De la puissance, de la mélodie, des aventures héroïques, voici peu ou prou le menu proposé par les américains de LEGENDRY depuis leur émergence il y a presque dix ans. On connaît la formule, et le résultat n’est pas toujours à la hauteur des ambitions, mais ces originaires de Pittsburgh s’y connaissent comme personne pour brosser des tableaux qui donnent envie de prendre son épée pour aller pourfendre du vilain.
Nous avons largement eu l’occasion de jauger leur potentiel de chevaliers Heavy, après trois longue-durée publiés coup sur coup entre 2016 et 2019. Mais après un format court en 2020, le silence s’est abattu sur la narration, laissant une page blanche tout à fait inhabituelle. Mais c’est par le biais de No Remorse Records, l’institution grecque que nous avons repris contact, pour découvrir les chansons cachées sous la pochette sobre de Time Immortal Wept. Et encore une fois, le trio est parvenu à concrétiser son imagination pour nous entraîner dans un périple fait de rencontres, d’affrontements, de bardes et de chansons de geste.
Time Immortal Wept ressemble beaucoup à ses aînés, par ce désir constant de mixer des éléments Folk à une base résolument Rock. La recette fonctionne à plein régime, entre seventies fières et eighties intimistes, et une fois la superbe intro passée, on se plonge dans la mystique d’un disque soigné, peaufiné, arrangé dans le moindre détail, et truffé de petites idées harmoniques totalement géniales.
Loin des revivalists qui confondent hommage et facilité, le trio (Arcane Hammer - basse, Kicker - batterie et Vidarr - guitare/chant) créé son propre univers en piochant à droite et à gauche les éléments indispensables à toute immersion épique. On reconnaît de çà et là quelques réminiscences du SCORPIONS des débuts, avec ces chœurs évanescents semblant émaner d’une terre millénaire, mais aussi des restes encore fumant d’ASHBURY, dont l’excentré Endless Skies avait marqué les esprits il y a quarante ans.
Rien de vraiment actuel donc, pour une légende racontée avec passion. Cette façon de jouer le Heavy Metal à la beatnik est toujours aussi fascinante, et le résultat largement au-dessus des attentes les plus folles. Le trio est toujours aussi constant dans la qualité, refusant les raccourcis, pour s’offrir parfois des détours thrashy, avec rythmique en folie (« Warrior of Space and Time », du HAWKWIND qui aurait troqué ses acides pour de la coke pure), et suit le sillon de formations comme MANILLA ROAD ou HAUNT, avec un panache incroyable, et sans trop tomber dans la citation mot pour mot.
Difficile de ne pas fondre pour ces compositions variées, qui hument l’air du passé pour nous chanter un air Folk fédérateur, rassemblant les différentes générations. Sans jamais sombrer dans la mièvrerie mélodique, le trio américain se souvient des premières années de CANDLEMASS, la pesanteur allégée, et nous offre un festival de vignettes passionnantes, avec en contrepoint d’une guitare sursaturée, cette basse gironde aux formes généreuses qui explore son manche pour adoucir un son très brut.
Anachronique d’une certaine façon, mais volontairement, loin des tracas old-school qui cherchent désespérément à nous rappeler à quel point les héros de la NWOBHM et de la NWOAHM sont les gardiens du temple, Time Immortal Wept navigue sur des eaux rares, et ne se montre ni redondant, ni hésitant, ni insistant. L’imagination d’un guitariste/chanteur à la voix posée permet à la section rythmique de se laisser aller à quelques fantaisies de figures et autres breaks qui transpirent, ce qui est plus qu’évident sur le musclé et lyrique « Chariots of Bedlam », agrémenté d’un solo d’anthologie de toute beauté.
Et comme tout groupe évolutif digne de cette appellation, LEGENDRY nous offre une conclusion dantesque, avec un épilogue de plus de onze minutes qui suit un court intermède débridé à la DRAGONFORCE (« The Bard's Reverie »).
« Time Immortal Wept » est sans aucun doute la quintessence de ce Heavy noble joué avec une foi indéfectible. Les arrangements de flute, la construction en gigogne, la superposition des voix, et l’imbrication de plans, tout contribue à transformer ce dernier titre en véritable expérience sensorielle et historique, dans la plus droite lignée des longues divagations d’un MAIDEN plus inspiré par les seventies que par les livres d’histoire de Steve Harris.
Ne boudons pas notre plaisir, puisque ce disque fait appel à la passion la plus élémentaire pour un Heavy Rock aux nombreuses facettes. Loin de se contenter d’une poignée de riffs éculés, les trois américains de LEGENDRY célèbrent la noblesse Folk d’un Metal souple et harmonieux, sans pour autant négliger l’agressivité nécessaire à toute opération fantastique.
Un joli retour pour un quatrième tome qui en appelle évidemment beaucoup d’autres.
Titres de l’album:
01. The Bard's Dream
02. Sigil Strider
03. The Prophecy
04. Warrior of Space and Time
05. The Winds Between Worlds
06. Chariots of Bedlam
07. The Bard's Reverie
08. Time Immortal Wept
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19