Fondé en 2007 par Andrée Theander (guitare) et Erik Wiss (claviers), le projet CAP OUTRUN a connu un long hiatus dû aux obligations individuelles de ses deux membres, et c’est juste après un premier EP baptisé Influence Grind que les deux hommes se sont murés dans un silence musical inquiétant. Mais heureusement pour nous, amateurs de Progressif mélodique, le projet a été remis sur les rails récemment pour enfin accoucher d’un premier album, que le label italien Frontiers s’est empressé de distribuer.
La rencontre entre Andrée et Erik s’est faite de la façon la plus naturelle du monde, et ressemble à celle racontée par les membres de DREAM THEATER lorsqu’ils usaient les bancs de l’école de Berklee. Ils étudiaient la musique et la production à Skara/Skövde, et leur envie de confronter leurs vues a débouché sur un concept de Progressif classique dans le fond, mais plus original dans la forme. Car à l‘inverse de DREAM THETER, les deux hommes n’étaient pas vraiment intéressés par le Metal, mais plutôt par l’Arena Rock et la Pop, qu’ils désiraient mixer à des influences plus Rock et contemporaines. Inutile donc de vous attendre à un déluge de notes et à des performances individuelles brutales et techniques, mais plutôt à une approche à la Neal MORSE, délicate, ciselée, hautement mélodique, et dominée par des volutes de chant soyeuses.
Neal MORSE est vraiment le premier nom qui vient à l’esprit quand on écoute ce premier album, qui accuse dix ans de retard sur un calendrier logique. Et High On Deception va justement à l’encontre de son propre titre en ne décevant personne, bien au contraire. Et si Erik s’est mis en retrait du groupe lui-même pour se concentrer sur la composition et la production, Andrée est épaulé par une équipe solide constitué de prodiges de leur instrument, qui ont tenu à le mettre au service d’une musique faussement simple, mais réellement riche.
Nous retrouvons donc aux postes clés des professionnels de la tâche, avec au chant Chandler Mogel (OUTLOUD), le jeune prodige de vingt-quatre ans Carl Tudén à la batterie (ex-CREYE), Linus Abrahamson à la basse (ex-CONSTANCIA), ainsi que quelques invités ponctuels, dont Hugo Lundwall (basse sur « Run Before We Walk ») et Sebastian Freij (Violoncelle sur « Our Brightest Day »). Une équipe aux rangs soudés, une véritable osmose au moment de coucher sur bandes ces morceaux précieux et harmonieux, et une précision instrumentale qui évidemment, est nécessaire à ce genre qui ne supporte aucunement les approximations.
Comme je le soulignais, CAP OUTRUN n’est pas vraiment un groupe de Metal progressif, malgré les nombreux soli homériques d’Andrée, qui dégaine comme un Petrucci au sommet de sa forme. Non, l’approche du groupe est plus subtile, plus nuancée, et sans évoquer le MARILLION des nineties (quoique parfois, si, un peu), se rapproche de ce que IQ pouvait proposer sur ses albums les plus nerveux et haut-de-gamme.
Doté d’une production parfaitement immaculée qui imprime en 3D des arpèges sublimes de pureté, High On Deception est exactement l’album qu’on était en droit d’attendre de musiciens de ce calibre. Si les figures de style se veulent classiques, et même passe-partout à l’occasion (« Shadows On The Wall » et son intro si formelle qu’on pourrait l’attribuer à une cinquantaine de groupes), d’autres formules plus coulées et diluées viennent nous surprendre au détour d’un virage Rock déhanché et syncopé, comme cette entame dansante et bouncy sur « Crazy Enough », qui sans être vraiment fou-fou, donne des fourmis dans les jambes et le sourire aux lèvres.
Agité, nerveux mais souple, cet album est le fruit d‘une décennie d’expérience de la part des deux membres pivot, qui ont puisé dans leur culture personnelle de quoi alimenter un bestiaire collectif. A l’image de cette pochette dépeignant un Joey Tempest de manga croisé avec un Schtroumf fier de son smartphone, High On Deception parvient à éviter les lieux communs les plus piégés du Progressif, pour nous emmener dans un voyage chaleureux aux étapes enthousiasmantes, et aux nombreuses rencontres impromptues.
Le groupe a même la gentillesse de nous gratifier de véritables moments d’euphorie estivale, comme le souligne avec beaucoup de plaisir le très Pop « High On Deception », hit que l’on ne s’attend pas vraiment à dénicher sur un album de Progressif ténu. Et outre la voix pure et puissante de notre guide Chandler Mogel, et les prouesses rythmiques du jeune génie Carl Tudén qui a incroyablement bien phagocyté le jeu de Simon Phillips et la fluidité surnaturelle de Jeff Porcaro, CAP OUTRUN peut évidemment s’appuyer sur le talent mélodique de ses deux leaders, et sur le jeu très Lukather/Steven Rothery d’Andrée Theander.
De plus, loin des obligations contractuelles du genre, High On Deception nous épargne les longs atermoiements personnels, et préfère mettre en avant des chansons courtes, mais efficaces. Les seuls contre-exemples étant le central « Shadows On The Wall », pièce maîtresse mais aussi talon d’Achille de son formalisme, et éventuellement « As Long As You Believe », beaucoup plus fin et original de son acoustique sublime.
Les accros au Metal progressif fuiront évidemment à toutes jambes ce déluge de bons sentiments mélodiques, habitués à plus de puissance, de complexité et de violence, mais ceux dont les performances egocentriques laissent froids se laisseront séduire par ces compositions superbes, truffées d’harmonies vocales enchanteresses, aux claviers célestes et aux guitares volubiles et aux humeurs versatiles. Ils se délecteront d’ailleurs de la douceur pastorale de « Our Brightest Day », dominé par le violoncelle dominical de Sebastian Freij, ou de l’entre-deux captivant de « Dopamine Overflow », dopé par un duo basse/guitare diabolique et symptomatique des albums de Fusion Jazz/Rock des années 80.
Une bien belle expérience que ce premier album, qui je l’espère en appellera d’autres rapidement, et une très belle lettre d’excuses musicales de la part de deux hommes au talent certain, mais aux ambitions raisonnables.
Titres de l’album:
01. Crazy Enough
02. High On Deception
03. Disaster Mindset
04. In The Shade Of The Masquerade
05. Shadows On The Wall
06. Our Brightest Day
07. My Destination
08. Run Before We Walk
09. As Long As You Believe
10. Dopamine Overflow
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