Serpent's Kiss

Cobrakill

19/01/2024

Frontiers Records

J’ai sauté maladroitement une étape. Alors que j’avais fait la connaissance des allemands de COBRAKILL à l’occasion de la sortie de leur premier EP, j’ai passé sous silence leur premier véritable album. Une faute d’inattention, de goût, pardonnable ou pas, en tout cas, c’est avec plaisir que je vous entretiendrai aujourd’hui de leur second longue-durée, cette fois-ci parrainé par Frontiers.

C’est dire si le quintet d’Augustdorf a fait forte impression au label italien, qui a dégainé le chéquier pour s’adjoindre les services furieux d’un groupe sérieux. Et alors que le quintet n’accuse en 2023 que trois ans d’existence, on peut affirmer qu’il a bien rempli son agenda, avec déjà deux albums et un EP. Bien joué, mais la quantité ne rimant pas toujours avec la qualité, il convient de rester méfiant au moment de juger de ce pas de géant.  

COBRAKILL, ce sont cinq musiciens, Nick Adams (chant), Randy White & Tommy Gun (guitares), Crippler Ramirez (basse) et Toby Ventura (batterie), fascinés par la scène californienne des années 80. MÖTLEY CRÜE, JUDAS PRIEST, W.A.S.P., LIZZY BORDEN, et RATT semblent être leurs mentors (selon leur label en tout cas), ou du tout du moins une partie, puisque la musique des allemands rappelle surtout une version beaucoup plus musclée de nos chers L.A. GUNS, ce qui tombe à pic puisque Tracii fait désormais partie de l’écurie Frontiers. Et pour utiliser une image encore plus parlante, acceptons le fait que ce Serpent's Kiss sonne comme du L.A. GUNS joué par le MÖTLEY CRÜE de Dr Feelgood.

De l’énergie donc, beaucoup, de l’imagination, un peu, pour offrir au public un genre de Speed Sleaze, fardé mais musclé, efficace mais soigné, qui sent bon le Too Fast for Love revu et corrigé 2024. Agressif comme tout combo du cru se doit de l’être, ce deuxième album fait la part belle aux riffs bien méchants, transcendés par une voix à la Vince Neil des jours heureux. Néanmoins, malgré toutes ces comparaisons, COBRAKILL parvient à garder son ADN propre, même si le spectre des très vilains WRATHCHILD vient parfois frapper ses chaînes contre les portes du studio (« Same Ol’ Nasty Rock N’ Roll », le tube le plus puissant de ce premier semestre, je m’y engage).

Parfait équilibre entre le Hard-Rock lippu de la scène californienne et le Heavy de tonton Hans, Serpent's Kiss est une morsure plus grave que n’importe quelle attaque des SCORPIONS, et grâce à ces cinq vauriens, le Rock à l’allemande prend un coup de jeune, tout en s’appuyant sur sa tradition la plus Metal.

Mais avec un burner de la trempe de « Above The Law » placé en ouverture, il semble normal que la confiance soit à bloc. A la manière d’un MOTORHEAD reprenant du SWEET, ou DIAMOND HEAD jouant avec du RAVEN, ce premier choc frontal laisse hébété, légèrement choqué, mais surtout, enthousiasmé par cette rythmique débridée et ces chœurs braillés. Pas vraiment le genre de gus qu’on présente à ses parents comme beau-fils éventuel, COBRAKILL joue plutôt le rôle d’amant dans le placard, ou de rebelle qu’on cache mais qu’on retrouve à l’arrière d’une bagnole volée. Les bonnes manières ne sont donc pas maîtrisées, et c’est tant mieux. Car il n’y a rien de plus excitant qu’un petit voyou qui se la joue gangster.

On sait déjà que tout album basé sur une énergie maintenue exige une concentration toute particulière sous peine de voir ses efforts ruinés par un moment d‘inattention. Mais les allemands en connaissent les secrets mieux que personne, et distillent leurs impulsions pour doser un disque avec passion. Ainsi, le médium mais costaud « Bazooka » propose des syncopes efficaces et symptomatiques des acteurs américains de la période 1984/1985, tandis que l’allégé « Concrete Jungle » ose des arrangements de claviers pour enrober le sapin. Beaucoup de diversité donc pour une cohésion ne se démentant pas, soit la quintessence de cet art classique de variation dans l’insistance.

De là, découlent des hits comme s’il en pleuvait. Avec une attitude bravache, COBRAKILL joue les serpents dangereux avec une conviction qui force le respect, et lorsque le venimeux Nick Adams s’envole dans les aigus, la menace est palpable, entre deux mélodies pour tromper la proie (« Torture Me »). Un peu DOKKEN vicelard, un peu WINGER hagard, Serpent's Kiss tape un peu dans toutes les poches pour y trouver ses financements créatifs, mais recycle la thune pour blanchir les transactions.        

 

Déhanché à la LED ZEP (« Hungry Heart »), sensibilité brute (« Seventeen »), fausse douceur pour amertume délicieuse (« Silent Running »), les nuances ne manquent pas, et font de ce disque un prétendant solide au titre de meilleur album Hard n’Heavy du premier trimestre 2024.

On garde pour la bonne bouche la raideur de « Ride My Rocket », piquée aux crises de priapisme du DEF LEP de 1983, pour exploser en final bien embouché sur le rythme échevelé de « Velvet Snakeskin ».

Ne poussez-pas, il y en aura pour tout le monde. Les allemands ont sacrément bien bricolé leur retour, un an et demi à peine après avoir fait leur entrée au bal des débutants. Un indéniable manque de classe, une attitude virile, un peu de machisme Rock, et les filles craquent comme des coquilles de noix sous les semelles des santiags.

On a tous l’éducation qu’on mérite. 

 

       

Titres de l’album:

01. Above The Law

02. Bazooka

03. Concrete Jungle

04. Razor Blade

05. Monstrous

06. Same Ol’ Nasty Rock N’ Roll

07. Torture Me

08. Hungry Heart

09. Seventeen

10. Silent Running

11. Ride My Rocket

12. Velvet Snakeskin


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par mortne2001 le 10/01/2024 à 16:51
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