Untrue

Black Sites

08/10/2021

Autoproduction

On ne le répètera jamais assez, le troisième album est la clé de voute d’une discographie. Dans le Metal, le Hard-Rock et toutes leurs extensions, les exemples sont légion, de The Number of the Beast à Reign in Blood, en passant par Master of Puppets, Among the Living, Heartbreak Station, j’en passe et des plus probants, cette étape a toujours du être franchie avec finesse et en toute connaissance de cause. Et si l’exemple est évidemment valable pour les têtes de gondole, il l’est aussi pour les rayonnages plus obscurs. Ainsi, les américains de BLACK SITES en sont arrivés à ce point de leur carrière où les erreurs ne sont plus permises, et ou la réussite flagrante est attendue, et pour cause.

Fondé à Chicago en 2015, ce trio a déjà exposé ses vues via deux longue-durée, qui ont fait plus que chatouiller la presse spécialisée. A tel point qu’aujourd’hui, le cas de Untrue est traité par tous les webzines tendance, comme si cette révélation devait se transformer en confirmation sans embuches. Pourtant, dans les faits, pas grand-chose ne distingue BLACK SITES de la horde de nostalgiques d’un Heavy Metal joué eighties, avec des consonances plus modernes. In Monochrome posait les jalons et creusait des fondations solides, mais les étages bâtis par Exile s’avéraient d’une qualité étonnante pour un combo de cette catégorie. A tel point que certains y ont vu un avenir possible pour le vintage US, ce qui n’est guère surprenant au jugé du calibre de ces trois musiciens à la dextérité notable.

Garry Naples (batterie), Ryan Bruchert (guitare) et Mark Sugar (guitare/chant) ont toutefois quelques kilomètres au compteur. On les retrouve au casting de nombreux ensembles, dont CONTRITION, HATEMONGER, NOVEMBERS DOOM, WIZZO, WOLVHAMMER, KASTASYDE, DEADHAND SYSTEM, THE KAHLESS CLONE, WITHOUT WAVES, CENTAURUS, TRIALS, GLACIER, IMMORTAL BIRD, BEAR MACE, ou ANIMUS, et ce CV impressionnant n’est pas uniquement là pour faire étalage d’une expérience conséquente. Bien qu’enregistré séparément, avec les trois membres captant leurs parties respectives dans leur coin, Untrue sent bon la vérité d’un travail collectif, malgré ses pièces assemblées à la production et au mixage. Et en parlant technique, soulignons que la mastering a été confié à la légende Brad Boatright dans son célèbre Audiosiege, ce qui garantit pour les amateurs un son énorme, rond, parfait.

Mais Brad a respecté l’esprit analogique de cet album, et n’en a pas trop fait. Il a suivi les consignes de la production maison de Mark Sugar, et du mixage de Stanford Parker, qui ont veillé à ce que les chansons gardent cet esprit délicieusement passéiste, et presque seventies dans les faits, malgré une approche Metal très connotée 80’s.     

  

Depuis In Monochrome, la recette n’a pas changé. Des riffs purs et déliés, un chant simple et brut, des soli mélodiques parfaitement à leur place, et des structures modestement évolutives qui permettent quand même au trio de chatouiller la corde sensible des amateurs de Progressif. Pour autant, le refus de la démonstration technique est toujours aussi patent, et c’est plus dans les évolutions instrumentales qu’il faut chercher les parallèles avec HEIR APPARENT ou MANILLA ROAD, dont les BLACK SITES semblent les fils légitimes. Ajoutez à ces deux références le nom de HAUNT, qui vient de s’épanouir en acoustique, et vous obtenez un résultat qui se rapprochera méchamment de cet Untrue, franc, honnête, et pourtant si riche qu’on se demande où l’argenterie a été cachée.

A la manière d’un GRAVEYARD explorant le passé en accentuant ses racines Soul et Bluesy, les trois originaires de Chicago vont piocher dans le répertoire le plus Hard-Rock de leur pays, pour nous offrir de petites merveilles comme « Nocturne/Everything Went Black », sommet d’émotion sur lequel la voix de Sugar fait des merveilles. Et avec cette complémentarité de guitares qui tapent tout autant dans la NWOBHM que dans le Rock sudiste, les BLACK SITES résument l’histoire amplifiée de leur pays, et se montrent toujours aussi habiles pour trousser des ambiances.

Beaucoup, mais pas trop. Tel pourrait être le leitmotiv d’un groupe qui sait toujours quand et où s’arrêter. Et les percussions de l’entame « Sword of Orion » frisent la référence amérindienne, avant que le tout n’explose d’une rage typiquement Californienne des années 82/83. La maitrise est totale, l’investissement complet, et le feu d’artifices proposé par le duo Sugar/Bruchert tourne à plein régime pour illuminer le ciel d’une lumière aveuglante venue d’un passé assez proche.

Sans vouloir me projeter trop loin, et après avoir passé un certain nombre d’heures à écouter In Monochrome et Exile, je peux presque déjà affirmer qu’Untrue est l’achèvement définitif des originaires de Chicago. L’énergie incroyable développée par « Call It By It’s Name » confronte THIN LIZZY à RIOT, tandis que la rapidité fluide de « Lost Tribes » évoque la nostalgie à la mode des années 90.

Le centre de l’album, défendu médiator et baguettes par les deux gros morceaux que sont « Echo of A Lie » et « The Worst of Us » évite avec grâce et flair la baisse de régime pour faire encore plus monter la pression, à tel point que l’épilogue « White Ashes » joue sur du velours malgré son recyclage d’idées précédemment exploitées.

Confirmation éclatante d’un talent déjà remarqué par tout le monde, Untrue est un virage négocié avec beaucoup d’intelligence, mais aussi de spontanéité. Il parvient à augmenter la vitesse de croisière de BLACK SITES sans lui faire prendre de risques inutiles, et propulse le trio sous les feux des projecteurs. Un groupe honnête et travailleur, une musique hors du temps, et des chansons complexes appréhendables par les plus attachés au Heavy Rock traditionnel.

Bien joué.   

 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Sword of Orion

02. Call It By It;s Name

03. Lost Tribes

04. Echo of A Lie

05. The Worst of Us

06. Nocturne/Everything Went Black

07. They Eat Their Young

08. White Ashes


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par mortne2001 le 20/07/2022 à 17:40
88 %    418

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


VsGreg
@88.169.222.89
21/07/2022, 13:47:19

Un super groupe et un bon album de plus pour la bande à Mark Sugar !

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