Désolé, mais j’ai toujours eu beaucoup de mal avec le terme « Grunge », inventé de toutes pièces par une presse qui ne peut s’empêcher de labelliser tout ce qu’elle ne connaît pas. De plus, le terme est devenu péjoratif avec le temps, désignant des musiciens fagotés comme l’as de pique jouant une musique qui s’est vue désignée comme le fossoyeur du Rock tape à l’œil des eighties que j’aimais tant. Alors quand un agent se pointe à moi avec ce terme en étendard pour défendre l’un de ses poulains, je reste sur ma méfiance naturelle avant de savoir ce qui m’attend. Et ce qui m’attendait en l’occurrence était un quatuor canadien à l’aise dans ses baskets et avec l’héritage des nineties qu’il semble avoir assimilé à la perfection. Mais ne parlons pas de Grunge s’il vous plaît, même si les références de ces quatre musiciens s’y affilient de facto. Né du désir de trois potes de longue date de proposer une musique différente de celle qu’ils jouaient depuis un moment, BADGUYSWIN est plus une affaire de passion et de sincérité qu’un énième dossier Post Grunge à ranger sur le bureau. C’est ainsi que trois membres du combo extrême et technique SLAGDUSTER ont décidé de simplifier leur approche pour proposer une digression sur un vieux thème, un thème populaire, pas désagréable qui trouve ses racines dans la poussée de l’arbre alternatif de 91/94, et qui a trouvé sa concrétisation en avril dernier avec la parution d’un premier album aux contours assez nets et à la démarche honnête. Voici donc un quatuor de musiciens fort sympathiques (Shane Sherman - guitare/chant, Zak Waterlow - batterie, Joe Northcott - basse et Eddie Bitzan - guitare) qui nous présentent le fruit de leurs réflexions sur un premier LP débordant d’énergie simple, qui dans les faits se rapproche des premiers méfaits de nos 7 WEEKS, avec cette tendance à la spontanéité qui se passe très bien d’étiquettes.
Grunge, OK, mais pourquoi pas du Hard Rock des nineties tout simplement ? Car c’est peu ou prou ce que nous découvrons sur ce Cowards, qui sans faire preuve d’un courage démesuré dans la prétention de composition, s’impose de sa fraîcheur et de son allant. Si la boîte de promo des mecs destine ce LP aux fans de HIGHER POWER, NIRVANA, QUEENS OF THE STONE AGE, CLUTCH, SOUNDGARDEN, ALICE IN CHAINS, voyez ça comme un argument publicitaire destiné à attirer l’attention, puisqu’on ne trouve pas grand-chose de ces références dans la musique des canadiens. On peut à la rigueur y dénicher un peu de QOTSA en fouillant bien, mais plus dans le fond simple que dans la forme brute, mais il est inutile de vouloir à tout prix comparer les BADGUYSWIN à un modèle fameux ou un schéma célèbre. Ils sont ce qu’ils sont, et c’est très bien comme ça, un peu nonchalants sur les bords, un peu gouailleurs, détendus, assument leurs penchants dans une courte déclaration qui remet le Grunge sur le tapis, mais qui occulte les deux points forts de la formation. Son habileté rythmique, et son penchant pour les refrains mélodiques qui restent dans la tête. C’est manifeste assez rapidement, dès le premier titre en fait, ce « Like A Sailor » qui met la pêche et qui use d’un mid tempo générique très en vogue il y a trente ans. Le chant particulier et un peu détaché peut faire penser une version chemise à carreaux d’un Ozzy en rupture de Heavy, mais l’instrumental en arrière-plan fait la part belle aux riffs francs et instinctifs, et la rythmique abat un beau boulot syncopé pour nous maintenir en haleine. Du Rock qui se danse ? C’est presque l’optique, mais en tout cas, un Rock joyeux, loin des complaintes sourdes et sombres d’ALICE IN CHAINS ou de la Pop déguisée en Punk de NIRVANA.
Il n’est pas difficile de comprendre que les canadiens ont souhaité se faire plaisir en enregistrant cet album. Tout respire la bonne humeur et la joie de jouer une musique simple et percussive. Ce qui n’empêche pas Cowards de sonner très pro, et d’imposer une production sobre mais efficace. La technique sous-jacente permet aux instrumentistes de tricoter des plans rythmiques denses, soudainement propulsés par des refrains fédérateurs et euphoriques, à l’image de « Lowlifer », contagieux comme un tube de l’été 93. Grosse basse distordue, thèmes en gimmicks, méthode éprouvée pour nous mener sur les chemins d’un NOMEANSNO simplifié, trempé dans une tasse de café tiède MELVINS (« Honey Bucket »). On aime évidemment cette exubérance légèrement retenue pour ne pas sombrer dans la gaudriole musicale, et on se laisse happer par ce vortex qui arrête le temps à une date plus ou moins précise, tout en citant les MILK, ALICE DONUT et d’autres dignes représentants de l’underground (« Fly On The Wall »). Plaisant, pas dérangeant, une récréation en mode mineur mais traitée avec le respect dû à l’auditeur, et surtout, la politesse de ne pas proposer x chansons similaires pour boucher les trous. Certes la cohérence sert de fil rouge, mais avec des ralentissements, quelques assombrissements, des touches un peu plus Heavy, le quatuor sait mener sa barque, et nous délivre un message pluriel de passion universelle (« Coal »). On pense un peu parfois à JESUS LIZARD, en moins torturé, mais les cinquante minutes passent très vite en bonne compagnie, spécialement lorsqu’un peu d’émotion filtre à travers les persiennes (« August 8th », l’un des rares titres que SOUNDGARDEN aurait pu faire sien).
« Needle Beach », illustré d’une vidéo très rigolote se démarque comme le hit de l’album, en moins de trois minutes, mais Cowards se dispense très bien de tête de gondole, puisque sa cohésion lui suffit. On aurait pu demander à ce que quelques minutes soient expurgées parfois, mais ne faisons pas la fine bouche. Le tout tient debout, grâce aux riffs malins de Shane Sherman, jamais avare d’une saccade ou d’un délié bien gluant, et ce premier LP des BADGUYSWIN prouve que parfois, les méchants gagnent à la fin, pour peu que leurs desseins ne soient pas trop néfastes. Ici, on est là pour faire du bien, pour jouer un Rock facile mais souligné d’une technique certaine, et si le tout s’envisage comme un plaisir mineur, il en ressort une sensation de plaisir majeur.
Titres de l’album :
01. Like A Sailor
02. Lowlifer
03. Honey Bucket
04. Lying To Myself
05. Between Hook And Hole
06. Fly On The Wall
07. Coal
08. August 8th
09. Needle Beach
10. Legends Of The Wheel
11. Under It All
12. Central
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39