Une belle intro et l’affaire est quasiment dans le sac. On commençait à se demander si ce collectif suédois était toujours en activité, son silence en longue-durée s’allongeant avec les années. Et malgré une intervention en moyen format il y a cinq ans, il nous manquait encore cette impulsion initiale qui avait transformé VOODUS en espoir de la scène BM scandinave.
Into the Wild, qui succédait à deux EP’s avait posé les bases d’une musique impitoyable, et en totale adéquation avec la philosophie nordique en termes de brutalité. Le parallèle avec MARDUK n’était pas dénué de sens, toutefois, l’adjonction de mélodies vraiment pures permettait à ce quatuor de s’affranchir d’une tutelle encombrante. Nous retrouvons donc en 2025 ce groupe qui nous avait salement remué les méninges, et qui avec Emanating Sparks s’impose comme légataire partiel d’un héritage gigantesque.
VOODUS (EK - guitare, TFW - guitare/chant, Desekrator - basse et MF - batterie) revient donc plus énervé que jamais avec ces sept nouveaux titres débordant de haine et de beauté mélancolique. Si le fond n’a pas changé, si la forme n’a pas été altérée, un regain de puissance peut être notifié, le quatuor de Kungälv bénéficiant d’une production énorme, très ample, parfois à la frontière d’un symphonique humble. Et « Harbinger of Death », en tant que simple intro, développe déjà les arguments à venir, tenant d’un équilibre parfait entre beauté sombre et silence de tombe, entre DISSECTION et toute la vague BM des années 2010, qui ne confondait pas vitesse et précipitation.
Cruel comme tout bon album doit l’être, ce second chapitre fait la part belle à cette dualité ténèbres/lumières, en insérant des harmonies subtiles dans des structures extrêmement vindicatives. Le title-track se fait le chantre de cette opposition permanente, conférant au produit fini une légère patine progressive. D’ailleurs plus évolutive que progressive, cette avancée en écrasement se permet des écarts typiquement suédois, lorsque les dissonances et les mélodies se battent en duel à l’aube.
Archétype en quelque sorte d’un BM contemporain qui assume ses racines, Emanating Sparks s’apparente à la proverbiale étincelle qui fait tout cramer. De la poudre tombée à terre, un petit coup de vent, une braise qui vole, et tout explose dans un fracas assourdissant, sans pour autant raser les environs. C’est ce que je retiens de cette attaque permanente des sens, qui parvient à combiner la fougue originale du style avec ses attractions classiques plus purement Metal. « The Call of the Abysmal Deep » en est un exemple frappant, avec sa construction en gigogne qui sort de temps à autres un thème plus adouci pour faire passer la pilule.
Un peu BATHORY viking pour l’amplitude, un peu DARKTHRONE lorsque l’ambiance se raidit, VOODUS utilise un panel de munitions conséquent, et ne rate que très rarement son coup. Ce crescendo qui culmine avec une composition de plus de douze minutes s’apparente parfois à un excellent album d’IRON MAIDEN retranscrit dans un langage musical beaucoup plus abrupt, mais similaire dans cet attachement aux riffs les plus conséquents. Il faut laisser infuser pour s’en rendre compte, mais dès « The Scorned » évaporé dans les airs, la filiation devient évidente. Ce côté épique, cette envie de repousser les limites et ces capacités notables mises au service d’un collectif soudé s’apparentent à la façon qu’avait le groupe de Steve Harris de peaufiner le Heavy Metal pour le rendre plus fluide et moins systématique.
Sans réserver de surprise majeure, Emanating Sparks est d’une qualité énorme. Classique juste ce qu’il faut, réactif, et même proactif lorsque les conditions le permettent (la froideur de « Below and Beyond » qui revient aux sources alors qu’on s’attendait à une nouvelle concession), VOODUS aborde tous les registres sans perdre son intégrité.
Le résultat est alors inévitable : ce deuxième album se déguste comme une œuvre artisanale mise sur le marché par des passionnés. Des passionnés qui ont le sens du détail, et l’amour du travail bien fait. Ce qui permet à « Hieros Gamos » d’appuyer sur l’emphase sans risquer la prétention, tout en restant fidèle à cette attitude ambivalente mettant en avant la subtilité au milieu d’une explosion de haine de tous les diables.
Et de fil en aiguille, celle du pick-up finit par glisser sur le monumental « Where the Whispering Wind Blows ». Epilogue majestueux qui mériterait à lui seul une chronique entière, ce dernier geste explique clairement pourquoi les suédois sont à prendre au sérieux. Cette atmosphère maritime à la « Rime of the Ancient Mariner » valide encore un peu plus la comparaison utilisée plus haut, mais le sursaut de violence outrancière rend hommage à la bestialité des aînés qui ont posé les bases de la philosophie BM :
De l’ambition, une sécheresse de ton, et le désir profond d’éteindre les lumières pour ne laisser qu’une poignée de bougies usées. La pénombre n’a que très rarement été aussi séduisante, VOODUS signant là l’album quasiment parfait pour signifier son retour sur la scène.
Titres de l’album:
01. Harbinger of Death
02. Emanating Sparks
03. The Call of the Abysmal Deep
04. The Scorned
05. Below and Beyond
06. Hieros Gamos
07. Where the Whispering Wind Blows
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00