2020 restera tristement célèbre pour sa pandémie de COVID, mais aussi pour la triste mort de George Floyd, qui a relancé aux Etats-Unis le mouvement « Black Lives Matter ». S’en sont suivis des mouvements plus généralistes basés sur la philosophie du « All Live Matter », et au final, une fois parvenu en 2021, je me sens beaucoup plus proche de l’attitude slovaque « No Lives Matter ». Car après tout, nous ne sommes que des pique-assiette incapables de nous sentir rassasiés, et toujours à même de piller les réserves naturelles comme si elles étaient inépuisables, ce qui est loin d’être le cas. Mais celui qui nous intéresse aujourd’hui est justement celui posé par les légendes d’ABORTION, qui nous ont servi chaud bouillant leur dernier album en décembre dernier, restant fidèles à leurs principes de bruit et de fureur. De brièveté aussi, puisque leur No Lives Matter ne dépassait pas les vingt-trois minutes pour vingt-et-un morceaux, soit la quintessence du principe Grind traditionnel. Et justement, le Grind des slovaques n’a rien de moderne ni d’expérimental, et repose toujours sur des principes élaborés à la fin des années 80/début des années 90, à savoir jouer comme des furies, blaster comme des damnés, et hurler comme des gorets. Alors, pour le progrès, vous repasserez, puisqu’à chaque fois qu’une naissance s’annonce un peu différente, les slovaques ont recourt à l’avortement d’idées.
ABORTION, fondé à Nitra en 1989 incarne donc l’arrière-garde bruitiste de l’est, et représente peu ou prou ce vieil abattoir de province qui n’a jamais changé ses méthodes d’abattage. En sept albums, le collectif bruyant et bordélique a largement eu le temps de se construire une légende, d’autant plus que leur disco déborde de splits partagés avec qui voulait bien les honorer de leur collaboration. Et autant dire qu’en trente ans d’existence, le quatuor (Lepra - basse, chant, Bibo - guitare, chant, Ondro - guitare et Miro - batterie) a largement eu le temps de roder son approche, qu’on retrouvait intacte sur le dernier témoignage en date, All You Need Is Hate, paru il y a trois ans. Et si vous l’aviez acheté à l’époque, soyez heureux car vous aurez l’occasion d‘acheter exactement le même en vous procurant ce No Lives Matter qui lui ressemble comme une copie carbone. Mais après tout, pourquoi changer une formule qui marche depuis des décennies, d’autant que les derniers défenseurs d’un Grind pur et non édulcoré se font de plus en plus rares.
Inimitables, les slovaques continuent de nous pilonner la tronche de courts chapitres de moins d’une minute, permettant ainsi à leur batteur Miro de se livrer à un numéro de marteau-piqueur en permanente démonstration. Certes, le son de sa caisse claire aurait de quoi donner des suées au Lars Ulrich de St Anger, mais sa frappe continue confère aux morceaux cet aspect de tir de mitraille ininterrompu, d’autant que l’ambiance n’est pas forcément à la détente. Le groupe toutefois n’oublie pas d’insérer à la barre à mine des passages plus mid, qui donnent une couleur Crossover à certains titres, mais ne nous voilons pas la face, ABORTION fait du ABORTION, mule sans discontinuer, s’appuie sur une basse distordue à l’extrême, et produit assez d’énergie pour éclairer un petit pays.
De là, disserter des lignes sur un album qui reprend toutes les méthodes des précédents, et qui se complait dans une débauche sonique inamovible est un exercice difficile et un peu vain, il faut l’avouer. On pense évidemment aux ASSUCK, à ANAL CUNT, INSECT WARFARE et tous les acteurs de la scène Grind internationale, mais les slovaques n’ont pas perdu ce don pour composer des hymnes plus Crust que la moyenne comme en témoigne le teigneux « Bombs on Nitra », seul insert à piétiner les deux minutes. Le mélange des voix est efficace, les riffs semblables, la rythmique solide et unidirectionnelle, mais ça fonctionne, puisque cette optique passéiste et traditionaliste fait vraiment du bien aux oreilles.
No Lives Matter a donc des airs de scène de pillage suite à un évènement fâcheux, et retranscrit à merveille cette saloperie d’année 2020 qui a permis à l’homme de se montrer sous son jour le moins flatteur. Véritables témoins des exactions de leur époque, les ABORTION nous gratifient donc d’un bon bêtisier de l’année, avec morts réelles, gamelles mortelles, et nous enchantent de leur talent de conteurs lucides et impitoyables. Et puis, ils ont raison de toutes façons, aucune vie n’a d’importance. Et pas plus la leur que les nôtres.
Titres de l’album:
01. Don't Forget to Pay
02. Christian Catalog
03. Count the Dead
04. Maybe Someone
05. Blitzkrieg Drugs
06. Prince Hoax
07. Stay Human
08. Your Fault
09. Choise
10. Alcohol
11. Holes
12. False Friends
13. Not You
14. Who are You?
15. Infected
16. Time is Sick
17. Dance, Dance
18. Heroe of the Carpatian Type
19. Correct Expression
20. Bombs on Nitra
21. Kill Me on Sunday
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
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Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20