Ecstasies of Never Ending Night

Devil Master

29/04/2022

Relapse Records

On ne peut pas tout savoir et connaître tout le monde. Ainsi, je n’avais encore jamais entendu parler des américains de DEVIL MASTER, étant tombé sur leur cas au hasard des Bandcamp estampillés « Metal ». Ma première réaction en regardant leur photo promo fut assez radicale, et je soupçonne même mon cerveau de s’être fendu d’un lapidaire « Mais c’est qui ces clowns ? ». Il faut dire qu’avec un sosie Wish d’Euronymous, une sorte de clone de Rozz Williams après une cure de Saindoux, et deux maigrichons fils spirituels de Johnny Thunders, l’équation a de quoi faire sourire…du moins jusqu’à ce que vous posiez vos oreilles sur cet album.

(Intro totalement fourbe et uniquement destinée à me moquer gentiment des américains, puisque j’ai évidemment déjà chroniqué leur œuvre en ces colonnes. Que voulez-vous, le COVID rend mesquin)

Car ces clowns au look parfaitement impardonnable, même pour un mardi-gras, manient bien l’instrument, et nous proposent un Black Punk jouissif, sommaire mais moins simple qu’il n’y paraît, et trois ans après un premier album remarqué dans l’underground (Satan Spits on Children of Light), DEVIL MASTER revient nous titiller les tympans de sa queue fourchue entre Post-Punk larvé, Black pour poivrots et Punk pour chiens sans maîtres abandonnés sur le bas-côté d’une route très peu passagère.

Ecstasies of Never Ending Night nous raconte donc l’extase de nuits sans fin, qu’on imagine passées à picoler, jurer, écouter de vieux vinyles qui craquent, tout en vomissant sa bile sur une société bienpensante qui parque ses parias dans des bidonvilles urbains. Entre un DARKTHRONE version n’roll dénaturé par une pratique instrumentale de barbares, un GENOCIDE des années 80 ayant au contraire appris à jouer et à composer de véritables chansons, un IMPALED NAZARENE plus sombre et moins paillard, Ecstasies of Never Ending Night ressemble à la visite d’un squat de Philadelphie, avec rencontres étranges dans un  contexte de faune interlope, dont on ne sait si on va sortir vivant, ou du moins, encore sain d’esprit.

Tout ici est fait pour que le décorum soit juste, pour que les ruines en soient vraiment, et pour que le passé remonte à la surface. D’ailleurs, l’album a été enregistré live sur bandes analogiques par Pete DeBoer (BLOOD INCANTATION, SPECTRAL VOICE), et ce côté roots permet à ce second chapitre de sonner plus evil que la majorité des sorties blasphématoires. Côté musiciens, on n’a pas lésiné sur les sobriquets fantaisie, avec Disembody Through Unparalleled Pleasure (basse/chant), Festering Terror in Deepest Catacomb (batterie/claviers), Darkest Prince (guitare) et Infernal Moonlight Apparition (guitare). De quoi se rappeler la grande époque de SODOM, dont certaines astuces Black Speed de début de carrière sont réutilisées ici.

Efficace, racoleur, DEVIL MASTER ne recule devant aucune astuce pour nous pervertir, la plus évidente étant l’enthousiasme injecté dans les compositions, mais aussi, leur variété. Car passer d’un glaviot Black Punk comme « Acid Black Mass » à un tube Post-Punk dansant comme « Abyss in Vision » n’est pas donné à tout le monde, ce qui prouve que le quatuor a plus d’un tour pendable dans son sac.

Entraînant comme un petit démon dansant le twist des enfers, séduisant comme un péché capital commis en pleine messe du dimanche les fesses blanches à l’air, Ecstasies of Never Ending Night est une extase pleine de vice, dégoulinant de stupre et conchiant toutes les règles de la morale judéo-chrétienne. On aime évidemment ce paquet de riffs sales qu’un lavage à 180° ne détacherait pas, cette voix à la POSSESSED qui semble provenir d’une autre pièce du manoir hanté, et cette rythmique bien moins sommaire qu’il n’y parait. Et les moments d’héroïsme sont nombreux, entre un VIO-LENCE revu et corrigé 2K par des aiglefins sans scrupules (« Shrines in Cinder », et son riff qui virevolte comme une mouche à miel au-dessus d’un bout de bidoche avarié), l’intermède cru « Funerary Gyre of Dreams & Madness », qui danse la gigue autour d’un feu de bois Punk, et ce final incroyable « Never Ending Night », entre Cold Wave et Post Punk, binaire de l’étrange qui nous ramène à l’orée des années 80, WIRE, THE CURE, GUN CLUB…

Comme vous le voyez, la simplicité de l’affaire l’est moins que l’on pensait. Et puis après tout, lorsqu’un groupe est signé sur Relapse, c’est souvent bon signe. Ecoutez ce disque pendant une nuit de luxure, avec sexes turgescents, bougies parfumée à la cyprine, et draps de soie souillés par les liquides séminaux. A mon humble avis, vous devriez pouvoir tenir des heures avec la même érection.   

     

        

Titres de l’album :

01. Ecstasies...

02. Enamoured in the Throes of Death        

03. Golgotha's Cruel Song    

04. The Vigour of Evil

05. Acid Black Mass 

06. Abyss in Vision   

07. Shrines in Cinder 

08. Funerary Gyre of Dreams & Madness

09. Precious Blood of Christ Rebuked                    

10. Never Ending Night


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 09/07/2022 à 17:55
85 %    762
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Benstard

Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy. 

06/07/2025, 21:25

Oliv

C’est toujours parodique ou c’est mieux 

06/07/2025, 19:11

Oliv

Merci Ozzy pour tous 

06/07/2025, 19:10

DPD

Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..

06/07/2025, 14:20

metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36