We Won't Get out of Here Alive

Transit Method

18/08/2017

Brutal Panda Records

A force de vouloir sonner à tout prix vintage, les groupes finissent par sonner comme des groupes qui veulent à tout prix sonner vintage. Oui, j’en suis conscient, tout ça est lénifiant, et pourtant, cette constatation est d’une vérité absolue. C’est bien d’aller chercher dans le passé de quoi planer dans le présent, encore faut-il le faire avec intelligence et pertinence. Et surtout, d’aller puiser ailleurs que dans le réservoir pas si inépuisable que ça, des références les plus évidentes. Parce que LED ZEP, BLACK SAB’, DEEP PURPLE, CACTUS, ST VITUS, BLUE CHEER, c’est certes très cool, mais ça devient tellement surcoté qu’on en bouffe par tous les naseaux. Alors, pourquoi ne pas aller pelleter ailleurs histoire d’exhumer des restes un peu moins bouffés par tous les archéologues musicaux en herbe ? Nous sommes d’accord, et les TRANSIT METHOD aussi. Non qu’ils ne respectent pas les icones usuelles, mais ils ont au moins le flair d’associer des sons un peu moins recyclés pour nous faire vraiment croire qu’ils auraient bien aimé voir le jour plus tôt. Tiens, jetez un coup d’œil à leur bio et leurs influences, ça nous change non ? SOUNDGARDEN, RUSH, PINK FLOYD, JANE'S ADDICTION, VAN HALEN, ALICE IN CHAINS, THE MARS VOLTA, LED ZEPPELIN, MEGADETH, METZ, MASTODON, NIRVANA, TOOL, même si quelques allusions sont classiques, le reste l’est beaucoup moins, et surtout, colle à une réalité artistique subtilement psychédélique et noisy fabuleusement décalée et délicieuse… 

Et puis en plus, Matt LoCoco chante comme Perry Farrell ayant pris des cours nasillards auprès de Geddy Lee, alors, tout va bien…Et comme il joue de la guitare comme Dave Navarro en jam avec Kim Thayil…

Bon, sinon, les TRANSIT METHOD risquent de vraiment faciliter votre transit auditif. Après deux EP introductifs, les natifs d’Austin, Texas se sont lancé dans le grand bain du LP via Brutal Panda Records, et nous offrent en ce mois d’août pas si estival que ça, une des dernières grosses surprises de l’été, de celles que Loudwire et New Noise célèbreront avec tout le panache qu’elle mérite. Parce que ces mags virtuels ne parlent pas de n’importe qui à n’importe quoi, ou l’inverse, et si vous trouvez trace d’un combo lambda dans leurs colonnes, c’est rarement un hasard malheureux. Et après écoute attentive de l’objet en question, We Won't Get out of Here Alive, celle-ci ne se pose plus d’ailleurs, parce que c’est un des disques les plus bouillonnants, créatifs et culottés que j’ai pu écouter depuis très longtemps. On pense au gré des pistes à une rencontre pas si improbable que ça entre un RUSH vraiment lysergique et un JANE’S ADDICTION complètement lubrique, qui s’évertueraient à recréer l’esprit libre des seventies au sein d’un cadre dissonant typiquement nineties. Je sais, on vous a déjà fait le coup, mais pour une fois, buvez-le à ma santé, parce que c’est gratuit et honnête. Et du haut de ses neuf chansons aux durées variées, ce premier album toise tout le reste des nouveautés, justement parce qu’il fait du vraiment neuf avec du pas vraiment vieux, et que c’est assez rare pour être souligné. Et puis jetez un coup d’œil aux photos promo. Trois mecs aussi anonymes et fringués comme de jeunes rockeurs propres sur eux, ça cache forcément quelque chose…

Le look ici, que nenni, c’est la musique qui parle, et quelle musique. Un genre d’absurdité psychédélique de 92/93 joué à la sauce 76, avec la tête ailleurs, et une propension indéniable à empiler les idées pour voir si le mobile tourne sans tomber. Une section rythmique volubile (Danny Cruz Borja, Jr. – basse et Mike LoCoco – batterie), qui n’hésite pas à utiliser les aigus du bas du manche d’un côté et les toms en peau de veau de l’autre, mais aussi un maître de cérémonie qui sait jouer, sans s’exciter, et chanter, sans brailler ou imiter Robert ou Ozzy. Secouez le tout, et vous obtenez un cocktail salement allumé, qui vous fait boire de l’alternatif MTV pour des lanternes progressives de Rolling Stone, et qui croise l’audace instrumentale d’un A Farewell To Kings avec la perversion électrique d’un Nothing’s Shocking. Et comme en plus ces trois-là s’y entendent comme personne pour nous entraîner dans leur délire sans avoir l’air de nous forcer, ils commencent leur mind trip par un machin instantané de moins de quatre minutes qui nous explose au nez d’une basse gironde et d’une guitare rouillée.

« Snake Wine », wah-wah en avant, quatre-cordes qui sinue et ondule avec sensualité, et groove imparable digne du meilleur hit de Ritual de Lo Habitual de qui-vous savez (c'est-à-dire « Been Caught Stealing »), joué avec la puissance Thrash-Funk d’un MINDFUNK perdu dans la réverb’ et l’écho puissant d’un APRIL WINE en beaucoup plus déjanté.

Claque, première, mais loin d’être la seule.

Et j’ai eu beau tourner le truc dans tous les sens comme un Rubik’s Cube à couleur unique, je n’ai trouvé ni chemin de sortie, ni solution. En même temps, en appelant leur aîné We Won't Get out of Here Alive, le trio savait exactement ce qu’il faisait, et en se vautrant dans la fange sexy de « Beside Moonlight », on se dit que finalement, on verra plus tard pour le lub’. Et si le vieux Perry ouvrait sa braguette pour montrer son kiki à Geddy, alors qu’un band oublié de l’ère Sub-Pop de la fin des années 80 malmenait sa wah-wah d’un air chafouin, ça pourrait donner un truc comme « One More Beyond Need ». Lick de guitare qui insiste sur les cocottes, et lâché seventies en plein vol, pour un chant qui se veut plus hargneux et une rythmique plus teigneuse. Format court, ou presque, format moyen souvent mais aussi format long, pour deux pépites qui valent n’importe quel solo de saison, et « Constriction » de débouler en premier tous riffs dehors, avec une ambiance salement Heavy, mais crument loopy. Mood planante, un peu comme si le FLOYD de Gilmour trouvait quelques notes par hasard du côté de chez les SMASHING PUMPKINS et RATM, grosse grave qui martèle un leitmotiv sur fond de feedback totalement maîtrisé, c’est si libre mais bien fait qu’on en oublie le treizième café. Et même la guitare se prend pour Page, sans y toucher. On croit vraiment rêver…

« Outlaw By Disguise », en fermeture, est méchamment bien placée. On y trouve pendant plus de neuf minutes toutes les astuces de créativité d’un groupe en pleine possession de ses moyens, qui fuzze, qui larde, qui plane et qui frappe, sans oublier de ménager des pauses et des faux silences, en palm-mute, en staccato, et qui mixe les époques avec un brio de gros salauds. Du RUSH/ZEP à la sauce éthérée d’il y a vingt-cinq années, lorsque les kids redécouvraient les 70’s via SOUNDGARDEN le temps d’un été.

Et des clins d’œil subtils en sus (« Cloud Zeppelin », instrumental à la « Planet Caravan » revu et corrigé KINGDOM COME), des gerbes de flammes Rock baroques sur fond de Speed mastoc (« Parasight », ou comment singer la première vague Speed/Thrash en jouant de l’alternatif qui crache), et de l’intimisme pour introspection à la maison (« Worlds Apart », le plus ADDICTION du lot), pour un festival ininterrompu de Rock noisy, fruity, mais tout sauf cheesy.

Avec We Won't Get out of Here Alive, les TRANSIT METHOD démontrent que pour sonner vintage, il faut tout faire pour ne pas sonner vintage. Jouer la musique qui vous sied, d’époque ou plus ancrée, mais sans chercher à copier le son des influences les plus respectées. Et en agissant comme tel, ce trio sorti de presque nulle part nous donne une leçon d’hybridation sans pareille. Merde, j’aimerais bien voir la tête de Geddy et Perry en écoutant cet album. Sûr qu’on les retrouverait à la colle en train de pondre un projet de grandes folles…


Titres de l'album:

  1. Snake Wine
  2. Beside Moonlight
  3. One More Beyond Need
  4. Constriction
  5. Cloud Zeppelin
  6. Parasight
  7. Worlds Apart
  8. Clones
  9. Outlaw by Disguise

Site officiel


par mortne2001 le 09/09/2017 à 17:56
98 %    966

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20