Il existe deux manières de se mettre en forme pour le week-end, et ce, dès le samedi matin. Préparer un thermos d’un litre de café et se fader une rétrospective de Télématin, ou s’envoyer en perfusion auriculaire un bon album de Crust/Grind. J’ai choisi mon camp, les émissions matinales des chaînes publiques étant une solution de facilité, et je conchie la facilité. D’autant plus que j’avais déjà dans ma musette le premier album d’un groupe de suédois furieux qui semblait plein de promesses.
Le fait que les SICKRECY soient signés par les esthètes polonais de Selfmadegod Records était déjà un indicateur révélateur. On connait les bonnes habitudes du label, qui n’invite pas n’importe qui à rejoindre son cheptel, et on sait qu’il y anguille sous roche lorsque le groupe en question lâche son premier longue-durée, uniquement armé jusqu’à lors d’un EP concis, bref, mais explosif. C’est en effet First World Anxiety qui a mis le feu aux poudres plus tôt cette année, et cette suite tient toutes les promesses faites, propulsant le trio suédois à des hauteurs de réputation non négligeables.
Adde Mitroulis (chant), Marcus Dahl (guitare) et Martin Eriksson (batterie/basse) nous proposent donc avec Salvation Through Tyranny un Crust/Grind de première bourre, se rapprochant parfois d’un crossover entre le NAPALM DEATH le plus tardif et le DEATHBOUND le plus jouissif. Un sacré mélange donc, qui explose dès les premières mesures, bien que ce premier album soit agencé de façon très intelligente, évitant les débordements trop systématiques d’un Grind replié sur lui-même.
SICKRECY, contraction de Sick-secrecy est donc une révélation sur la scène Hardcore internationale, et prouve que la Suède n’a rien perdu de sa puissance depuis les défricheurs des années 80. Gras, épais, conséquent et rageur, ce Grind se déguste encore chaud et en plein dans la gueule, avec évidemment des thématiques d’usage, problèmes de société, disparités, pollution, parité, corruption politique et autres péchés mortels comme l’avarice ou la convoitise. Un pamphlet tout ce qu’il y a de plus classique, mais puissant comme une révolte citoyenne tournant à la révolution. Un beat frappé avec conviction, des riffs traditionnels assaisonnés pour être plus épicés, et voix évidemment grave et rauque, mais toutefois intelligible. Loin du chaos, les trois scandinaves nous rentrent donc direct dans le lard, en provoquant notre réflexion pour éventuellement créer un monde meilleur mais pas moins chaotique dans le fond.
En étant subtilement subjectif, on peut concevoir cette première attaque comme l’une des plus efficaces du marché 2022. Dès « Idiocracy », les doutes sont méchamment balayés et l’assaut compacté, entre riffs typiques et samples apocalyptiques. Et lorsque la machine se met en branle en tremblant sur ses bases, on se rend compte que l’opération lucidité ne prendra pas de gants pour nous ramener à la réalité.
Incroyablement précis dans la démesure et la violence, Salvation Through Tyranny pointe du doigt ces régimes totalitaires qui laissent le peuple crever de faim dans une obéissance aveugle et totale, et nous réserve des moments d’anthologie, en profitant d’une gigantesque production, et d’un mixage/mastering parfait pour le genre (signé William Blackmon). « Follow The Leader » quant à lui, met les pieds dans le plat et se met à la colle avec Barney et sa bande pour désigner le Crust/Grind comme seule alternative à l’exploitation et l’aveuglement ambiants.
Avec trente minutes de jeu, ce premier album se veut plus conséquent que la moyenne. Et cette durée allongée permet d’incruster quelques titres vraiment méchants, à l’image impitoyable de « Closure » qui défouraille sec et nous écorche les tympans de sa colère Crust.
Aucune faute de goût, un dosage miraculeux, et quelques tendances plus joyeusement Grind, lorsque la dualité vocale goret/fouine bat son plein (« Leading The Blind », monstre qui emporte tout sur son passage).Solide, cohérent et constant, Salvation Through Tyranny est un genre de synthèse du style, qui n’en a retenu que les réflexes essentiels. Entre Metal extrême qui l’est vraiment et Hardcore trépidant, SICKRECY joue le jumelage des écoles, et nous sort parfois un lapin Death/Grind de son chapeau Crust (« The Missing Peace »).
En cadeau bonus, deux reprises finales, l’une d’INGRON HUTLÖS, tirée de son unique 7’’ Necrophilian Hits (« Kåt Nekrofil »), et l’autre, des joyeux D.T.A.L, extraite de leur premier 7’’ Time To Die (« Doomsday »). Une fin en forme d’hommage donc, pour un premier album déjà très personnel, et un week-end qui débute sous les meilleurs auspices. Sauf qu’après une bousculade pareille, on risque de finir à l’hospice.
Titres de l’album :
01. Idiocracy
02. Follow The Leader
03. Progress But Why?
04. Viewing The Absurd
05. Voice Your Opinion
06. Born Of Greed
07. Closure
08. Leading The Blind
09. The Missing Peace
10. Heed This Warning
11. Kåt Nekrofil (Ingron Hutlös)
12. Doomsday (D.T.A.L)
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50