Une dangereuse mutation, des horreurs infinies…Je ne sais pas moi, Tchernobyl ? Fukushima ? Hellraiser, Re-Animator, The Fly, Society, Cabal ? Dean Koontz, Clive Barker ? Lovecraft ? Enfin tout ça peut évoquer pas mal de choses, mais plus prosaïquement un groupe dont je vous ai déjà parlé plus en amont cette année, qui avait eu la gentillesse de nous exprimer ses vues façon EP. Car DANGEROUS MUTATION est plus un concept qu’un véritable groupe, puisqu’on ne retrouve dans ses rangs que le prolifique et autodiscipliné Francisco Javier Martínez, jeune musicien encapuchonné qui se donne tous les rôles du casting, de la composition à l’écriture en passant par la guitare, le chant, la basse et la batterie. Visiblement, Francisco n’a pas changé son fusil d’épaule et considère toujours qu’il peut se passer de partenaires, ce que ce premier longue-durée vient à point nommé prouver.
Après l’entame tonitruante de Ripped in Half, moyen-format qui faisait suite à la démo Prophecies of Annihilation de 2020, Martínez a donc mis les bouchées doubles cette année pour imposer son nom, qui risque fort de revenir une référence dans l’underground ibérique. Toujours animé des pires intentions Death nostalgiques de l’histoire, le musicien de Valence nous offre avec Infinite Horrors un monde d’horreur, de goules et autres créatures difformes, de celles que MORBID ANGEL décrivait avec acuité sur la pochette de son séminal Altars of Madness. Mais ici, le Death est traité différemment, plus Thrash mais tout aussi véloce et technique, et les chansons composées par notre cher Francisco tout seul dans son coin ont de quoi foutre les jetons à bien des références du genre. Car l’homme, une fois encore, évite la complaisance des one-man-projects, et s’est arraché pour pondre un répertoire solide et crédible, qui donne vraiment la sensation d’une cohésion de groupe, et pas seulement d’un caprice en solitaire.
Admirablement bien produit, agencé de façon à aborder tous les points de vue morbides extrêmes, Infinite Horrors est évidemment puissant, velu et méchant, mais aussi très intelligent dans la construction, développant des trésors d’imagination et une doublette vocale à la DEICIDE pour convaincre les fans de Glen Benton que leur héros pourrait bien avoir un petit frère caché en Espagne.
Ainsi, un morceau aussi trapu que « Dangerous Mutation » aurait tout à fait eu sa place dans la discographie du monstre blasphématoire de Floride, avec son lick central redondant et cette dualité vocale mordante et hystérique. Pour autant, DANGEROUS MUTATION est tout sauf une doublure cheap, et possède une identité très forte. Entre ralentissements de mammouth qui écrasent les cervicales, accélérations mode 5G mais sans antenne, lignes vocales voraces et féroces, le tout sent bon la violence de l’underground, et celle des années 90, lorsque le genre s’éloignait de ses simples ambitions putrides pour développer un art consommé de la mort musicale infligée par consentement technique mutuel.
Alors, évidemment, rien de bien neuf sous le soleil, mais une chaleur écrasante, et une progression notable depuis le largage de Ripped in Half. Francisco Javier Martínez a appris à composer en mode LP, et nous offre donc un crescendo dans l’horreur qui laisse admiratif. Ne relâchant jamais la pression, faisant parfois appel à quelques astuces purement Thrash dans les syncopes pour rester punchy, le musicien parvient à nous tenir en haleine par la langue jusqu’à la fin de son discours de mort, et nous réserve même une sacrée surprise évolutive en fin de parcours.
Car si « Left to Die » sonne immédiatement comme le futur classique Death/Thrash qu’il est réellement, avec cette absence d’intro et ces BPM qui sifflent come des balles, le final « Infinite Horrors » nous emmène sur d’autres voies, moins évidentes, et plus difficiles à franchir seul.
En plus de dix minutes, l’espagnol déroule tout son savoir-faire et étale sa culture de l’extrême, pour nous proposer un épilogue conséquent, mais surtout, fascinant. Alternant les figures, proposant quelques astuces futées, des breaks bien amenés, quelques soli de basse assez culottés, des arpèges sortis de nulle part, et une ambiance mortifère au possible, DANGEROUS MUTATION se construit donc une sacrée réputation et donne clairement envie de suivre ses aventures sinon passionnantes, du moins attachantes. Un travail en solo qui mérite le respect, pour un résultat efficace et ouvertement outrancier. Doté en sus d’un mixage parfait dans les moments les plus touffus, Infinite Horrors est un enfer personnel dans lequel on s‘enfonce avec le bon guide, et dont on ne souhaite pas forcément revenir au jugé de la gravité de nos péchés.
Titres de l’album:
01. Left to Die
02. Mortal Shell
03. Dangerous Mutation
04. Schizophrenic Euphoria
05. There Will Be Carnage
06. Relentless Stabbing in a Fractured Skull
07. The Thing
08. Infinite Horrors
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49