Le leitmotiv de ces californiens est simple : retrouver l’impulsion du Thrash original et furieux, en admettant l’influence de références comme SLAYER, SODOM et SEPULTURA. Ce qui en gros est la philosophie de tous les groupes revival portés sur la nostalgie, qui nous assènent coup sur coup depuis plus de dix ans sans se demander si leur démarche est pertinente. Mais ne parlons pas de raison lorsque la passion est au centre des débats, et la découverte des RAVAGE REALM fait plutôt du bien aux tympans bien endommagés depuis les années 80 et l’affrontement permanent entre l’Allemagne et les Etats-Unis.
En citant les trois S, les originaires de South Gate jouent le melting-pot géant. Brésil, Etats-Unis et Allemagne pour un cocktail détonnant déjà servi bouillant sur deux moyen-formats. Fondé en 2015, ce quatuor enragé (Guillermo Molina - guitare/chant, Inti Delgado - guitare, Johnathon Torres - basse et Leo Hyder - batterie) nous a déjà proposé deux EP’s, un premier éponyme introductif en 2018 puis Torture Chamber en 2021, ce qui nous a permis d’entrevoir un potentiel exploité (presque) à plein sur ce premier longue-durée, Realm of the Unknown.
Pour situer les débats, affirmons que les RAVAGE REALM se situent dans la frange extrême des adorateurs old-school. Certains sites parlent même de Death/Thrash, ce qui vous en dira long sur l’intensité développée par ces sept morceaux, qui ne sont pas sans rappeler effectivement un mélange entre le radicalisme de DARK ANGEL et la violence industrielle et germaine de SODOM et ACCUSER.
Un rythme très soutenu donc, mais surtout, un son, d’époque, qui nous ramène aux plus grandes heures de la suprématie Thrash des années 88/89. Enregistré et mixé par Taylor Young au studio The Pit Recording, et masterisé par la légende Joel Grind (TOXIC HOLOCAUST), Realm of the Unknown est une épiphanie de violence, qui n’est pas sans rappeler de grandes étapes de la brutalité comme INCUBUS, ou DEMOLITION HAMMER, dans une mesure moindre.
De vraies chansons donc, avec une gigantesque basse qui fouette et qui fait briller les chairs, des riffs classiques mais toujours bien agencés, et des structures légèrement évolutives qui ne sont pas sans évoquer la période de transition de SEPULTURA entre Schizophreria et Beneath the Remains. On apprécie évidemment cette rapidité qui le confine parfois au Thrashcore ou au Death/Thrash (« Realm Of The Unknown », impitoyable et tranchant comme la lame éjectée d’une scie circulaire), mais on aime surtout la solidité incroyable d’un quatuor soudé, qui nous propose un voyage accompagné dans les arcanes de la brutalité maîtrisée.
Avec une entame grouillante et ses faux airs de « Hell Awaits » de qui vous savez, « Deception » est tout sauf ce que son titre indique, et reste une ouverture très capable. Double grosse caisse compressée qui écrase tout, chant dégueulé dans la grande tradition des hurleurs de BELIEVER (qui restent d’ailleurs une influence inconsciente possible), cohésion de groupe et performances individuelles respectables.
Entre lapidaire à la SLAYER de « Dittohead » (« Terror »), tension progressive intelligente et oppressante (« State Of Mind », redondant comme du NUCLEAR ASSAULT/SEPULTURA enragé et intraitable), classicisme aux mélodies sombres et aux coups de reins notables (« Face Of Death »), Realm of the Unknown est une solide affaire de Thrash dense, et se place dans le peloton de tête des sorties du genre de ce mois de mars. Sa brièveté regrettable au prime abord est en fait un atout, puisque le groupe laisse une impression de choc durable, à la manière d’un Reign in Blood plus modeste et évidemment moins emblématique. Mais en clôturant leur sprint d’un inspiré et ténébreux « Prelude/Prison Walls », les californiens nous laissent augurer d’un futur enviable, et d’un futur album sans doute plus développé.
Pour le moment, les RAVAGE REALM incarnent un espoir sérieux de la scène old-school, et on se prend à passer et repasser leur album aux proportions d’EP.
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Titres de l’album :
01. Deception
02. Terror
03. State Of Mind
04. Sicarios
05. Realm Of The Unknown
06. Face Of Death
07. Prelude/Prison Walls
Il m'a fallu quelques secondes à peine et hop, album acheté direct !
Grand merci pour la chro
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52