La Suède, encore et encore. A croire que la seule activité professionnelle possible du pays soit l’enregistrement d’albums, tant les musiciens du cru émergent de semaine en semaine comme des taupes sortant d’un jardin non sans avoir laissé un petit tas de terre derrière elles. Et la taupe du jour s’appelle CONDEMNED AD, vient de Skoghall, et creuse ses galeries depuis…1989. Une vieille taupe donc, à qui on ne la fait plus, mais qui durant sa première période d’activité n’a pas avancé dans l’underground, puisque seules deux démos témoignent de sa vitalité passée.
Actif entre 1989 et 1994, CONDEMNED AD fait partie de ces groupes qui auraient dû enregistrer un album avant de splitter, mais qui n’en n’ont pas eu l’occasion. C’est ainsi que Follow a Failing Leader doit se concevoir comme une revanche sur le destin, trente-trois ans après une naissance discrète et une disparition l’étant tout-autant, cinq ans plus tard. Alors, quel est le programme de cette plèbe suivant un leader en échec ? Une transposition de la situation géopolitique actuelle, et un clin d’œil adressé au prophète de l’Apocalypse Vladimir Poutine, ou plus simplement la critique d’un peuple suivant aveuglément ses leaders, quels que soient leurs projets foireux ? Les deux sans doute, et pour accompagner une telle thématique, il fallait une musique forte, concise, en place, et méchamment revancharde.
Ce qui tombe à merveille puisque ce premier longue-durée est fait d’une musique forte, concise, en place, et méchamment revancharde. Le hasard n’a parfois rien à voir avec les choses qu’il provoque.
Mikael Karlsson (guitare/chant, et seul membre d’origine), Juan Rodrigo (batterie), Mikael Larsson (basse) et Lukas Hamberg (guitare) nous offrent donc un album bien dans son époque, gentiment rétrograde mais pas trop, se reposant souvent sur un mid tempo ou un down tempo lourd, mais en acceptant les accélérations indispensables à toute rage à exorciser. Notons immédiatement une production aux graves rebondissant et aux médiums tranchant, qui sert admirablement bien ces morceaux bombant le torse, agrémentés d’interventions en solo brillantes, mais toutefois, un peu longs sur la durée.
Une heure de musique dans un style aussi restrictif est un écueil difficile à franchir sans y laisser des poils, et CONDEMNED AD ne fait pas exception à la règle. Même si l’enthousiasme et l’allant sont généreux, on notera quand même quelques lourdeurs au niveau de la mise en place, et une sale habitude consistant à laisser les chansons infuser de trop longues minutes. Ainsi, la moitié du répertoire frise ou dépasse les cinq minutes, ce qui créé un phénomène de redondance, que les titres les plus rapides peinent à cacher sous le tapis.
Mais heureusement, de temps à autres, le quatuor s’envole vers des paradis Thrash plus classiques, à l’occasion du foudroyant « Killing Floor », qu’un ONSLAUGHT moderne n’aurait pas boudé. Un temps d’adaptation à la voix graveleuse de Mikael Karlsson est nécessaire pour entrer dans le jeu, mais le jeu incroyable du batteur Juan Rodrigo permet de se focaliser sur une brutalité rythmique savoureuse. Assez étrangement, ce sont les morceaux les plus courts qui sont les plus appréciables, s’appuyant sur un up-tempo léger (« Thru the Sinner Eyes », « Loneliness in Lunacy »), ou une cavalcade survitaminée (« No Gods No Masters »).
Pour autant le reste du tracklisting ne doit pas forcément être passé sous silence, même si les riffs semblent condamner à s’y perdre dans le vide. Le quatuor aurait gagné à aérer ses compositions, et à avoir moins recours à ces automatismes 80’s recyclés à tort et à travers par les cadors de l’époque. Restent une bonne moitié de chansons valables, qui auraient fait un album plus compact et percutant, et une envie de rattraper le temps perdu en enregistrant enfin ce foutu album que les années 90 avaient refusé au groupe.
Je garderai pour la bonne bouche l’ambiancé « Stay Away from Me » et ses six minutes de développé/couché sur fond de mélodies amères, et un impact indéniable, malgré quelques choix malheureux. La Suède ne peut pas réussir à chaque fois, et certaines taupes ont un comportement plus prévisible que d’autres. Et un bon coup de pelle suffit à les renvoyer dans un autre monde.
Celui des actes manqués et des redondances cycliques.
Titres de l’album :
01. You Will Fear My Hate
02. Dead Don't Lie
03. Follow a Failing Leader
04. Killing Floor
05. Save Me from Myself
06. Thru the Sinner Eyes
07. Crawl in the Dirt
08. Suicide by Murder
09. Stay Away from Me
10. Loneliness in Lunacy
11. No Gods No Masters
12. Nothing is Nothing
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
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Tout le monde s'en tape d'Eths. Déjà que lorsque ça tournait, c'était pas ouf.
01/06/2023, 06:10
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