Deez Nuts + The Acacia Strain + Unity TX

Brothers Till We Die, Unity Tx, The Acacia Strain, Deez Nuts

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 13/02/2023 au 13/02/2023

Le HC pur est toujours là et va bien. Et pour une fois on va voir des groupes de la génération actuelle et non pas des vieilles gloires. Il faut admettre que l'affiche de ce soir était solide et cohérente, c'est même rare de voir quatre groupes vraiment du même style tourner ensemble. Aussi le public était très homogène, y compris par sa classe d'âge dominante : la grosse vingtaine, aux physiques encore secs. Cela nous changeait des vieux briscards à la peau marquée qui peuplent les concerts des grands anciens classiques. Hardcore still lives ! Cette affluence était bonne, mais la salle et le préau de la Secret Place ne débordaient pas non plus. C'est le risque à courir avec une affiche bien typée.

Malgré mes efforts pour arriver tôt, BROTHERS TILL WE DIE avait déjà entamé son set quand je gagnai l'intérieur. Malgré dix ans d'activité ou presque, le combo d'ouverture qui se démenait se révélait bien jeune. Les cinq Madrilènes sur la scène balançaient un HardCore tirant vers le MetalCore avec chœurs, bonds, mains tendues et riffs de bonne qualité, énergiques malgré une production assez sale pour leur style. La bassiste au look pas du tout garçon manqué tranchait au milieu, mais faisait le boulot. Au moins les compos étaient honnêtes et présentables de prime abord. Les efforts incessants pour conserver l'attention du public par gestes et par harangues semblaient trahir un manque de confiance classique au stade débutant. Il n'est pas courant qu'un Espagnol nous explique que Portugais, Espagnols, Français, nous sommes tous frères… C'était d'autant plus gênant que c'était superflu, le public bougeait avec une bonne session de boxe fantôme collective dans la fosse, les pieds à hauteur des têtes. Puis arrivèrent une paire d'intros EDM de mauvais goût, bien incongrues, qui donnaient un éclairage à cette attitude encore taraudée de doutes : combien il est difficile de convaincre d'un mélange de genres dénué de toute pertinence ? Le public prit cela à la légère, nous étions là pour nous amuser. Et pour bien tuer toute ambiguïté, après un dernier titre HC de bon aloi, ils avaient calé dans la sono un morceau de pure Makina pour clôturer leur set, sur lequel ils dansèrent allègrement en final. Il est encore temps pour BTWD d'éviter le gâchis d'une carrière.


La bonne découverte de la soirée a été sans conteste UNITY TX, une affaire pliée dès le premier morceau. Ils envoyaient un HC à la grosse guitare totalement Metal sur des rythmes syncopés complètement Hip-Hop pouvant rappeler, comme remarquait un camarade, la fusion des années 90. Un plan purement Ricain, et comme les Ricains sauront toujours faire mieux que les autres. Le chanteur Afro avait le bagout et le débit (le flow, devrait-on dire) clair et rapide qui sentait la discussion animée dans les rues de leur Dallas natale, les quatre membres dégageant ensemble une assurance quasi palpable. Les riffs rappelaient presque les débuts des regrettés Chimaira. Le chanteur s'étonna de l'étroitesse de la scène et c'était presque une métaphore symbolique, tant il est certain que sauf catastrophe, Unity TX va devenir un gros groupe dans quelques années. Un titre purement Rap, sans guitare et à peine habillé d'un peu de basse et de batterie sur les samples passa sans aucun problème au milieu, sa différence de style étant nette mais parfaitement cohérente avec le principal. Le public a réagi aussi bien à cet intermède qu'au reste de leur set, hélas trop court. La basse, tenue par un autre Afro, ne slappait pas spécialement mais s'entendait au soutien d'une batterie assez simple mais valorisée dans le mix, aux parties purement ternaires comme il se devait. Les riffs puissants et la propreté clinquante de la guitare ne pouvaient qu'emporter l'adhésion des derniers réticents. Cette mise à jour à la mode actuelle d'une recette ancienne n'a duré qu'une demi-heure, et c'était bien peu.


Avec THE ACACIA STRAIN on rentrait par contre en terrain bien connu. Après un bon larsen montant, les Bostoniens déchaînèrent leur riffing typique attendu au tournant par l'assistance. Ce Beatdown emblématique s'est montré plus fait pour le live, en étant aussi bourru que sur album. En se laissant porter par les cordes à vide, au son sensiblement moins clean que le groupe précédent, les nuques se brisaient inexorablement. Le chant rauque de Vince Bennett exprimait des paroles sombres et cyniques, pour ce qu'on en comprenait. Son timbre rauque n'a pourtant rien à voir avec le growl du Deathcore. Il aime bien se cramponner à deux mains sur son micro. Les chœurs et quelques refrains ancraient fermement la musique dans le HardCore. Grâce aux quelques accélérations massives et changements de tempo, le propos essentiel passait sans risquer de lasser rapidement l'audience. L'effet recherché est plus sournois, plus lent à se déployer complètement, mais meilleur d'autant : on voit très bien où ça va, néanmoins les détours rendent l'exercice beaucoup plus plaisant. C'est plus varié que ce qu'en dit l'étiquette qui leur colle habituellement. D'ailleurs on ne se contentait pas de hocher la tête, ça pogotait et ça moulinait aussi dans un éclairage varié. Si le temps de jeu accordé était évidemment plus long, cela permettait de bien asséner le message et moucher toute discussion à grand coups syncopés. Un nouvel album arrive, si j'ai bien suivi.


DEEZ NUTS évolue aussi au format quartet et, dans les dégaines, se distinguait bien peu de l'autre tête d'affiche. Mais ils sont plus proches du cœur de l'esprit HC, alors même qu'ils viennent d'Australie. Cette origine peut s'entendre au chant nasillard et assez sec de JJ Peters, encore plus typé que sur album. Ce recentrage stylistique s'accompagnait d'une écriture sensiblement plus mélodique que le pilonnage précédent. Sur scène, leur répertoire devenait pourtant encore plus puissant, mais peut-être était-ce dû aussi à une production qui avait encore légèrement régressé en propreté. Ce qui accentuait l'agressivité énergique de leurs morceaux, pour le plus grand bonheur de la fosse qui se lança enfin dans quelques circle-pits sur commande. Le guitariste, avec sa mine aussi renfrognée qu'un Kerry King constipé, assurait régulièrement des chœurs. L'influence du Hip-Hop se sentait par les interludes de pure Trap qui meublaient les quelques pauses, mais aussi dans le phrasé et le rythme de certains passages. Les tatouages envahissants de Peters accentuent cette parenté. Malgré l'enchaînement le pit était toujours chaud bouillant, et à mesure que le set se déroulait les chœurs étaient repris par les rangs derrière, justifiant des "…'ppreciate !" lâchés régulièrement par le patron. La fin approchant, un fan s'empara le micro au début d'un titre et débita fièrement un couplet entier sous l'œil à demi surpris de Peters. On creusait clairement dans les vieux classiques du groupe : un titre introduit à la trompette, parmi les plus mélodiques, était repris allègrement par l'assemblée avant un ultime morceau tout aussi mélo. Pas de rappel.


Après être allé brièvement féliciter Unity TX au stand je suis parti, devant me lever tôt le lendemain. Mais c'était un très appréciable état des lieux de la scène HardCore actuelle, son évolution sous l'influence accrue du Rap et du Metal, mais restant dans la continuité de ce qu'il était auparavant.


par RBD le 17/02/2023 à 16:07
   398

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Nubowsky
@89.157.190.231
17/02/2023, 20:49:33

Merci pour ce report, effectivement une soirée bien remplie ! merci à la taf !

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