La phobophilie est l’amour de la peur. Oui je sais c’est étrange, mais en argot, c’est aussi un conservateur un peu coincé qui sous prétexte de défendre ses idées transforme son interlocuteur en anti-tout. On en connait tous un certain nombre, qui vous taxent de xénophobe, d’homophobe, d’islamophobe, histoire de régler le débat en deux coups de cuiller verbale. Mais c’est facile, ça ne coûte pas cher, et c’est plus simple que de trouver de réels arguments. Alors admettons. Mais étendons le débat à l’univers musical, et découvrons ce qu’est un PHOBOPHILIC en action. En l’occurrence, c’est une créature un peu gauche et grossière, subtilement passéiste, venant de Fargo, Dakota du Nord, et qui nous propose aujourd’hui son premier EP façon pro, après l’avoir édité à compte d’auteur il y a quelques mois. Plus prosaïquement, PHOBOPHILIC est une énième découverte du label underground suédois Blood Harvest, qui n’a donc de cesse de creuser les abimes pour y découvrir sa pitance. Et avec une caution pareille, vous savez déjà plus ou moins à quoi vous attendre, en gros, tout sauf du Heavy classique ou de l’AOR bien ambiancé. Non, soyons sérieux, le Death putride et historique est encore une fois à l’ordre du jour, ce que ce logo indéchiffrable et cette pochette ne l’étant pas moins laissent suggérer avec beaucoup de franchise. Dans les faits, ce quatuor s’est donc formé en 2017, a déjà publié deux démos dont une en répétition, avant de lâcher cet EP quatre titres, récupéré par le label pour être édité sous forme de tape. Vintage donc, mais tant mieux, la musique s’accordant très bien de cette optique nostalgique. Pas grand-chose à dire à propos du groupe qui n’a même pas pris le temps de se faire une page Facebook, leur Bandcamp étant relativement peu disert sur eux, les réduisant à leur formation.
Ces musiciens (Aaron Dudgeon – guitare/chant, Josh Poer – guitare, Christian Alm – basse et Vincent Tweten – batterie) s’en viennent donc nous colporter la bonne parole du Death des années 80/90, avec une conviction qui mérite l’attention. Très portés sur la brutalité, les musiciens n’en oublient pas pour autant les fondements les plus absolus de leur style de prédilection, et osent donc les harmonies prononcées sur fond de soli très capables. C’est ainsi qu’après nous avoir assommés de Death à tendance technique avec leurs trois premiers morceaux, les lascars font soudainement preuve de finesse pour nous offrir un final en disant long sur leur potentiel. Petite pépite cachée, « Synaptic Vessel » fait presque montre d’ambitions progressives, et en tout cas, d’une culture étendue et d’une ouverture d’esprit manifeste. On aime cet épilogue qui permet d’entrevoir d’autres possibilités qu’une simple redite maladroite sur fond de crossover INCANTATION/OBITUARY/DISEMBOWELMENT/GRAVE, bien que les trois premiers titres ne manquent pas de charme non plus dans le genre homme de Cro-Magnon sortant de sa caverne et découvrant les joies du solfège. « That Which Swallowed the Sun » plante d’ailleurs mieux le décor que n’importe quelle intro grondante, avec son riff qui traîne la patte et son accélération soudaine payant son tribut aux Dieux anciens de MORBID ANGEL. On apprécie ce formalisme, cette précision rythmique, ces breaks qui relancent constamment la machine, et bien sûr, ce chant qui se racle la gorge et qui éructe ses remugles avec conviction. L’ensemble est d’ailleurs formidablement mis en valeur par une production étonnamment claire, vintage mais pas trop, qui laisse les guitares s’exprimer sans les alourdir ou les faire grésiller, et cette frappe de caisse claire purement analogique.
Le tout est bien évidemment frappé du sceau de la passion US, mais on sent bien que les PHOBOPHILIC n’étaient pas non plus sourds lorsque la déferlante sonique suédoise a explosé avec les ENTOMBED et autres UNLEASHED, mais c’est clairement du côté des USA qu’il faut chercher leur inspiration. « Subterranean Miscreation » enfonce le clou de son équilibre DISMEMBER/CANNIBAL CORPSE, avec toujours cet entrechoquement de plans qui se télescopent sans nuire à la cohésion globale. Niveau instrumental, rien à redire, les mecs connaissent leur boulot, entre les sifflantes, les harmoniques, les fulgurances inopinées, le tout totalement maitrisé et régurgité dans un vocable personnel, avec mélodies sous-jacentes qui agissent en contrepoint des blasts, et le tout est bien emballé, soupesé, et restitué avec panache. Quatre morceaux seulement, c’est bien là le seul défaut de cette tape qu’on aurait aimé un peu plus longue, puisque « Diminished to Unbeing » confirme le bien-fondé d’une opinion plus que positive. En passant en revue toutes les composantes Death de tradition, les PHOBOPHILIC signent avec ce premier EP un manifeste plus qu’intéressant, qui donnera lieu à des spéculations âpres sur un avenir glorieux. Vivement la suite, et si jamais quelqu’un vous contredit lorsque vous affirmez qu’Undimensioned Identities est une menace pour la progression du Death moderne, taxez-le de vintageophobe. Il s’en trouvera coi et ne demandera pas son reste. Bordel.
Titres de l'album :
01.That Which Swallowed the Sun
02.Subterranean Miscreation
03.Diminished to Unbeing
04.Synaptic Vessel
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50