Voici venu le temps, non des rires et des gens, mais bien de ma dernière chronique pour l’année 2023. Le sentiment d’une mission bien remplie, avec un maximum de découvertes, des confirmations, des surprises énormes, et une production de plus en plus fournie. Alors, comment refermer la porte 2023 sans avoir l’impression de partir à la sauvette ? En abordant le cas d’un groupe déjà connu de nos services qui avec son troisième album, assoit encore un peu plus son statut d’espoir de la scène Thrash venue du froid.
INCULTER était déjà dans mon viseur, son Fatal Visions m’ayant salement amoché il y a quatre ans. Ce savoureux mélange de Thrash, de Hardcore, le tout teinté d’une approche BM raisonnable m’avait enivré et laissé espérer une suite de carrière tout aussi probante. Et au moment de parler de ce Morbid Origin, les certitudes m’envahissent : j’ai fait le bon choix pour cet ultime laïus 2023.
INCULTER (Cato Bakke - basse, Daniel Tveit - batterie, Remi - guitare/chant et Lasse Udjus - guitare) nous fait donc le plaisir d’une violence sourde qui n’est pas sans évoquer la scène Crossover de la fin des années 80, mais aussi le plan Hardcore anglais de la même période. Quelque chose gravitant autour d’AMEBIX, d’ACROPHET, de DBC et autres MDC, la puissance en plus et l’épaisseur en blason. Et si Metal Archives ne manque pas de références pour situer le travail de ces originaires de Fusa, il convient d’y faire le tri pour ne pas se tromper.
Les noms jaillissent comme des gerbes d’étincelles, CONDOR, TOXIK DEATH, AURA NOIR, HELLISH, INSANE, EVOKE, mais ils peinent à résumer le champ d’action des norvégiens. Et je préfère voir ce dossier comme une extension possible des transactions venimeuses d’un ENFORCED en version plus métallique, que comme une énième transaction Blackened Thrash, facile d’abordage, mais qui rapporte peu.
Se basant toujours sur un tapis de riffs simples et sobres mais méchamment efficaces, Morbid Origin se veut aussi sombre que son nom, et nous laisse nous dépêtrer des mailles de ce Thrash/Hardcore d’humeur moribonde. Dès le départ, le quatuor insiste sur la violence brute et froide, accélérant même le tempo pour nous trimbaler dans un passé de BPM que personne n’a oublié. Mais très rapidement, INCULTER s’offre d’autres options, plus mélodiques, mais pas moins maladives et oppressantes. Et lorsque « Age of Reprisal » dispense ses harmonies, le ciel se couvre, et l’orage guette. Avant évidemment d’exploser dans un fracas de rythmiques en chien de fusil et de soli incandescents.
INCULTER n’a pas choisi la facilité. Il s’est encore plus éloigné de la vague old-school pour rester au sec, et nous offre en quelque sorte une traduction moderne des enseignements d’antan, tels que dispensés entre New-York et la Californie. La fluidité de l’ensemble, sa capacité à transcender le médium pour le transformer en king size, cette attitude revêche qui permet de se décaler de la masse, tout contribue à rendre ce troisième longue-durée indispensable à ceux qui pensent que le Thrash peut encore nous surprendre, sans vraiment se révolutionner.
Mais avec des morceaux aussi intenses et tendus que « Chained to the Void » ou « Extinction », le quatuor se pave une voie royale vers les sommets d’un underground qui aimerait bien renouveler ses héros. Les constructions, intelligentes et fouillées, les arrangements, simples mais percutants, les lignes vocales dégoulinant de la rage de Venice et Portland, permettent à cet album de se hisser de deux ou trois têtes au-dessus de la mêlée Thrash 2023, entre agression constante et pression éprouvante.
Et même en cherchant la petite bête, en faisant preuve de mauvaise foi crasse, il est impossible de ne pas voir en Morbid Origin une perfection dans la brutalité, sans en exagérer les composantes. Mais ces nombreux breaks, ces cassures efficaces, et ces soudaines embardées nous droguent comme de la meth musicale sans effets secondaires, nous rappelant pourquoi cette dépendance est une évidence. Le Thrash, pour un jour et toujours, spécialement lorsqu’il est pratiqué par des esthètes et amoureux des figures non imposées.
Avec un peu plus d’anticipation, j’aurais aisément pu décerner à Morbid Origin le titre convoité d’album Thrash de l’année. Il est désormais trop tard, les tops ayant été rendus, mais rien ne vous empêche de le glisser dans votre propre classement, en ayant trémoussé votre chevelure au rythme appuyé de « Morbid Origin » et ses huit minutes d’imagination magique, réconciliant MORTAL SIN, CRO-MAGS et EXCEL en pleine tempête des sens.
Plus ambitieux que jamais, INCULTER prouve que sa culture extrême est de plus en plus riche. Il prouve aussi que sous des atours classiques, il est capable de se sublimer pour oser tremper le Thrash dans un Heavy Hardcore poisseux et acide, ce que souligne avec fermeté le très méchant « Perennial Slaves ».
Cette appellation Blackened Thrash est donc tout sauf une vérité. Non, les norvégiens n’ont pas choisi de noircir bêtement leur Thrash pour glisser dans la fange paillarde et ainsi s’accorder une gloriole facile. Ils ont préféré creuser les pistes déjà choisies pour atteindre une plénitude dans la bestialité, une aisance dans la lourdeur, et une satisfaction dans la vélocité.
Dire adieu à 2023 au son de Morbid Origin est un plaisir qui ne se refuse pas. Certes, on ne risque pas de trouver cet album dans les playlists de la Saint-Sylvestre, mais en tendant bien l’oreille, et avec une fenêtre ouverte, on pourra peut-être distinguer dans le lointain l’euphorie des thrasheurs norvégiens se défoulant sans penser au lendemain.
Ce qui reste l’une de nos seules options en attendant de savoir à quelle sauce infâme 2024 va nous les bouffer.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Death Reigns
03. Age of Reprisal
04. Chained to the Void
05. Children of Demise
06. Extinction
07. Morbid Origin
08. Perennial Slaves
09. Lethal Salvation
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Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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