J’aime bien quand c’est tortueux, pas évident, progressif, déviant, sournois, complexe et méchant. J’aime les arabesques, les déviations, les lettrines travaillées et les fausses positions, mais…j’aime aussi quand c’est simple, direct et concis. Après tout, on peut aimer KING CRIMSON et les RAMONES, SADIST et CANNIBAL CORPSE, RUSH et MOTORHEAD, sans que personne n’y trouve à redire. Vous êtes d’accord, et c’est tant mieux. Parce que les italiens du jour sont du genre à ne pas se parer d’atours, ni à planquer leur atout dans la manche jusqu’à la fin de la partie. Non, ces transalpins là nous font le coup du lapin, rapide, instantané, sans douleur.
Des romains ? Oui, nous gaulois les aimons bien, même si notre petit village sans nom préféré à longtemps résisté. Dans les faits, et sous couvert d’une superbe pochette elle aussi très franche, SPOILED pratique un Thrash évidemment enlevé, mais très roots avec sa couche d’apprêt. Entre Hardcore, Thrashcore, Crossover et Metal de la mort, le quatuor (Danny Boy - chant, Pekkia - guitare, Zibbo - batterie et Yari - basse) mord, joue très vite et très fort, et incarne cette nouvelle génération violente et décomplexée qui a bien appris de ses aînés.
Sec mais enrobé, ce premier long n’excède pas la demi-heure, et privilégie un format très court. Jamais plus de deux minutes, pour garder la rage Hardcore intacte, et une sacrée beigne entre S.O.D, ACROPHET, SICK OF IT ALL, l’écurie Thrash Minotauro, et pas mal d’autres références de taureau.
Beuglant comme un fan lambda se pâmant face à Billy Milano, SPOILED ne joue pas les enfants gâtés, et prône des valeurs d’authenticité, présentes dès l’entame tonitruante et mid « Marching Spoiled ». Alternant les inserts ultraviolents et les stances plus Heavy, le groupe joue sur la carte de l’immédiateté, bien que sa musique se garde très bien au frigo. Une bière, un riff, une rythmique d’enfer, et valse le tempo pour atteindre des tours de haut niveau. On aime cette solidité et cette fluidité, mais aussi cette âpreté Core qui a fait tout le charme du Thrash/Hardcore pas vraiment Crossover.
Car malgré des titres ludiques et une approche juvénile, Collapse est le fruit des réflexions d’adultes en pleine possession de leurs moyens. Il aura fallu huit ans aux romains pour enfin prendre en main leur destin, quoi qu’un EP fut présenté à la plèbe il y a quelques années (toujours dispo sur Bandcamp d’ailleurs).
La rage, tout le monde en nage, et quelques clins d’œil à Scott Ian et Dan Lilker via le lapidaire « Napalm », qui rend hommage à nos brutes préférées de Birmingham, à la manière d’un TANKARD et son « Mon Chéri ». Aussitôt dit, aussitôt craché, la formule est impeccable, et le plaisir décuplé. Vraiment à l’aise dans les bourrasques les plus rudes, le quatuor aborde le Thrash comme une bande de punks mieux élevés que la moyenne, rendant hommage en passant à toute cette génération de Hardcore métallique des années 80, entre AGNOSTIC FRONT et les CRO-MAGS.
Et si vous êtes assez observateur, vous aurez remarqué que le zombie alcoolisé de la pochette porte un splendide t-shirt D.R.I, ce qui en dit long sur les influences de ces branleurs. On sent un entre-deux trouvé entre des albums comme Dirty Rotten Imbeciles et Crossover, alors que les soli font ce qu’ils peuvent pour sonner comme SLAYER.
La voix beuglarde de Danny Boy permet d’épicer une recette déjà bien relevée, et les vingt-six minutes passent comme dans un rêve de compète de skate. On fricote parfois avec le chaos du Thrashcore (« Identity », irrésistible), mais la plupart du temps, la sympathie et l’abnégation l’emporte sur la négation et la misanthropie. On prend son pied en s’imaginant slammer comme un fou à un concert de ces jeunes loups, les guiboles à l’envers et la tête en enfer.
Satan sait s’il est difficile de trouver le bon équilibre entre les ingrédients. Mais les italiens, sans se poser de questions, y parviennent avec beaucoup d’allant. La quintessence de leur optique est flagrante sur le trépidant « Fratello d’Italia » enchaîné avec le lourd et tendu « Filastin », qui accélère sans raison en mode WEHRMACHT.
Basse qui claque, guitare aussi large que le fessier de feu Maïté, envie de faire tomber toutes les barrières pour que les fans ne fassent pas marche arrière (« Arabian Tower »), SPOILED est un remède contre la sinistrose ambiante, et la preuve que le Thrash/Hardcore a encore de beaux arguments à avancer.
Plus vite en tout cas que ce zombie attaché à sa bière éventée. 8.6 or die !!!!!!
Titres de l’album:
01. Marching Spoiled
02. Beer Stealers
03. Zombie Hunters
04. Collapse
05. What A Mess!
06. Punkomat
07. Be Food!
08. Napalm
09. Phate I Nabbath
10. Rotting Sun
11. Identity
12. Fratello d’Italia
13. Filastin
14. Arabian Tower
15. A.S.P.O.S.
Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.
01/06/2025, 19:36
Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.
31/05/2025, 21:53
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13