Je vous le concède, un mercredi d’été ensoleillé n’est certainement pas le meilleur contexte pour se plonger dans l’actualité Death/Doom. Mais après tout, pourquoi pas ? Qu’est-ce qui m’empêche de déguster des tripes au saindoux en pleine fournaise de juillet, ou de porter un pull pur laine un 15 août ? Ces choix n’engagent que moi, et j’assume totalement celui d’avoir piqué au hasard des Bandcamp de quoi alimenter ma chaudière à cauchemars. Et le cauchemar du jour - qui n’en est pas vraiment un - a émergé une nuit brésilienne de 2018, et continue aujourd’hui d’effrayer les petits nenfants et leurs mômans surprotectrices.
LOS SUFFERS est un trio grossier. Un trio qui joue le Death comme s’il jouait une forme très agressive et lourde de Hardcore, ce que leurs photos promo soulignent avec beaucoup d’à-propos. Pas d’arrangement inutile, pas de fioritures pour enjoliver le paquet, l’essentiel, et le plus direct.
Déjà auteur d’un premier long il y a deux ans (Quando a Chama Se Apaga), LOS SUFFERS fait partie de cet underground lusophone qui pourrait indifféremment sonoriser les journées de Portland comme les après-midis de Tampa. Seul le choix du langage natal vient apporter un peu d’exotisme à l’entreprise, le portugais s’accommodant fort bien de ces charges virulentes en virus qui mute et qui détruit votre organisme.
Pas de quoi finir en HP, mais largement de quoi laisser des séquelles sympathiques. Luiz Dias (guitare/chant), Jean Carreira (basse) et Brendan Kitchen (batterie) ont donc des arguments morbides à faire valoir, mais leur ouverture d’esprit (malade, il va sans dire) oblige les sites référentiels à dégainer tous les sous-genres pour baliser le terrain. Ainsi, The Metal Archives se fend d’un très vague et très pratique Doom/Stoner/Sludge/Death Metal, ce qui permet de ne rien oublier au moment de l’addition.
Mais il est certain que ces brutes épaisses ne se contentent pas d’égorger de pauvres bougresses sans les séduire. Avec ses accents Rock, Hardcore, Heavy Metal, Espírito Mofado se montre assez joueur, plutôt gouailleur, et s’autorise même quelques sorties de route catchy, sur « Startup », que CARCASS aurait pu nous dévoiler sur ses derniers albums.
L’aventure est donc un poil plus complexe qu’un raid sur une morgue après minuit. Loin de se vautrer dans la pourriture et les excréments, LOS SUFFERS ramasse les ordures avec soin, les trie, et en propose un recyclage plein de flair et de conscience environnementale.
En guise d’égouts, nous avons droit à une déchetterie très bien tenue, avec un bac pour chaque matériau. Le claquement d’une basse énorme, les riffs classiques rehaussés d’une voix caverneuse et visiblement mécontente, le tout soutenu par un batteur sobre mais efficace, la méthode est simple, et même un poil originale. Car au sein d’un même titre, les brésiliens sont capables d’imprimer diverses humeurs, qui vont de l’employé municipal guilleret après une journée de travail à celle d’un croque-mort le sourire aux lèvres et la pelle sur l’épaule (« Brasil Com S », laissons les « z » à Zorro).
Tout ceci est donc charmant, crade juste ce qu’il faut, et pachydermique quand l’atmosphère se raidit comme un corps sur une table d’autopsie. D’ailleurs le spectre d’AUTOPSY plane parfois bas sur les opérations, lorsque les BPM cèdent sous le poids de l’amertume et que la guitare saccade plus tranquille. « Conservador Sadista » en est une démonstration très probante, avec sa gentille accélération et ses graves qui se castagnent en mode fête foraine.
La seconde partie du métrage est d’ailleurs plus riche et moussue. C’est là qu’il vous faudra aller chercher les titres les plus mauvais (dans le meilleur sens du terme), pour y trouver le traumatique « Possessao Assassina », exorcisme des favelas qui tourne évidemment mal, et à l’avantage de Satan lui-même. Prince des enfers qui se sent comme chez lui entre ces murs, et qui nous débite son discours habituel de rachat de l’âme comme on va vendre un vélo électrique chez Easy Cash.
Il y en a donc pour tout le monde. De la digression PRONG dans un univers Death bien glauque (« Eu Rejeito a Luz de Cristo », mécanique, critique, mais addictif), jusqu’au brouet périmé qui vous file une chiasse carabinée (« Lagrimas Acorrentadas »). Du Doom/Death certes, mais du fameux, et bien agencé sur l’étal. Prenez, il n’y a que des bons morceaux, et avec ça, vous avez de quoi préparer un bon ragout des familles, ce qui est toujours appréciable en un mercredi trop ensoleillé.
Titres de l’album :
01. Extincao da Burguesia
02. Sangue de Patriota
03. Caso Isolado
04. Senso Corrosivo
05. Startup
06. Brasil Com S
07. Conservador Sadista
08. Possessao Assassina
09. Eu Rejeito a Luz de Cristo
10. Lagrimas Acorrentadas
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
09/07/2025, 13:16
"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23