Retour d’un des supergroupes les plus fameux de son époque, au rang (presque) égal aux révérés BLACK COUNTRY COMMUNION, SONS OF APOLLO et autre BLACK SWAN. Sur le papier, SPIRITS OF FIRE avait titillé les consciences en présentant un line-up pour le moins impressionnant, constitué des légendes Chris Caffery (SAVATAGE, TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA), Steve DiGiorgio (TESTAMENT, DEATH, SADUS), Mark Zonder (ex-FATES WARNING, WARLORD) et Tim "Ripper" Owens (ex-JUDAS PRIEST). Sur disque, le concept n’avait ni déçu ni surpris d’un tonitruant et flamboyant éponyme, sorti sur Frontiers il y a trois ans. En 2022, la recette reste donc la même, à un ingrédient près, qui ma foi ne change pas grand-chose à la recette ni au plat proposé.
Tracklisting abondant, durée conséquente, musique toujours aussi portée sur le Heavy traditionnel d’un mélange JUDAS PRIEST/SAVATAGE, le plumage et le ramage sont donc toujours en adéquation, pourtant, le phénix a laissé des plumes dans l’incendie en perdant son frontman Tim Owens. On pouvait s’inquiéter de cette défection, les vocalistes de cette trempe et de cette aura n’étant pas légion, mais Steve, Chris et Mark n’ont pas perdu au change en prenant en CDD au micro Fabio Lione (ANGRA, RHAPSODY), chanteur rayonnant et lyrique s’il en est. Et autant dire que le hurleur a toujours autant de coffre, et qu’il s’est glissé dans le costume comme un remplaçant tout à fait crédible.
On oublie donc Tim Owens ? Pas son apport au sujet ni au premier album, mais en jouant la franchise, son absence ne se remarque pas tant Fabio nous sort son répertoire des grands jours, laissant sa voix extraordinaire se faire stimuler par un instrumental solide élaboré par Chris Caffery. Et il semblerait que le guitariste ait eu besoin d’un exutoire à ces années de statisme live en se mettant à l’œuvre, tant les morceaux dégoulinent de virilité et de violence, à la manière d’un cri primal exhorté après une séance janovienne.
Embrace the Unknown est donc une suite plus que logique, et même plus, une amélioration sur le même thème. Si les structures et les idées de fond n’ont pas changé, rendant toujours hommage à ce pur Heavy Metal des années 80 relooké 2K, la forme est totalement exempte de défaut, grâce au travail incroyable accompli par un producteur hors-norme. Grâce aux doigts et à l’oreille magique d’Aldo Nobile (SECRET SPHERE, ARCHON ANGEL, SWEET OBLIVION), Embrace the Unknown sonne aussi agressif que souple et fluide, et déborde de prouesses individuelles, tout en faisant preuve d’une impressionnante cohésion d’ensemble.
Il faut certes attendre un peu pour prendre l’ampleur de la réussite, les premiers morceaux jouant la prudence Heavy pour séduire les fans du genre. Ainsi, « A Second Chance » a de faux-airs d’exercice de style formel, entre SAVATAGE, ANGRA et JUDAS, mais développe quand même une musculature impressionnante, à la porte des salles de sport des ICED EARTH. « Resurrection » commence à laisser parler la fantaisie instrumentale, et pointe du doigt la précision d’un mixage miraculeux qui donne la même latitude à toutes les fréquences. Si évidemment le chant de Fabio reste à l’avant-plan comme la tête de gondole qu’il est, sublimant un refrain fédérateur à la ACCEPT/UDO, on sent déjà que la section rythmique ne va pas tarder à lâcher les fioritures, Caffery faisant quant à lui déjà preuve d’un panache certain dans ses interventions.
La doublette assez intelligente « Wildest Dreams » / « Into The Mirror » aère un peu l’atmosphère avec ses déliés et sa basse coulante qui sinue entre les croches, et si le formalisme de l’entreprise crève les tympans, le soin apporté aux arrangements et à l’agencement laisse songeur et pour le moins admiratif. S’il est un compositeur classique, Chris n’en reste pas moins l’un des guitaristes les plus doués de sa génération, et nous gratifie de soli de toute beauté, parfois baroques à la Yngwie, parfois plus sombres à la Blackmore, Et c’est le ténébreux et jumpy « Embrace The Unknown » qui laisse enfin éclater la rage intérieure, avec ses lignes de chant hargneuses sur coulis de refrain poivré.
Le groupe s’amuse, lâche les watts, laisse s’exprimer les talents de chacun, et les titres possèdent donc une force intérieure convaincante. On se permet même quelques touches subtilement orientales sur « My Confession », et le spectre d’un PRIEST confronté à la concurrence des chaînes US se fait de plus en plus présent. Entre staccato, glissando et syncopes fumeuses, Chris nous en donne pour notre argent, profitant de l’organe de tête incroyable de Fabio.
Aucune démonstration inutile, aucun ego plus pressant que les autres, mais de l’émotion, de l’amertume même lorsque la sensibilité perce la cuirasse Heavy (« Sea Of Change », le plus SAVATAGE du lot). De fait, les soixante minutes passent très vite, d’autant que le quatuor ventile, disperse, pour proposer des rythmiques plus musclées (« Shapes Of A Fragile Mind », un genre de proto-AEROSMITH/KING DIAMONG pour le moins troublant), tout en suivant la piste d’un Hard-Rock au moteur gonflé (« Hearts In The Sand »).
Pas d’étonnement, le niveau stratosphérique des participants est toujours aussi renversant, avec un DiGiorgio humble mais omniprésent, et un Mark Zonder à la frappe aussi solide qu’inventive. Quelques prouesses de la part de Leone qui module comme jamais, pour un long hommage à un musique d’acier et de sang, acceptant toutefois quelques concessions mélodiques intéressantes.
On pourra toujours arguer que le tout reste convenu, proche du premier album, mais l’enthousiasme dont font preuve ces musiciens capés reste admirable, prouvant que la passion et le talent n’ont pas d’âge. La démonstration ultime en est donnée sur le long final progressif « Out In The Rain », au parfum SCORPIONS/ANGRA, épilogue sacré et divin achevant de transformer Embrace the Unknown en quête de vérité musicale.
On n’embrassera certainement pas l’inconnu en écoutant cet album, prévisible mais généreux, mais on foulera les terres du royaume Heavy Metal la tête haute, et les rêves enflammés.
Titres de l’album:
01. A Second Chance
02. Resurrection
03. Wildest Dreams
04. Into The Mirror
05. Embrace The Unknown
06. My Confession
07. Sea Of Change
08. Shapes Of A Fragile Mind
09. Hearts In The Sand
10. House Of Pain
11. Remember My Name
12. Out In The Rain
Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts
15/06/2025, 08:42
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02