En Feng Shui, le tigre blanc représente la force Yin, la communication, la patience, la protection maternelle, le pouvoir féminin.
Tout faux.
Désolé de contredire une fois encore, mais si quelqu’un est capable ici de trouver de la patience, une protection maternelle et un quelconque pouvoir féminin dans ce disque, alors qu’il me contacte derechef pour m’expliquer son point de vue. Car il n’y a rien de plus brutal, misanthropique, chaotique et viril que ce nouvel album des lillois d’ODDISM.
Mais on le savait d’avance, puisque le quatuor nous avait déjà avoué ses travers et autres déviances à l’occasion d’un premier long, Dance in the Maze, publié à compte d’auteur en 2017. Mais le temps transformant parfois les bêtes les plus sauvages en compagnons de vie fidèles et disciplinés, nous étions en droit de nous poser un certain nombre de questions en prenant connaissance de ce With the White Tiger.
Et la conclusion est inévitable et irréfutable : ODDISM est toujours aussi dangereux, et peut-être même plus que par le passé.
Giovanni Narcisi (chant), Paul Ellis (guitare), François Hannecart (basse) et Mathieu Payen (batterie) continuent donc leur chemin sans nettoyer derrière eux, et nous livrent avec ce second chapitre un manifeste de colère, de haine viscérale et de ressentiment de tôlard en quête de fausse rédemption. Pour donner bonne figure, les lillois ont réduit le timing au minimum, n’offrant que vingt-et-une minutes de représentation. Mais la violence est à ce point concentrée que quelques instants de plus auraient été fatals à votre équilibre mental. Evoluant toujours en convergence d’un Mathcore vraiment libre et d’un Metalcore débarrassé de ses obsessions juvéniles, ODDISM percute de plein fouet l’actualité musicale, et balaie les scories devant sa porte.
N’attendez donc pas une quelconque empathie de la part de ces mecs-là. Ils se foutent comme de l’an quarante de vos problèmes, et brossent un portrait de la société actuelle au vitriol, allant jusqu’à déguiser le capitalisme galopant en démon mythique. Ce Moloch qui dévore les âmes des enfants et qui symbolise notre soif effrénée de biens totalement inutiles pourrait être la muse d’un album qui passe son temps à conchier notre système, et notre faiblesse par rapport aux obligations commerciales contractuelles.
En parlant de commercial, on peut raisonnablement affirmer que With the White Tiger en est l’antithèse parfaite. Sans avoir changé d’un iota son sens de la composition chaotique et pervers, ODDISM appuie encore plus sur nos plaies ouvertes, et parvient à condenser le sadisme rythmique de CONVERGE, DILLINGER ESCAPE PLAN et CANDIRIA, pour mieux hurler l’indécence à la mode UNSANE.
Pas vraiment joli-joli, mais d’une puissance phénoménale à faire trembler les murs de la bourse. Mixé et masterisé une nouvelle fois par R3myBoy (GOJIRA, STENGAH, SKIP THE USE, etc.), With the White Tiger montre les crocs, mais ne se contente pas d’effrayer. Il tétanise et attaque, plantant ses dents dans notre conformisme et cette tendance masochiste à considérer le matériel plus important que l’humain.
Alors, on crie, on casse, on pulvérise, et on impose des breaks incessants, histoire de déclencher des maux de tête pouvant être salvateurs sur le long terme. En abandonnant le concept de composition classique, avec intro/couplet et bla-bla-bla, ODDISM dessine un labyrinthe dans lequel nous sommes tous prisonniers, et qui ne semble pas avoir d’issue. Mais après tout, nous avons-nous-même créé cette impasse, alors inutile de nous plaindre.
Ça ne ferait qu’énerver un peu plus ce félin qui nous observe de son regard perçant.
Plus qu’une confirmation, With the White Tiger est une épiphanie. Une version 2023 d’un style né dans les années 90 et qui se renouvelle aujourd’hui sous l’impulsion de musiciens passionnés. Dès l’allumage de mèche de «You Speak » jusqu’à la détonation gargantuesque de « You Are the Circle », ODDISM lamine, turbine, perce, creuse et tente la lobotomie frontale comme seul traitement contre les armées de Panurge.
On peut trouver ça excessif. Ces riffs électrifiés renforcés par une production aussi ample que la cupidité d’un Jeff Bezos, cette voix semblant sortir des haut-parleurs d’une rébellion qui couve, et ces coups de caisse claire qui fendent le crane en deux sont les éléments d’un discours sans concessions, et sans apitoiement.
Chaque époque à ses porte-parole, et le nôtre n’est certainement pas du genre à se laisser acheter. Une curiosité dans la production actuelle, et plus simplement, l’album de Mathcore/Hardcore/Cequevousvoulezcore de cette fin d’année, dont le dernier trimestre est entamé et qui risque de nous réserver encore quelques surprises agitées. Noël avant l’heure, mais sans chaussons et avec du sang sur les mains.
Santa clause de confidentialité oblige.
Titres de l’album:
01. You Speak
02. Abeastmal
03. Fossilized Teeth in the Sky
04. Illumines
05. Neurosis of Time (feat Chad Kapper)
06. Born in Tophet
07. You Are the Circle
Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....
27/04/2024, 14:11
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08