Plusieurs raisons valables de s’intéresser à cet EP (selon ma propre expérience). D’abord, parce qu’il s’appelle Ferox. Et tous les Ferox que je connais le sont vraiment. Tiens, Cannibal Ferox par exemple, qui mangeait encore plus cru et sale que Cannibal Holocaust. Et Rank Ferox aussi, qui photocopiait plus vite que son ombre en mangeant la moitié du papier. Ça vous suffit comme raisons ? Non ? Parce que moi, oui. Sur ce, je n’ai pas grand-chose à vous apprendre sur ce groupe, sinon qu’il vient de la Creuse si j’en juge par le slug de son adresse Facebook, qu’il est en activité depuis je ne sais pas quand, et qu’il évolue en formation quatuor selon son line-up (Magni: basse et chant, Brice: batterie, Dip: guitare et Kefran : guitare). En dehors de ces quelques éléments, rien, mais ça n’a aucune importance, parce qu’UNBORN, on en parle à cause de sa musique, et sa musique est justement du genre…bien Ferox. Au menu, un énorme Death Metal sorti de nulle part, ou plutôt des abysses d’une inspiration infernale, qui ne connaît que peu de baisses de régime, et qui carbure à l’adrénaline bestiale pure. A tel point qu’on a souvent l’impression de se fader un genre de Proto-Techno-Death, aux ambitions moins élevées, mais à l’efficience bien relevée. A la limite, et la complexité inextricable en moins, je ne vois qu’un mélange entre COMA CLUSTER VOID et GOJIRA pour parler de ces quatre tarés qui utilisent la violence à dessein pour nous faire très mal. Très mal, mais intelligemment. Il n’est pas question ici de Brutal, de Slamming, de Deathcore, ou je ne sais quelle extension stérile, mais bien de Death 90’s joué avec la démence de notre nouveau siècle, une démence chirurgicale, et pourtant terriblement expressive dans les faits.
Je m’explique. En mélangeant un maximum de plans sans perdre en cohésion, les musiciens nous offrent des morceaux qui sont autant de mini scénarii, avec des cassures, des breaks incroyablement moites et pesants, des accélérations brutales genre 5G en avant-première, le tout sous couvert d’aspirations mélodiques dans les soli indéniables. On accroche immédiatement à cette optique excessive, d’autant que les bougres ont le bon goût de porter à ébullition leur méthode. Ainsi, le tourbillon « La Rou(g)e » est une sorte de paroxysme à lui seul, avec différentes parties bien distinctes, formant un tout gigantesque. Très compétents chacun à leur poste, les musiciens offrent un festival de fluidité dans la brutalité, et rappellent les exactions de SUFFOCATION transposées dans une névrose contemporaine, se jouant des écarts d’époque et d’attitude. Modernes sans vraiment le vouloir, les mecs assurent aussi le service après-vente d’une nostalgie patente, celle qu’on sent clairement sur l’immédiat « Holocaust », qui vous écrase les nerfs façon MORBID ANGEL sous vitamine C, avec une batterie qui pilonne, qui écrase, qui virevolte, le tout s’arrangeant toujours pour inclure de petites références à la scène Melodeath scandinave (AT THE GATES notamment). C’est bien évidemment impressionnant de puissance, mais pas trop roboratif, même si quelques idées en pilote automatique reviennent parfois. Le plus convaincant dans l’affaire, outre cette concision rythmique bluffante, reste la voix incroyablement raclée et grave de Magni qui vocifère sans interruption, mais avec beaucoup de panache. Le côté précis et mathématique de l’affaire n’est pas sans rappeler certaines interventions de GORGUTS, sans les crises de folie inextricables, et parfois, on songe même à une union fugace entre STRAPPING YOUNG LAD et MESHUGGAH, en version plus abordable et moins fertile.
Mélangeant le chant en français et en anglais, le groupe s’ouvre des portes, et ose être le plus extrême possible sans tomber dans les travers des excès les moins pardonnables. Et puis après tout, comment ne pas prendre en affection un groupe qui reprend du vieux SEPULTURA dans le texte, en nous offrant une relecture du classique « Troops of Doom » ? Relecture très honnête d’ailleurs, qui mélange l’Indus et le Thrash/Death, pour une appropriation convaincante qui s’inscrit très bien dans la logique de cet EP. Bourrin, mais malin, inflexible mais fluide, ce premier effort est donc une sacrée entrée en matière qui en dit long sur l’efficacité du groupe en live, chacun des morceaux ayant été composé pour permettre à la boucherie en concert de tourner à plein régime. Pas forcément le truc le plus original que vous pourrez écouter ces temps-ci, mais un exutoire fabuleux à la frustration ambiante, le genre de truc qu’on écoute en pulvérisant ses meubles Ikea sans avoir à parler suédois.
Titres de l’album :
01. Ferox
02. Necronomicon
03. La Rou(g)e
04. Holocaust
05. Face au Vide
06. Troops of Doom
Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)
19/03/2024, 12:13
Très cool de découvrir ce groupe ! La présentation est plus fluide mais il faudrait laisser la place à un extrait à mon avis et ça permettrait de mieux rythmer la vidéo.
19/03/2024, 08:17
Perplexe également.Dehydrated et Out of the Body (Out, pas Ovt sans déconner ! C'est quoi leur manie de remplacer les U par des V ?) sans Martin Van Drunen, j'ai même pas assez de curiosité pour écouter ce que ça peut donner.
19/03/2024, 07:52
J'avais aimé le premier Vltimas. Il fait partie de cette tonne d'albums que l'on oublie mais qu'on ressort de temps à autre pour se les repasser et se dire "ah ouais, c'est pas mal" avant de les remettre en place.J'ai écout&eacut(...)
19/03/2024, 07:43
Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.
18/03/2024, 17:37
J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)
18/03/2024, 13:13
Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)
18/03/2024, 08:05
J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse leurs tubes.
17/03/2024, 14:07
J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)
16/03/2024, 11:55
Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.
13/03/2024, 07:24
groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR
13/03/2024, 06:17
Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable
11/03/2024, 15:32
Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire
11/03/2024, 14:55
toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout ...
11/03/2024, 07:39