Icon Of Sin

Icon Of Sin

16/04/2021

Frontiers Records

Faites le test juste pour le fun. Glissez dans la playlist Spotify d’un pote le morceau « Icon of Sin », et laissez le naturel venir au galop. Je parie mon exemplaire original de Live Like a Suicide des GUNS que votre ami en question se fendra d’un interloqué « Ah, MAIDEN a sorti un nouveau single ? ». L’expérience peut être amusante tant le résultat est garanti et l‘impression troublante. Mais bien évidemment, la réduction d’ICON OF SIN a un simple clonage de MAIDEN serait d’une réelle injustice, mais justifiée par le timbre si dickinsonesque de Raphael Mendes. Le sieur Mendes, doté d’une voix assez extraordinaire, s’est fait repérer sur Youtube par ce bon vieux Serafino, alors même qu’il donnait plaisir à ses fans de reprises de groupes connus de sa voix unique. Bien décidé à extirper le talentueux vocaliste de sa gloire virtuelle, le DA de Frontiers lui a donc proposé d’enregistrer un album pour son label, en l’entourant de fines gâchettes. C’est ainsi que Raphael s’est retrouvé en studio, entouré de pointures, et qu’il a enregistré les parties vocales de ce premier longue-durée qui d’ailleurs, ne fait pas semblant de l’être. Avec plus d’une heure de musique, le projet n’a pas joué la pingrerie, et s’est frotté à l’écueil du trop-plein, avec une insouciance totale. D’ailleurs, ce trop-plein se ressent parfois, certains morceaux ne s’éloignant guère des canons les plus traditionnels du Heavy Metal joué Power, mais contient heureusement assez de moments de bravoure pour justifier son existence.

Nous retrouvons donc aux côtés du chanteur Caio Vidal à la basse, Sol Perez à la guitare, Mateus Cantaleãno à l’autre guitare et CJ Dubiella à la batterie, soit un backing band de luxe pour chanteur extraordinaire. S’il serait évidemment inconscient d’occulter l’importance de Bruce Dickinson dans l’apprentissage vocal du sieur Mendes, la musique en arrière-plan fait elle aussi un job remarquable en allant chercher l’inspiration du côté de la Vierge de Fer la plus inoxydable. Et si le morceau éponyme d’intro nous guide sur cette piste sans broncher ni protester, « Road Rage » en souligne encore plus la véracité de son up tempo rappelant les « Aces High » et autres « Be Quick or be Dead ».

Donc finalement oui, ICON OF SIN est une sorte de MAIDEN sud-américain, vénérant l’institution NWOBHM anglaise au-delà du raisonnable. Même la basse de Vidal prend un malin plaisir à retrouver le déroulé de doigts de Steve Harris, et la paire de guitaristes, très inspirée par le tandem Murray/Smith balance la sauce version Rock, en évitant toutefois les atermoiements les plus progressifs de la bande à Bruce. Il est tout à fait possible de trouver ça redondant, assez drôle dans le fond, mais stérile dans la forme, tant la machine se cale sur le rythme de production mélodique du combo de Londres. Car même lorsque les riffs se veulent plus volontiers Hard que Heavy, le parallèle est inévitable, à peu près autant que lorsque QUEENSRYCHE a commencé sa carrière. Certes, le résultat est imprenable dans sa volonté de proposer des inédits, certes, la qualité des morceaux dépasse de loin la majorité de la production MAIDEN de ces dernières années, mais la question inévitable reste en suspens : a-t-on vraiment besoin d’un nouveau MAIDEN alors que l’ancien est toujours en activité ?

Concentrons-nous donc sur les aspects qui permettent de différencier ICON OF SIN de son illustre modèle. D’une part, la volonté de soigner la mélodie et de proposer des intermèdes plus foncièrement Rock permet de s’éloigner du parallèle parfois…jusqu’à ce que la voix mimétique de Mendes ne rentre en lice. J’en veux pour exemple l’efficace et mid tempo « Night Breed », plus symptomatique du label transalpin, et qui n’est pas sans rappeler certains éclairs d’HELLOWEEN. D’une autre part, ces accélérations soudaines qui rapprochent le combo brésilien d’un Power Metal des années 80/90, terrain totalement étranger à IRON MAIDEN. Nous pouvons donc savourer la vitesse et la précision d’un « Virtual Empire », qu’ANGRA ou STRATOVARIUS auraient pu composer il y a quelques années. Ce sont donc ces quelques nuances/différences qui permettent d’apprécier le travail du quintet à sa juste valeur, lorsqu’il prend ses distances avec son idole.

Certes, en tombant sur « Clouds Over Gotham » et son intro si caractéristique, on ne peut s’empêcher de penser aux morceaux les plus homériques et évolutifs de MAIDEN. Et si la passion est sincère, si l’envie de « faire comme » est bien tangible, l’émotion n’en est pas pour autant aux abonnées absentes, et le résultat est tout bonnement bluffant. J’en conviens, il est toujours difficile de louer le travail d’artistes donnant dans la copie pure et simple, mais l’énergie déployée, le talent des instrumentistes permettent souvent d’excuser le manque d’audace et l’opportunisme un peu trop flagrant.

Il faut donc faire le tri entre les chapitres les plus chargés d’histoire et d’influence, et les inserts plus personnels qui garantissent à ce premier album le statut d’œuvre originale. On se concentrera alors sur « Arcade Generation » et ses obsessions de jeu vidéo sur riff plombé et agression mesurée, sur « The Last Samurai », échevelé et endiablé, la fin de l’album laissant la pression monter avant explosion/implosion. Si Mendes ne fait que confirmer les formidables opinions émises envers son talent, il confirme aussi son incapacité notoire à moduler ses inflexions pour ne pas sonner comme une simple doublure de notre cher Air Raid Siren. Mais en faisant preuve d’une subjectivité un peu poussée, en acceptant le postulat de départ, en choisissant de fermer les oreilles sur certaines ficelles musicales vraiment trop grosses, il est tout à fait possible et honnête de se délecter d’un « Survival Instinct », en se disant que le grand MAIDEN est depuis longtemps coincé dans le passé.        

 

Pas sûr que cette recette puisse se reproduire d’album en album, pas certain que les fans de MAIDEN trouvent la blague très drôle, mais en attendant, Icon of Sin se savoure comme un plaisir coupable, et un soda pas si bon marché que ça quand les rayons manquent de c*c*. Et puis, lorsqu’on prie les dieux du Heavy Metal, qui en dehors de JUDAS PRIEST ou MAIDEN peut répondre à vos attentes ?

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Icon Of Sin

02. Road Rage

03. Shadow Dancer

04. Unholy Battleground

05. Nightbreed

06. Virtual Empire

07. Pandemic Euphoria

08. Clouds Over Gotham

09. Arcade Generation

10. Hagakure (Intro)

11. The Last Samurai

12. The Howling

13. Survival Instinct


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par mortne2001 le 00/00/0000 à 00:00
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