DE MAL EN PIRE. Voilà un nom redoutablement bien choisi pour une époque qui laisse justement le pire arriver puisque le meilleur est déjà derrière elle. DE MAL EN PIRE, c’est une certaine vision du Post Hardcore traditionnel, mais chanté en français. Cette exigence pour s’éloigner de la standardisation US, mais aussi pour que les peuples francophones comprennent bien le message.
Seul, exclu, mort, vaincu.
Rémi Brière-Aubé (guitare/chant), Mick Mongeau (guitare), Fred C. Smith (batterie) et Mat Laperle, entre France et Québec, nous assènent avec Sã Mo un gigantesque parpaing dans la tronche, pour mieux nous réveiller d’un rêve qui a depuis longtemps viré au cauchemar. En utilisant les codes les plus traditionnels du Post-Hardcore, le quatuor se révèle par petites touches, mais aussi par énormes coups de gueule. Et si les mots sont fins et précis, la musique quant à elle se veut d’une violence rare, soutenue par des mélodies pleines, mais qui laissent un goût amer dans la bouche.
Ravagées par la honte et la peur d'un mot.
Volant dans le néant à bord du grand radeau.
Un message, un grave danger.
CULT OF LUNA, DEFTONES, THE OCEAN et MORT MORT MORT sont les quelques influences revendiquées par une bio qui n’en souligne pas moins la singularité du projet. DE MAL EN PIRE assume son héritage, mais ne manque pas non plus de mettre en avant ses propres atouts. Des structures complexes, une puissance assourdissante, une production incroyablement claire, et des échanges vocaux traumatiques qui nous renvoient au meilleur de NEUROSIS. On se retrouve vite happé par un énorme vortex qui avale tout sur son passage, et qui laisse une note en bas de page comme ultime témoignage d’une époque rongée jusqu’à la moelle.
Le nom de l'album, Sã Mo, est dérivé d'un langage phonétique, faisant référence à des homophones inclus dans certains des titres (Cent Mots, Sans Maux, Cent Maux, Sans Mot). Est-ce à dire que nous sommes sans voix face à l’adversité ? Ou qu’au contraire, notre discours devient fleuve face à l’urgence de la situation ? Les deux, puisque les mots ont autant d’importance que le silence sur ce disque riche et truffé d’arrangements typiques, et si les strophes caressent l’originalité d’un langage précieux, les instruments se mettent au diapason pour produire une bande son aussi onirique que réaliste.
Avec une inspiration picturale dérivée du célèbre « Radeau de la Méduse » de Théodore Géricaul, Sã Mo évoque la dérive mentale de survivants devenus fous, se mangeant entre eux, se faisant passer par-dessus-bord, pour finalement être sauvés par hasard, alors qu’une infime partie de l’équipage était encore en vie. Cette métaphore décrit avec acuité l’actuelle dérive que subit l’humanité, en proie à ses propres démons consuméristes et sa vision à trop court terme. On retrouve dans ces syncopes millimétrées et ces contemplations mélodiques l’affrontement entre la résignation et l’espoir, celui qui anime encore quelques âmes persuadées de pouvoir inverser le cours des choses.
Tout en sachant qu’il est déjà trop tard.
Étrange nuitée à bord du grand radeau échoué.
Caressant les promesses des affres de nos vies.
Ce radeau, c’est aussi et surtout ce disque qui résonne de ses accords dissonants dans un écho sans réverbération. Les canadiens ont bien compris le lexique, la grammaire, et leur rhétorique musicale évite la redondance des longs discours stériles, pour mieux frapper d’une tournure de phrase assassine. On retrouve des vers qui se répercutent d’histoire en histoire, et ce concept album déguisé est certainement l’un des plus précieux que le Post-Hardcore nous ait donné ces deux ou trois dernières années. Alors que nombre de musiciens se regardent le nombril comme s’il était l’ultime merveille du monde, DE MAL EN PIRE se focalise sur l’intérêt général, et l’apocalypse mondiale.
Sans vraiment chercher à bousculer l’ordre établi, le quatuor ronge ses os, et livre une prestation définitive et ferme. Entre les titres concis qui explosent d’une rage infinie (« Anachorète », « Les Amants du Désordre »), et les longues suites introspectives (« Cent Maux », superbe et ample, « L’Astre de Velours » qui caresse l’âme), Sã Mo compte ses maux pour aligner ses mots, et nous délivrer d’une épidémie de sinistrose transformée en douleur aigue, mais identifiable.
On accepte donc les formules, on rejoint le point de vue, et on pénètre un univers fait d’oppression, de lourdeur, de fardeau à porter, et de litanies martelées comme des leitmotivs de fin de vie. Et si « L’apogée des Oubliés » se pose en acmé d’un disque relevé, de ses percussions sentencieuses, « Sans Mots » nous laisse dériver sur des courants qui nous entraînent vers les cascades les plus mortelles.
Un voyage cathartique, pour un disque qui sera la Némésis de tous les amateurs de franchise Metal. Ici, l’ambivalence est reine, la différence est revendiquée, et l’indifférence méprisée.
Qui ose pénétrer la raison?
Les rêveurs abandonnés qui ont tué leur capitaine lors d’une mutinerie nocturne sous les étoiles.
Titres de l’album:
01. L'Ancre de la Douleur Triangulaire
02. Anachorète
03. Cent Mots
04. Délire Mantique
05. Sans Maux
06. L'Astre de Velours
07. Les Amants du Désordre
08. Cent Maux
09. L'Apogée des Oubliés
10. Sans Mot
Plus j'écoute DMEP, plus c'est gratifiant. Autant la structure complexe, la clarté, le propos et l'ambiguïté permettant une interprétation au travers de sa propre expérience. Wow L'Apogée des Oubliés
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31
Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
09/07/2025, 18:22
Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52