Etes-vous déjà allé faire un tour du côté de Toledo, Ohio ? Non ?
Moi non plus. Pourtant, c’est là-bas que la Jeep est construite depuis 1941. Et c’est aussi une ville connue sous le surnom de « Cité de Verre » eut égard à sa production industrielle.
De plus elle est la capitale mondiale des accessoires auto. Pas mal non plus pour une petite ville US de moins de trois cents mille habitants.
Ah puisque j’en suis aux précisions, ajoutons qu’elle est jumelée avec la ville espagnole de Tolède. Homonymie, après tout, c’est assez logique.
Mais saviez-vous – et ceci est le point important de ce préambule – que c’est aussi le centre névralgique d’une scène Hardcore très vivace ?
Non plus ?
Alors là, aucune importance non plus, puisque cette compilation de talents locaux va justement faire le point avec vous sur l’état des forces Punk Hardcore en présence par là-bas.
Toledo 2017 - Blame it on the Basement vous propose donc un passage en revue d’une grosse dizaine de groupes unis sous la même bannière, ou presque, puisque chacun d’entre eux évolue sous un pavillon quelque peu différent des autres, même si le drapeau flottant au-dessus de leur tête est flanqué d’un gros crâne Hardcore bien tassé.
Hardcore d’accord, mais pas n’importe lequel.
Tous en fait, ou presque. Du Hardcore n’Roll au Powerviolence modéré en passant par le Skatecore ou même le Core à tendance reggae, nous avons donc droit à un panorama exhaustif ou presque des curiosités bruitistes de Toledo, et avouons-le de suite, la ballade est fort plaisante. Et la diversité dans la brutalité de mise.
Alors, technisons. Ce sampler a été enregistré par Seth Mehan et Tony Perkis dans le sous-sol même de ce dernier, et mixé par Jc Griffin aux Lakebottom studios, puis enrobé dans un artwork bien Core par Rob Roy. Tout ça ne vous dit certainement pas grand-chose, mais comme il faut bien rendre à César ce qui appartient à Toledo, j’aime les choses exposées clairement.
Alors, par qui est donc animée cette scène qui a des airs de la fameuse mouvance NYHC des années 80 ? Ou bien de celle de Boston, de Washington ou d’où vous voulez ? Si l’on en croit le tracklisting de cette compile (qui je le précise est disponible gratos au téléchargement sur le Bandcamp du projet), on retrouve donc au générique les groupes suivants :
BONE FOLDER, JUST SHY OF, TAKE OFF-CLEAN UP, FOR NOTHING, TRASH CAT, YETI MACHETE, DON’T GET BORED, THE OLD BREED, SICK SYSTEM, POPULATION CONTROL et LOS JACKS, ainsi qu’une entrée collective en fin de disque avec une appropriation du « Redemption Song » de Bob Marley.
Le bilan de cette opération ?
Prouver la vitalité des groupes du cru, qui en effet, en interprétant quelques morceaux de bravoure dans des conditions live nous permettent de retrouver l’urgence du vrai Hardcore, qui ne s’est toujours pas plié aux exigences modernes et qui reste adapte d’un DIY délicieusement analogique.
Hardcore donc, et celui des racines, parfois sombre, souvent guilleret, mais toujours puissant. Impossible de ne pas trouver son compte et de satisfaire ses instincts les plus primaires à l’écoute de cet assemblage de combos hétéroclites et chacun saura se diriger d’instinct vers son Core favori.
Un mouvement soudé, qui commence sous les meilleurs auspices qui soient, avec l’intervention des BONE FOLDER qui commencent très fort avec leur Powerviolence un peu sourd qui vous saute à la gorge comme un taré dans le pit. Des relents de DISCHARGE évidemment, pour une course contre la montre de deux minutes et quelques.
Les JUST SHY OF se veulent délibérément plus Rock N’Pop, et rappellent un peu la scène de Los Angeles, avec leurs mélodies ironiques et leur distorsion délicieusement DESCENDENTS. Un peu Surf dans l’esprit, mais beaucoup de fun.
TAKE OFF-CLEAN UP n’hésite pas non plus à jouer le mordant d’un Rock N’Core festif, et nous ramène à l’époque des premiers FLAG, avec un riff bien agacé de petits motifs harmoniques crispants. Grosse coupure avec le Reggae Core des FOR NOTHING, un peu BAD BRAINS dans l’esprit, avec cet enthousiasme Ska qui dégénère vite en tuerie Core intégrale.
Plus bordéliques, les TRASH CAT s’amusent beaucoup de leur schizophrénie vocale et de leur ambiance tongue in cheek pour une grosse virée qui bifurque par le Boston des 80’s.
Plus classiques et urbains, les YETI MACHETE avec « Life After Prison » assombrissent un peu l’ambiance de leurs chœurs très NYHC, alors que les DON’T GET BORED jouent les trublions d’un downtempo un peu Noisy.
THE OLD BREED font s’envoler le tempo, qui virevolte autour d’un chant très ANTI NOWHERE LEAGUE, puis les SICK SYSTEM versent un peu de feedback dans le chaudron déjà bouillant pour offrir une des interventions les plus proches d’un MINOR THREAT passablement énervé d’être écrasé par une production saturée et brouillonne.
POPULATION CONTROL joue la carte du gros qui hurle et tempête, avec un son encore un peu plus cochon tandis que les LOS JACKS osent dépasser la barre des trois minutes grâce à une longue intro d’ambiance bien troussée.
Le final assez euphorique et pas vraiment respectueux de l’original permet à tout ce petit monde de se lâcher et de resserrer des liens déjà assez ténus. Bob y retrouverait-il son message ? Certes, mais bien caché sous des couches de folie instrumentale qu’il n’aurait jamais pu entrevoir à l’époque…
Une compilation en forme de recensement, qui malheureusement ne sera disponible en tape que lors des concerts des groupes concernés, ce qui de fait nous exclue de toute appropriation physique. Mais même en version dématérialisée, cette compilation vaut largement le détour, ne serait-ce que pour se tenir au courant de l’actualité Hardcore d’une région prolixe des Etats-Unis.
Et surtout, retrouver l’esprit originel d’un courant qui n’a de cesse de revivre au travers de la passion d’une jeune génération qui n’a cure des concessions.
Automobiles bien sûr.
Titres de l'album:
Une vidéo de poseur : Mes vinyles les plus underground... / David Martin
Jus de cadavre 13/12/2020
Excellente découverte, d'un mid-tempo lourd qui fait penser aux vieux Death, à Morgoth, à Massacre et à toute la vieille Floride en général et à toutes références de Death Metal un peu lent mais inexorable. Un début de ce (...)
16/01/2021, 19:16
Jle trouve vraiment cool ce morceau.Ca fait un bout de temps que j'avais entendu un morceau aussi bon de leur part !
15/01/2021, 18:24
Bon, ben, là, ça me fait carrément envie !!! A défaut de la fève, je veux bien la couronne !
15/01/2021, 17:18
J'attendais de voir ce nom passer. Totalement adhéré à l'ambiance qui s'en dégage (belles lignes de basse qui plus est), achat direct. kling !
15/01/2021, 08:23
100% d'accord avec la chro et Jus de cadavre ! Dans mon top 5 de l'année 2020. Du death metal qui se veut transgressif et repoussant, comme à la grande époque. Et moi, ça me mets en joie...
15/01/2021, 00:16
C'est bien qu'il y ai de temps en temps des albums qui rappellent aux gens ce que c'est le Black Metal. Comment c'est sensé sonner. Sans compromis, nihiliste, violent, sombre et dérangeant.Une autre tuerie de 2020 (oubliée dans mon top tiens !). Et (...)
14/01/2021, 20:33
Une des baffes de 2020. Y a pas à chier la scène Death Metal nord-américaine a su se renouveler et nous propose des trucs de plus en plus sauvages et violents tout en gardant les pieds dans la tradition. Et ça moi ça me plait !Excellent.
14/01/2021, 20:21
Peter Tagtgren pour le remplacer j'avais pensé, ça serait un delire c'est sur.
14/01/2021, 18:58
Clairement, on oublie presque qu'il est arrivé qu'en 2001 apres 3 albums de Nightwish, il était encré dans le groupe.
14/01/2021, 18:57
@jus : hmm...je suis à la fois d'accord et pas d'accord avec toi. D'accord parce que oui, là son message, ça sent clairement le mec qui va pas bien. Je pense aussi que lorsque les choses se seront tassées il reviendra. Mais de toute faç(...)
13/01/2021, 23:42
"Je suis le seul à n'avoir pas tout compris à son message ? J'ai relu l'original en anglais et c'est pareil, on dirait un remake de Kamoulox..."Oui le message d'origine en anglais est chelou, c'est pour ça que je pense q(...)
13/01/2021, 18:41
Show business.5% show.95 % business.Les groupes nous apportent passion, art, divertissement... mais il ne faut pas se voiler la face, autour d'eux gravite un business et une industrie qui souhaitent se gaver, comme autour de n'importe quelle activité humaine.(...)
13/01/2021, 18:11