Le gras. Beaucoup de gens en sont dégoûtés au point de le bannir de leur alimentation. Pourtant, il est bien là, partout. Dans les rillettes, dans le jambon, le saucisson, le cochon, l’huile végétale, le bacon, et n’importe quel met digne de ce nom. Si j’enlève la plupart du temps la couenne du jambon blanc, je me repais de celle qui dépasse du rôti de porc, dans l’échine évidemment, le filet étant bien trop sec. En musique, j’adopte la même attitude. Trop, et le goût est rapidement occulté. Pas assez, et la viande manque d’épaisseur. Entre les deux, c’est le bonheur. Et quoi de plus gras qu’un Death Metal old-school à l’américaine ?
ACT OF IMPALEMENT en est conscient, et prend un malin plaisir à en truffer sa musique. Depuis son émergence en mode démonstration l’année même de sa naissance en 2012 (Ritual Warfare), le trio de Nashville, Tennessee n’a eu de cesse de se découper dans le bon sens pour laisser la précieuse matière blanche nous boucher les tympans. Et c’est admirable, gouteux, enviable et heureux. Puisque plus de dix ans plus tard, ce réflexe n’a pas changé. J’aime cette constance dans le cholestérol, cet acharnement sur les artères, et en 2025, j’ai l’estomac grand ouvert pour me bâfrer avec Profane Altar, un truc un peu satanique sur les bords, mais bien cuit au milieu.
Pour l’occasion, le chef étoilé Ethan Rock (guitare/chant) retrouve ses deux commis Aaron Hortman (batterie) et Jerry Garner (basse) pour concocter un repas digne d’un bouiboui du 13ème, roboratif, copieux, garanti sans nerfs et avec pas mal de matière grasse. La recette est appliquée avec conviction et passion depuis Perdition Cult servi en 2018, mais fonctionne encore puisque référence ultime d’un Death intime joué comme un cadavre ambulant au plateau chancelant.
Se comparant volontiers à des légendes comme AUTOPSY, CIANIDE, INCANTATION, ARCHGOAT ou POSSESSION, ACT OF IMPALEMENT fait tourner la broche comme si la méthode de cuisson n’avait pas changé depuis la fin des années 80. Et le parallèle déjà établi dans le passé avec les embaumeurs d’AUTOPSY est toujours aussi pertinent aujourd’hui, ces huit nouveaux morceaux faisant la part belle à la lancinance, l’insistance, le côté morbide de riffs faisandés et le rythme appuyé d’un attendrisseur de viande.
C’est donc connu d’avance, mais qu’est-ce que c’est bon.
Cette ambiance de cuisine un peu crade et d’ustensiles rouillés et souillés donne envie de croquer dans sa barbaque alors qu’elle n’est pas encore cuite. Et si l’on sait qu’il est assez risqué de s’enfiler du porc encore un peu trop cru, la perspective de choper un ténia de douze mètres de long n’empêche guère de malmener son estomac.
Principe simple, maturation, obstination dans le primaire, et même un peu sectaire dans le purisme, ACT OF IMPALEMENT continue son chemin avec ce livre de recettes acheté sur Ebay à un ancien psychopathe cannibale à la retraite, désireux de partager son savoir cruel.
Mais cette voix caverneuse à souhait, cette atmosphère de morgue transformée en cantine, cette viande qui sent l’avarié alors qu’elle bout depuis des heures nous attirent comme des chacals autour d’une charogne. Et si les vers restent encore un peu à la surface, on ne va pas bouder son plaisir en les croquant de désir.
Le Death de ces trois-là est évidemment rétrograde comme l’opinion d’un boucher/charcutier sur les fast-food, mais c’est exactement ce qu’on vient chercher lorsque notre gros bide crie famine. On fait le plein de plans aussi classiques qu’un plat de tripes à la mode de quand (après la date de péremption donc), et on savoure avec délice ces interdits en sévices qui laissent une boule dans l’abdomen et qui provoquent des crises d’écœurement plutôt vilaines.
Profane Altar, c’est un autel d’église jonché de cochonnaille qui n’attend qu’un palais éduqué pour livrer ses secrets. Parfaits cousins d’un Chris Reifert à l’heure du souper, les trois américains perpétuent cette tradition du Death qui laisse bien marron, et qui va fouiner ses aromates près d’un vieux marais pollué.
Les élites gustatives en seront pour leurs frais. Je leur laisse volontiers leurs cinq étoiles, et je retourner à table finir mon plat de côtes bien graisseux.
Yummy, isn’t it ?
Titres de l’album:
01. Apparition
02. Piercing the Heavens
03. Sanguine Rites
04. Deities of the Weak
05. Final Sacrifice
06. Gnashing the Teeth
07. Zenith of Barbarism
08. Profane Altar
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15