Með Hamri

Misþyrming

16/12/2022

Norma Evangelium Diaboli

On connait bien le principe. On recense les sorties pour faire ce fameux top de fin d’année, en sélectionnant la crème de la crème, certain que le 20 décembre est une date plus que raisonnable pour fermer les compteurs. Et puis, un groupe se pointe de nulle part, sort un chef d’œuvre, et remet en question les certitudes de qualité. Alors, on se triture les méninges, on se demande s’il est vraiment si important de le mettre en avant, ou si le dossier clôt est suffisamment objectif pour passer la rampe. Mais la question des honneurs tardifs est un faux problème. Le plus important, est de comprendre que l’année n’est jamais finie avant d’être finie, et que nul n’est à l’abri d’un éblouissement de dernière minute.

Ainsi, les islandais gelés de MISÞYRMING ont pris la décision de se rappeler à notre bon souvenir en toute fin d’année 2022. Après tout, pourquoi pas, puisque nous attendions de leurs nouvelles depuis 2019 et la publication du phénoménal Algleymi, qui avait encore récolté des masses de louanges, concert de compliments totalement justifié. Car si les MISÞYRMING jouent un Black Metal d’obédience presque classique, ils le font avec la grâce et l’originalité des peuples nordiques, les dépositaires du secret initial. Et une fois de plus, Með Hamri va séduire les amateurs de musique riche, créative et audacieuse dans la violence la plus crue.

Le leitmotiv de ce troisième album ? Aussi long, mais avec moins de morceaux. Des morceaux qui sont plus étirés, presque progressifs dans l’âme, et en tout cas suffisamment évolutifs pour tenir en haleine pendant plus de quarante minutes, via une poignée de riffs inoubliables et quelques samples bien trouvés. Prenant la suite logique d’Algleymi, Með Hamri va encore plus loin, parvient à réconcilier toutes les sous-scènes, et donne le sentiment d’avoir été composé une nuit de cauchemars, entre visions d’apocalypse et course poursuite pour échapper aux diablotins les plus futés.

By their hammer let none be saved – MISÞYRMING return to lay down the law. Með hamri is the sound of the iron heel of Black Metal trampling the face of musical modernity.

MISÞYRMING avait un but bien précis : sonner le plus proche possible de ses prestations live, et offrir un album de colère, de violence et d’excès. Sous cet aspect-là des choses, le but est clairement atteint tant on a le sentiment que le groupe joue dans la pièce d’à côté, profitant d’une production incroyablement précise à ce stade de débauche. Autre motivation avouée, celle de terrasser le False Metal, et de rendre à l’underground ses lettres de noblesse les plus sincères. Sans aller jusqu’à louer ce genre d’attitude un peu cliché, autant dire que le quatuor islandais (D.G - chant/guitare/claviers, G.E - basse, T.I - guitare et M .S - batterie) ne s’est pas moqué de nous au moment de doser sa brutalité et ses nuances. Comme les musiciens l’affirment, le Black est un genre qui ose toutes les combinaisons, mais lorsque le marteau frappe, il n’y a plus de place pour l’interprétation : on encaisse les coups en espérant avoir suffisamment de résistance pour aller jusqu’au bout.

Outsider magnifique, MISÞYRMING délivre une prestation de haut vol. Les passages les plus fouettant déchirent les chairs, tandis que les transitions occultes nous plongent dans les ténèbres. J’en veux pour exemple l’imparable et cruel « Engin vorkunn », qui dès son intro impose le malaise, les percussions Post, et l’atmosphère gentiment déviante. A l’instar de MARDUK, le collectif de Reykjavík se sent aussi à l’aise en terrain lourd qu’en attaques éclair, et le mid tempo leur sied à merveille, spécialement lorsqu’il supporte un riff macabre et une basse roulante.

Entendons-nous bien, et précisons les faits. MISÞYRMING n’a jamais eu pour ambition de passer pour l’enfant prodige de sa génération, mais bien pour un élève studieux, maniant les codes de la violence avec un brio incroyable. Pas encore proche du génie, mais déjà détaché par des notes excellentes, le groupe continue donc sa marche en avant, sans se soucier de l’originalité ou de l’audace de sa démarche. Après tout, l’honnêteté a toujours été de mise, et l’aveu même de tirer l’underground vers le haut en le débarrassant de ses gimmicks prétentieux les plus embarrassants en dit long sur les objectifs.           

Entre martial imposant et grandiloquent (« Blóðhefnd »), et respect des dogmes les plus puristes, Með Hamri se permet l’audace de sonner comme l’un des meilleurs albums de BM de cette année, voire l’un des meilleurs albums tout court. Pour s’en convaincre sans parti-pris, il suffit de se laisser happer par le final gigantesque « Aftaka », trou noir de nihilisme et obscurantisme de violence crue. En dix minutes, MISÞYRMING prouve qu’il est bien le groupe qui mérite les louanges qu’il a déjà récoltées, insiste sur la lancinance pour provoquer le malaise, et nous laisse un goût délicieusement amer en bouche.

Il est affreusement difficile de se montrer audacieux lorsqu’on prône des valeurs traditionnelles. C’est pourtant le défi relevé par ce troisième album, qui dame le pion aux deux premiers au point de faire échec en quelques mouvements seulement.

Ce formalisme assumé est donc l’arme la plus sincère pour conquérir un nouveau public, qui viendra s’ajouter aux fans de la première heure, ceux qui n’ont jamais douté de la suprématie à venir des islandais sur la Scène BM nordique. Cadeau de Noël païen avant l’heure, Með Hamri est d’une pureté foudroyante, et d’une crédibilité indéniable. Une œuvre sincère qui jette toutes ses forces dans la bataille tout en ouvrant des perspectives fascinantes pour l’avenir.  

This is the Devil’s music made manifest

Même en cherchant pendant des jours, on ne trouvera pas meilleure destitution de l’expérience.

   

   

Titres de l’album :

01. Með hamri

02. Með harmi

03. Engin miskunn

04. Engin vorkunn

05. Blóðhefnd

06. Aftaka


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par mortne2001 le 20/12/2022 à 17:34
90 %    453

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Gargan
@86.217.229.231
20/12/2022, 18:11:51

Toujours une valeur sûre, mais je pense qu'il va y avoir un effet soufflé, comme pour le précédent.

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