Un brelan c’est bien, mais un full aux as, un carré de rois, ou une quinte flush c’est mieux. Et puis un brelan de deux, c’est quand même pas terrible pour remporter le tapis. Par contre un brelan familial pour monter un groupe et rafler la mise Rock n’Roll, c’est la classe absolue. Et attendez, un VRAI groupe familial, pas un truc genre les RAMONES qui adoptent le même pseudo et le même look. Un père et ses deux fils, deux frères et leur père, de quoi cimenter la cohésion artistique et se faire plaisir en reprenant d’abord des standards, pour mieux se faire la main et ensuite proposer des choses plus personnelles. Laissez-moi donc vous présenter deux gamins à qui on ne la fait plus Rock depuis un bail, malgré leur jeune âge. Au départ, lors d’un premier concert en 2017, Rod et Mat Kuhn avaient respectivement 9 et 15 ans, genre BABYMETAL en plus roots, ou HANSON en moins MmmBop. Depuis, les deux surdoués ont vieilli, le premier est toujours aussi habile à la batterie tandis que le second assure toujours autant à la guitare et au chant. Leur père, secouant sa basse, a de quoi être fier d’eux, puisque deux EP’s ont vu le jour en quatre ans, avant que la famille ne se lance enfin dans l’exercice difficile du longue-durée avec ce premier LP au nom si bien trouvé. Car après tout, quoi de plus important que la famille, surtout quand elle encaisse les décibels unis comme les trois doigts d’une main amputée ?
Three of a Kind est le type même d’album qu’on écoute, qu’on transpire, qu’on reprend en chœur, mais dont on ne parle que pour le mettre un peu plus dans la lumière qu’il mérite. Dans les faits, REDEMPTION n’a absolument pas besoin de ma prose pour se faire de la pub, il suffit au trio de se produire sur scène et de lâcher la vapeur pour contaminer une salle en un seul morceau. Soutenu par l’écurie de plus en plus fournie de l’Agence Singularités, celle-là en est une, et une plutôt bonne. Alors, imaginez THE ALMIGHTY, AC/DC, les RAMONES, MOTORHEAD, AIRBOURNE, 7 WEEKS, réunis dans une même pièce à parler de leurs idoles. Puis à attraper quelques instruments sur le mur pour taper le bœuf via des standards des années 70, sans se prendre la tête, mais en envoyant la purée et même son jus. Imaginez le tout produit ensuite sans artifices ni overdub inutile, et balancé sur le marché pour le simple plaisir de la chose. Alors, en imaginant tout ça, vous aurez une idée précise de l’énergie développée par ces onze morceaux qui sont autant d’hymnes à la gloire d’un Hard Rock n’Roll sans prétention, mais avec des balls et de la sueur.
Three Of A Kind a été mixé par Sylvain Masure (MASS HYSTERIA), comme l’EP précédent. Le mastering à quant à lui été confié à Sam Berdah (The Wall Studio), ce qui confère à cette première saillie longue durée une spontanéité dans le professionnalisme qu’on sent dès les premiers riffs. Pas d’esbroufe inutile, pas de ligne de basse trop élaborée, aucun lyrisme dans le chant, mais un batteur qui malgré son jeune âge cogne comme un sourd avec une fluidité incroyable, et une pèche contagieuse. A son poste, le jeune Rod mule comme un âne, maltraite ses futs, ses peaux, mais insuffle un vent de folie à ces compositions aussi claires et simples que le Rock lui-même. La rythmique père/fils est donc solide, mais le chant et les riffs de Mat s’aventurent en terre Classic Rock parfois pour mieux revenir dans le giron d’un Hard-Rock survitaminé, sensation amplifiée par son timbre un peu rauque qui rappelle Ricky Warwick ou Bob Seger.
La suite, l’album en lui-même, qui vaut bien des discours. Juste assez crade pour ne pas sonner aseptisé, mais assez clair pour concerner tout le monde. A cent lieues des baudruches dégonflées recommandées par Gonzaï ou cautionnées par le tartuffe Manoeuvre, REDEMPTION joue uni, simple, direct, développe des chœurs malins, mais reste concentré sur son propos : le binaire, sous toutes ses coutures, en jean ou cuir, mais surtout, reflet d’une passion qui se transmet de père en fils. Cette union a quelque chose d’incroyablement frais, et pro à la fois, et le jeune âge des musiciens leur permet d‘ignorer que certaines choses ne se font pas. Que dans un disque de pur Heavy Rock, on ne plaque pas une double grosse caisse sur un solo capable : car ici, toutes les audaces sonnent juste, sincères, et efficaces. Alors, oui, parfois, on a le sentiment qu’un mash-up entre les FOO FIGHTERS et Overkill est encore possible, et c’est tant mieux : ras le bol des produits formatés, et puis de toute façon quoi d’autre que le Rock ?
REDEMPTION n’a d’autre ambition que de développer un répertoire taillé pour le live, son terrain de jeu de prédilection. Three of a Kind sonne donc comme un concert privé donné pour tous les fans, et respire, exulte, exhale, et donne des frissons sur les bras. On se prend de passion pour cette simplicité qui tient plus de la franchise que de la limite de moyens, puisque les musiciens en ont sous le coude, mais ont la décence de ne pas nous assommer de prouesses techniques inutiles. Et on comprend bien que la basse roulante du papa est fière de ses deux fistons, qui l’associent dans leur hommage à cette musique de leur enfance. Enfance dont ils ne sont pas encore sortis, et qu’ils laissent durer pour notre plaisir. Mais de temps à autres, rarement, en une ou eux occurrences, les trois marsouins s’avancent un peu plus dans le lac, et provoquent le vrai Hard-Rock. Sur « Follow Me », au riff plus saccadé sur fond de tempo bumpy, ou sur le final « The Rule », aussi épidermique, mais plus construit.
Et puis après tout, leur philosophie la plus brute est admirablement bien résumée par le brûlot « Play it Louder ». Alors, si pour vous c’est trop fort, il faudra changer de carte d’identité. Vous êtes trop vieux. L’apanage de la jeunesse est qu’elle ne se préoccupe pas de l’avenir. Juste du présent. Et ce brelan-là est d’as, croyez moi.
Titres de l’album:
01. Sound of Rock’n’roll
02. Welcome to the Wild
03. Are You Ready
04. Three of a Kind
05. Rock or Die
06. Do it My Way
07. Dark Side
08. Follow Me
09. I Never Knew
10. Play it Louder
11. The Rule
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00