Infinite Horrors

Dangerous Mutation

13/08/2021

Autoproduction

Une dangereuse mutation, des horreurs infinies…Je ne sais pas moi, Tchernobyl ? Fukushima ? Hellraiser, Re-Animator, The Fly, Society, Cabal ? Dean Koontz, Clive Barker ? Lovecraft ? Enfin tout ça peut évoquer pas mal de choses, mais plus prosaïquement un groupe dont je vous ai déjà parlé plus en amont cette année, qui avait eu la gentillesse de nous exprimer ses vues façon EP. Car DANGEROUS MUTATION est plus un concept qu’un véritable groupe, puisqu’on ne retrouve dans ses rangs que le prolifique et autodiscipliné Francisco Javier Martínez, jeune musicien encapuchonné qui se donne tous les rôles du casting, de la composition à l’écriture en passant par la guitare, le chant, la basse et la batterie. Visiblement, Francisco n’a pas changé son fusil d’épaule et considère toujours qu’il peut se passer de partenaires, ce que ce premier longue-durée vient à point nommé prouver.

Après l’entame tonitruante de Ripped in Half, moyen-format qui faisait suite à la démo Prophecies of Annihilation de 2020, Martínez a donc mis les bouchées doubles cette année pour imposer son nom, qui risque fort de revenir une référence dans l’underground ibérique. Toujours animé des pires intentions Death nostalgiques de l’histoire, le musicien de Valence nous offre avec Infinite Horrors un monde d’horreur, de goules et autres créatures difformes, de celles que MORBID ANGEL décrivait avec acuité sur la pochette de son séminal Altars of Madness. Mais ici, le Death est traité différemment, plus Thrash mais tout aussi véloce et technique, et les chansons composées par notre cher Francisco tout seul dans son coin ont de quoi foutre les jetons à bien des références du genre. Car l’homme, une fois encore, évite la complaisance des one-man-projects, et s’est arraché pour pondre un répertoire solide et crédible, qui donne vraiment la sensation d’une cohésion de groupe, et pas seulement d’un caprice en solitaire.

Admirablement bien produit, agencé de façon à aborder tous les points de vue morbides extrêmes, Infinite Horrors est évidemment puissant, velu et méchant, mais aussi très intelligent dans la construction, développant des trésors d’imagination et une doublette vocale à la DEICIDE pour convaincre les fans de Glen Benton que leur héros pourrait bien avoir un petit frère caché en Espagne.

Ainsi, un morceau aussi trapu que « Dangerous Mutation » aurait tout à fait eu sa place dans la discographie du monstre blasphématoire de Floride, avec son lick central redondant et cette dualité vocale mordante et hystérique. Pour autant, DANGEROUS MUTATION est tout sauf une doublure cheap, et possède une identité très forte. Entre ralentissements de mammouth qui écrasent les cervicales, accélérations mode 5G mais sans antenne, lignes vocales voraces et féroces, le tout sent bon la violence de l’underground, et celle des années 90, lorsque le genre s’éloignait de ses simples ambitions putrides pour développer un art consommé de la mort musicale infligée par consentement technique mutuel.

Alors, évidemment, rien de bien neuf sous le soleil, mais une chaleur écrasante, et une progression notable depuis le largage de Ripped in Half. Francisco Javier Martínez a appris à composer en mode LP, et nous offre donc un crescendo dans l’horreur qui laisse admiratif. Ne relâchant jamais la pression, faisant parfois appel à quelques astuces purement Thrash dans les syncopes pour rester punchy, le musicien parvient à nous tenir en haleine par la langue jusqu’à la fin de son discours de mort, et nous réserve même une sacrée surprise évolutive en fin de parcours.

Car si « Left to Die » sonne immédiatement comme le futur classique Death/Thrash qu’il est réellement, avec cette absence d’intro et ces BPM qui sifflent come des balles, le final « Infinite Horrors » nous emmène sur d’autres voies, moins évidentes, et plus difficiles à franchir seul.

En plus de dix minutes, l’espagnol déroule tout son savoir-faire et étale sa culture de l’extrême, pour nous proposer un épilogue conséquent, mais surtout, fascinant. Alternant les figures, proposant quelques astuces futées, des breaks bien amenés, quelques soli de basse assez culottés, des arpèges sortis de nulle part, et une ambiance mortifère au possible, DANGEROUS MUTATION se construit donc une sacrée réputation et donne clairement envie de suivre ses aventures sinon passionnantes, du moins attachantes. Un travail en solo qui mérite le respect, pour un résultat efficace et ouvertement outrancier. Doté en sus d’un mixage parfait dans les moments les plus touffus, Infinite Horrors est un enfer personnel dans lequel on s‘enfonce avec le bon guide, et dont on ne souhaite pas forcément revenir au jugé de la gravité de nos péchés.

      

                                                                                                                                                                                                    

Titres de l’album:

01. Left to Die

02. Mortal Shell

03. Dangerous Mutation

04. Schizophrenic Euphoria

05. There Will Be Carnage

06. Relentless Stabbing in a Fractured Skull

07. The Thing

08. Infinite Horrors


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 05/04/2022 à 15:24
80 %    480

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12