Lonely Eye Movement

Devoid

15/10/2021

Frontiers Records

Frenchy but chic ?

Je me souviens de cette rubrique de Best ou Rock n’Folk mettant en avant des talents nationaux à même de rivaliser avec les plus grands. J’aimais y découvrir de nouveaux artistes, gravitant dans mon univers ou pas, mais admettons quand même que celui du Hard-FM et du Hard-Rock mélodique sont encore l’apanage de la Suède, des Etats-Unis, et de l’Amérique du Sud, avec quelque pointes de fraîcheur venant du Canada ou d’Italie. La France n’a jamais vraiment été reliée au genre, malgré quelques percées notables de temps à autres. Heureusement, les fans existent encore, et font même partie du gratin des musiciens.

J’en veux pour preuve ce second longue-durée de DEVOID, qui n’est autre que le bébé de Shad Mae (ex-SHADYON) petit prodige amoureux des performances mais surtout des harmonies, et qui avec ce second album propose une digression intéressante sur les thèmes si chers à sa maison de disques italienne. Quatre ans après un initial Cup of Tears, DEVOID continue donc son chemin, affine sa vision, se veut d’envergure européenne, et propose donc une musique tout à fait intemporelle, constellée de soli incandescents et de mélodies pures.

Shad ne cache pas ses intentions, et se montre d’une franchise imparable au moment de parler de Lonely Eye Movement. Il déclare à qui veut bien le lire que l’idée était de réaliser le mélange parfait entre ses influences les plus lourdes (EVERGREY, DEVIN TOWNSEND, SOILWORK) et les groupes AOR qu’il apprécie (WINGER, WHITE HEART, GIANT, STRANGEWAYS) afin de produire un album très accrocheur et intemporel. Et si la patte de SOILWORK n’a pas vraiment griffé la partition écrite par le guitariste français, si l’ombre de Devin se fait plus discrète qu’un latte de Ziltoïd, ce deuxième chapitre ne manque pas de puissance, et se pose comme un possible Hard Rock mélodique progressif,  un genre à part entière, et qui s’apprécie dans toute sa finesse.

Rappelant parfois le lyrisme d’un Malmsteen des jeunes années (Trilogy en tête de gondole), un Steve Vaï chantant et moins expérimental, ou un JOURNEY en cure d’intoxication VANDEN PLAS, DEVOID est une excellente surprise, et un disque qui permet d’oublier les convenances d’une production trop timorée. Sans aller jusqu’à parler de Rock symphonique, la musique composée par Shad est quand même de proportions assez conséquentes, et d’une précision hors-normes. Bien entouré par un line-up constitué du chanteur Carsten « Lizard » Schulz, du guitariste Gwen Kerjan, du claviériste Jorris Guilbaud, du bassiste Geoffrey « Shob » Neau et du batteur Benjamin Lesous, Shad Mae s’en donne à cœur joie dans les envolées, sachant pertinemment qu’il peut compter sur la solidité d’un backing band de premier choix. Résultat, les couplets sont solides, les refrains fédérateurs et mémorisables, et les soli totalement enflammés, comme si DREAM THEATER se lançait à corps perdu dans le Mélodic Metal sans arrière-pensée Jazz.

Extrêmement puissant et féroce, Lonely Eye Movement se permet même des moments de fureur pure, sur le final dantesque de « Impostor », l’un des hits les plus improbables d’un LP imprévisible. Construit comme un hommage aux pionniers de l’harmonie, Lonely Eye Movement n’en séduira pas moins les amateurs d’un Heavy Metal musclé, qui aurait troqué ses clous contre de la soie et du daim. On apprécie ces intros qui mettent dans le bain et qui étalent les couleurs sur la toile vierge avant que les musiciens ne brossent une image exotique, intrigante, oppressante, ou urbaine. Prenant les accents les plus durs du Heavy et du Power Metal, et les inflexions les plus commerciales du Hard-FM et du Melodic Rock, DEVOID replace la dextérité au centre des débats, et prouve que des styles populaires peuvent aussi être joués de façon presque élitiste, en tout cas évolutive.

Il serait même possible d’envisager le groupe européen comme une version moderne et décomplexée du magique TRIUMPH, tant les aspirations techniques sont aussi importantes que chez les canadiens. Le nom de Jorn Lande et son ARK n’est pas non plus à négliger, ce qui vous fait pas mal de points de repère avant d’attaquer cette montagne de notes et d’harmonies. Complètement conscients de leur potentiel, les musiciens se lâchent donc et nous livrent des morceaux homériques et opératiques, comme cet axe central « Waiting For The Storm »/« In The Absence Of Holiness »/« Mirror Maze », ventre de l’album qui gonfle les abdos tout en laissant le cœur battre à un rythme rapide.

Les amateurs de cascades de guitare seront aux anges en découvrant les performances hallucinantes de Shad Mae, qui tout en étalant son potentiel impressionnant trousse des chansons qui en sont vraiment, et pas seulement de simples démonstrations d’ego en baudruche. Le morceau éponyme propose par exemple une prise de contact assez simple, avant d’aller plus en avant dans l’expérimentation. Sorte de Proto-AOR cybernétique et contemporain, ce titre d’ouverture est un tube en puissance, très intelligemment souligné d’un synthé ludique. Très en voix, Carsten « Lizard » Schulz donne du coffre et se taille une place de choix aux côtés de Steve Perry, Jorn Lande, Jeff Scott Soto, Jami Jamison et autres vocalistes de légende, tandis que la rythmique inépuisable du tandem Geoffrey « Shob » Neau/Benjamin Lesous propulse les idées de Shad avec une énergie presque palpable.

Parfois, la machine calme le jeu et adopte des inflexions plus classiques du Heavy mélodique (« Hands Of Salvation »), mais le gros morceau « Martial Hearts » et son jeu de mot assez fin d’asseoir définitivement les prétentions artistiques d’un album clairement à part. Grandiloquence, efficacité, préciosité, puissance, modulations, DEVOID abat ses cartes avec une belle fermeté, et nous offre un voyage assez unique en son genre, traversant de nombreuses galaxies. De quoi redonner ses lettres de noblesse à un genre en pilotage automatique depuis de nombreuses années. Spécialement chez Frontiers.

         

                                                                                                                                                                                                       

Titres de l’album:

01. Lonely Eye Movement

02. Man Without Fear

03. Impostor

04. Destination Heaven

05. Waiting For The Storm

06. In The Absence Of Holiness

07. Mirror Maze

08. Hands Of Salvation

09. Stroboscope Life

10. Martial Hearts

11. Wood And Wind


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par mortne2001 le 27/10/2021 à 15:00
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