées par une production bien grillées sont des délices qu’on aurait tort de refuser. Ainsi, plus proche de WHIPLASH que de SLAYER ou MEGADETH, LUCID joue son va-tout roots avec une belle morgue.
The Last Of Us.
Le dernier d’entre nous, s’il ne devait en rester qu’un, un pour tous, tous pour un, et les devises se multiplient au point de ressusciter l’esprit frondeur de ces années de violence exacerbée. Avec cette petite touche Hardcore qui leur permet de se différencier de la concurrence un peu trop amalgamée, les LUCID jouent brut de chez brut, en agrémentant leur agression de quelques soli mélodiques de saison, et permettent de respirer à nouveau cet air de violence des années 87/89.
On pense à ACROPHET, parfois même à KICKBACK, et en tout cas, à tout sauf au Big4 qui peut tranquillement dormir sur ses deux oreilles. Ce détachement fait un bien fou, à l’heure où toutes les productions se ressemblent. L’autoproduction a donc permis un ascétisme sonore qui tend même vers la démo élaborée, ou plutôt à ces sorties de labels indépendants des années 80 qui ne pouvaient bénéficier du bon goût d’un Harris Johns, d’un Alex Perialas ou d’un Scott Burns.
Avec des clins d’œil adressés à MORTAL SIN, l’épaisseur en moins, The Last Of Us est le dernier mohican qui pousse son cri de guerre sur le chemin de la bataille. Mais attention. Si l’épaisseur manque, les riffs n’en sont pas pour autant moins épais. Ecoutez « God Particle » pour vous en convaincre, et replongez dans le marasme de l’entente cordiale entre Thrash et Hardcore qui avait produit un mélange pour le moins détonnant. On pense même à ENFORCED, pour faire plus récent, bien que les deux groupes aient une vision différente de l’enrobage.
Du coup, The Last Of Us se montre plus que digeste : il est délicieux et méchamment copieux. En presque cinquante minutes, les californiens misent sur l‘efficacité d’un mid tempo souligné pour avancer à découvert. On pourrait se demander ce qu’ils comptent faire pour attaquer en mode éclair au café, tant les morceaux s’obstinent à rester collés à la demande modérée, mais grâce à un habile jeu de syncopes (« Forces Of Evil »), le manque de vélocité ne se fait pas trop remarquer.
Il est d’ailleurs satisfait de temps à autres, notamment sur le cramé « Kick My Face » qui donne salement envie de distribuer des patins en paquet de vingt. Probant lorsqu’il prend son temps, lapidaire lorsque les BPM s’éclairent, LUCID passe en revue le dressing pour choisir son t-shirt préféré, avant de repartir avec un carton complet.
Et ce son si rêche et revêche de nous hypnotiser au point de nous obliger à mosher est indéniablement l’atout majeur de cette réalisation mineure, qui distille l’effort pour tenir jusqu’à la mort. « Final Assault » souligne l’importance du meilleur NUCLEAR ASSAULT, mais c’est l’éponyme « Lucid » qui tient la corde avec ses six minutes développées et argumentées.
De l’ambition sous la couche de non-compromission, des attentes comblées, et une envie de revenir aux fondamentaux raisonnable. En prenant ses distances avec les simples reproducteurs, LUCID s’offre une identité distincte, et se hisse au-dessus de la mêlée brouillonne du Thrash old-school, qui confond souvent mosh-pit et ouroboros.
The Last Of Us pourrait bien être l’ultime sortie Thrash de cette année 2024. Il y aurait pire choix que ces douze morceaux nerveux et vicieux, même si deux d’entre eux n’en sont pas vraiment, puisqu’ils officient en tant qu’intro et outro. Mais le reste est solide, rapide, incisif et décisif. Je vous l’ai dit, de la franchise et de l‘honnêteté. On ne pourrait trouver deux qualités plus adaptées.
Titres de l’album:
01. Who Is not Without sin…
02. Hostile Takeover
03. Red Dawn
04. Beyond The Grave
05. God Particle
06. Forces Of Evil
07. Kick My Face
08. Final Assault
09. Primitive Destruction
10. Lucid
11. The Last Of Us
12. Raven
Pour moi, par ordre décroissant préférentiel, ce sera :Massacra - Enjoy the ViolenceMercyless - Abject OfferingsLoudblast - Disincarnate
23/04/2025, 12:56
Allez, mon top 3 français des années 90: Massacra - Signs of the Decline Mercyless - Abject OfferingsLoudblast - Sublime Dementia
23/04/2025, 08:42
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38