La France et l’Angleterre sont encore en lice pour remporter le tournoi des six nations. Les deux frères ennemis vont donc s’affronter par autres équipes interposées, en espérant décrocher le titre tant convoité. La rivalité est historique, et le résultat de ce tournoi ne le sera pas moins. Mais en attendant le weekend prochain et l’issue encore incertaine, l’Ecosse nous envoie ses meilleurs vœux sous la forme d’un premier album brut, essentiel, viscéral, et véloce à marquer deux ou trois essais sans problème.
Le Death britannique a toujours été plus abrupt et plus compact que son homologue US. Mais tout aussi cruel que son pendant frenchy. Et le quatuor JAUNDICE le prouve avec six titres dégoulinant de formalisme et de respect des traditions. A peine deux ans après sa formation, ce groupe de Glasgow est déjà prêt à se comparer aux légendes de Londres et Birmingham, et lâche un énorme pavé dans la mare dégoutante. Un pavé certes de petite taille, mais d’une masse assez considérable.
Au niveau du line-up, on sent la jeunesse et la motivation. Ella Maguire (basse/chœurs), Dice Green (batterie/chœurs), Lachlan (guitare) et Jude Dunbar (chant/guitare) ont envie d’en découdre, même si leur intervention reste sous la barre critique de la demi-heure. Death glauque et suintant, troupe mixte, le parallèle avec BOLT THROWER est tentant, et pas si incongru. Même si les obsessions écossaises s’éloignent des jeux de rôles et autres campagnes de guerre, le ton reste le même. Froid, mécanique, d’outre-tombe, et presque métissé tant le Doom y tient une place non négligeable.
Le résultat est donc savoureux, comme un vieux ragoût dans lequel on aurait rajouté quelques ingrédients pas forcément dédiés. Mais cette énorme basse qui forme un axe fusionnel avec la batterie, cette production qui nous renvoie au meilleur des années 1988/1990, et ce chant cryptique et raclé nous permettent de pénétrer un monde sordide, à la sueur acide et aux intentions néfastes. Avec quelques soli symptomatiques de l’école suédoise, des liens avec quelques OS oubliés de l’histoire, comme SEMPITERNAL DEATHREIGN ou HELLBASTARD, JAUNDICE bricole un album qui sent très mauvais, et qui a un goût très prononcé.
Celui de la pourriture et de la putréfaction, le meilleur sur le marché des oraisons.
J’ai en effet craqué pour ce disque bien plus inventif que la moyenne old-school actuelle. Jonché de breaks étranges, travaillant son ambiance, Infernal Demise pose les bases, mais brode dessus. Entre lapidaire de tradition et lampadaire de cité de béton, JAUNDICE raidit les options, contemple un monde de résignation, et nous englue dans une absence de perspectives assez effrayante. L’apogée étant atteinte par le morbide et sentencieux « Fatal Exhumation », qui empeste le Doom/Death par tous les pores. Comme un son s’échappant d’égouts bouchés par des cadavres blanchis et boursouflés, ce morceau épique vénère la lourdeur d’OBITUARY, du jeune PARADISE LOST, d’INCANTATION, pour mieux placer une accélération dantesque au moment le plus propice. Ce panache au moment d’équilibrer les intentions est la marque des grands, et il ne m’étonnerait guère que le quatuor connaisse une trajectoire ascendante.
JAUNDICE aime ce côté indicible de la terreur, et cette dépression ambiante qui nous plombe comme des chaussures lestées. On se sent prêt à plonger dans un fleuve boueux, du béton sous les chaussures, pour en finir avec une existence aussi morne qu’insipide. Cette production qui semble émaner d’un passé reculé, ces à-coups qui brisent les reins, et cette tendance à l’emphase font de ce premier album une sacrée réussite, pour peu que la fange vous attire comme un aimant.
Tout fan de Death pur et fertile se doit d’écouter cet album qui rappelle bien des étapes cruciales du genre. Avec quelques dissonances bien placées, des cordes graves qui grondent comme une contrebasse, des fulgurances hystériques qui le confinent à la schizophrénie, Infernal Demise incarne la quintessence même du Metal le plus incorruptible, imperméable au progrès et aux innovations.
Et c’est bon.
Pas gai certes, mais bon. Délicieux même, comme une pièce de viande avariée que l’on déguste du bout des lèvres. Un morceau de porc pas vraiment bon pour la santé, et qui laisse l’estomac dans un sale état. Mais n’est-ce pas la mission principale d’un genre qui n’est que le reflet de l’époque qu’il décrit ?
Alors, un simple match de rugby, pensez-vous…Mais si l’équipe d’Ecosse embraye comme ses homologues musiciens, le terrain va sentir le purin et la fosse commune. Pas sûr que notre équipe accroche.
Titres de l’album:
01. Toxic Brain Spell
02. Tapeworms
03. Dismal Trance
04. Jaundice
05. Fatal Exhumation
06. Cryptic Marsh
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13