A notre époque, tout le monde cherche une porte de sortie, peu importe laquelle. Une sortie morale, financière, philosophique, religieuse, la promesse d’une autre vie, peut-être moins autocentrée, un ailleurs où finalement, l’herbe sera vraiment plus verte, des sentiments plus vrais, des relations moins forcées par les impératifs de la société. Un fil conducteur entre les âmes qui n’a rien de virtuel, moins d’écrans de fumée, moins de données pour les assimiler plus facilement, et peut-être, plus simplement : le temps. Le temps d’apprécier ce qui nous entoure, le temps de nous comprendre et d’être en adéquation avec nos désirs, le temps de comprendre qu’il est justement temps d’agir sous peine de voir notre plus si bleue planète disparaître eaux et terres dans un néant de sécheresse, de mort, et d’oubli. Entre crise sanitaire et crise financière, les temps sont plus sombres que jamais, et l’avenir ne dépendant que d’un seul facteur : l’abandon du consumérisme à outrance, et la reconnaissance de l’humain en tant que tel et non comme rouage d’une machine capitaliste. Mais nous le savons tous, si l’option existe, elle ne passera pas par des mouvements pacifistes, des discutions et des prières, mais bien des actions, la révolution, le chaos, pour reconstruire sur des bases saines. Cette opération de grande envergure pourrait bien avoir trouvé sa bande-son idéale en ce cinquième album des suisses d’EXIT, qui justement, proposent une porte de sortie toute en violence intelligente. Campant sur des positions fermes, le quatuor ne compte pas se laisser aller à la résignation, et nous brosse avec Traces of Human Existence un tableau de l’humanité assez inquiétant, si les choses continuent à ce rythme et si nous, le peuple, ne faisons rien pour changer la trajectoire des choses.
Celle des suisses a justement connu des ascensions, des absences, et des modulations. Né en 1996, le combo de Sursee n’a eu le temps dans les nineties que de sortir une unique démo en 1999, avant d’attendre le nouveau siècle pour proposer Bis ans Ende aller Tage. S’en est ensuivi un hiatus de deux ans, avant que la bande au complet ne revienne sur le devant de la scène, et nous assène enfin un grand coup avec son premier long, Her Dark Passion, paru en 2006. Alors encore symptomatique d’un Death Metal très typé nineties, cet album fut aussitôt contredit par une suite qui changeait d’optique, et proposait alors une sorte de Crossover à grande échelle, entre Death, Thrash, Hardcore et Groove Metal, ce III qui attira l’attention sur eux. Certains d’avoir trouvé la bonne voie à suivre, les suisses n’ont eu dès lors qu’à confirmer ces nouvelles options, et à peaufiner leur philosophie, ce que les deux LPs suivants, Face the Enemy et Into Darkness ont fait avec une belle confiance. Et après quatre années de silence encore une fois, EXIT revient remonté comme jamais, pour ajouter à la perturbation ambiante avec leur cinquième long, ce Traces of Human Existence qui ne laisse place à aucun doute. Publié sur le très estimé label espagnol Art Gates Records, cet album est une pure tuerie moderne qui une fois encore, fait appel aux caractéristiques très particulières et variées des genres qu’affectionnent les musiciens. Doté d’une énorme production en béton armé, cet album présente un visage aux multiples facettes, adopte les postures rigides d’un Death vraiment brutal, les mouvements saccadés d’un Thrash très maîtrisé, la rugosité d’un Hardcore vindicatif, et la fluidité rythmique d’un Groove impeccable. Et en à peine trente-six minutes, EXIT concentre son propos, ne dilue pas ses idées, et avance bille en tête avec une conviction qui fait plaisir à entendre.
Toujours mené avec fermeté par Beni Sax, guitariste capable et chanteur grave, le groupe propose donc un éventail de chansons brutales, mais toujours suffisamment riches pour ne pas sonner monolithiques. En s’appuyant sur ce métissage musical, EXIT s’en remet donc à un éventail de riffs tous plus velus les uns que les autres, mais aussi sur la flexibilité d’Andy Bieri, batteur au rendement incroyable capable de passer d’un plan typiquement Thrash à un déversement de blasts insistant. Le meilleur exemple en reste le sauvage et indomptable « Born To Burn », qui sonne comme un hymne Death/Hardcore, et qui évite les pièges du Metal/Deathcore avec panache. Mais c’est évidemment l’entame puissante de « The Power, The Hate, The Greed » qui donne le ton, avec son intro lourde et menaçante qui débouche sur un plan purement Hardcore. En trois minutes et quelques, le groupe présente tous ses arguments, sa capacité à enchaîner les idées sans perdre le fil de sa cohérence, et on assiste assez admiratif à un ballet de violence Thrash/Groove recouvert d’une armure Death. « None Of Our Business » appuie peu ou prou sur les mêmes points, mais en deux morceaux seulement, les suisses font défiler les riffs et les rythmiques avec un flair incroyable, sans jamais que les mélodies ne prennent le pas sur la puissance globale. La voix énorme et tonitruante de Sax s’impose au premier plan, mais la guitare de son comparse Martin Haller ne se contente pas des miettes, et ce mélange d’harmonies subtiles et d’écrasements rythmiques fait merveille, comme une version de MACHINE HEAD revue et corrigée par l’industrie Death suédoise des mid nineties. Peu ou pas de moments de répit, des mécanismes d’unisson entre la guitare et la batterie qui sont des miracles de précision (« Miserable Life », à l’intro tellement régulière dans la véhémence qu’on commence à penser Indus), des accélérations fugaces interrompues par des mid-tempi écrasants, la formule est classique, mais l’énergie qu’elle dégage est aussi contagieuse qu’un nuage de Tchernobyl.
« Empire » permet de souffler un peu au son de guitares en son clair avant que le schéma ne reprenne, mais l’aspect power-ballad de ce titre offre à l’album une respiration bienvenue. D’autant plus que « To The Void » s’appuie sur une redondance gigantesque pour offrir un final à la hauteur de la fureur dégagée, avec un « The Lion's Share » en épilogue Thrash hargneux et suintant de haine. Un cinquième album impressionnant de la part des suisses d’EXIT, qui une fois encore contenteront les fans de Thrash, de Death souple, de Groove solide et de Hardcore contemporain. La bande originale d’une époque de désespoir, et un appel aux armes qui donne vraiment envie de sortir de chez soi pour faire bouger les choses. Et avec une telle motivation, les institutions n’ont plus qu’à trembler avant de s’effondrer.
Titres de l’album :
01. The Power, The Hate, The Greed
02. None Of Our Business
03. The Final Youth
04. Only Pain Is Real
05. Born To Burn
06. Miserable Life
07. Empire
08. To The Void
09. The Lion's Share
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@Bones : merci pour Hail of Bullets, je préfère ce que je suis en train d'écouter (le premier) à ce Necroceros. Ca m'emballe bien plus alors je pense rattraper mon retard du côté de HoB plutôt que d'Asphyx.
27/01/2021, 08:07
Ouais dsl j'ai été un peu sec, mais l'autre andouille est venu gratuitement me baver sur les rouleaux... J'aurais dû employer l'adverbe "cordialement" à la fin de mon précèdent post.
26/01/2021, 16:03
Mouais, mais par contre je vais rapidement le réécouter pour voir si mon approche a évolué. C'est vrai qu'il est réputé... j'ai sans doute raté le coche.
26/01/2021, 13:14
@Humungus : SIC... And Destroy ! Comme disait Coluche : la politique ? C'est quand on est poli et qu'on a(...)
26/01/2021, 10:45
@Humungus : je confirme pour The Rack. Plusieurs fois j'ai essayé mais sans jamais accrocher.Y a des albums comme ça
26/01/2021, 07:56
Toujours "intéressant" (SIC !!!) quand la politique s'insère ici... ... ...
26/01/2021, 07:38
Ne pas "rentrer" dans "The rack" ?!?!Bizarre étant donné la monstruosité de cet album...Quoi qu'il en soit, je plussoie sur HAIL OF BULLETS !Pis n'oublions pas le merveilleux GRAND SUPREME BLOOD COURT non plus hein !!!(...)
26/01/2021, 07:35
@Bones : merci pour l'idée, vais m'écouter les trois albums de Hail of Bullets, juste histoire de rattraper mon retard concernant le père Van Drunnen.
25/01/2021, 20:12