Sinon, ça va les mecs ? Non parce que vous faites comme vous le sentez après tout. Personne ne vous presse, pas même nous, pauvres fans condamnés à errer dans les limbes de l’ennui en attendant de vos nouvelles. Parce que coté nouvelles, vous êtes un peu pingres sur les bords non ? Hum ? Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Sur ? Certain ?
Alors, allons-y pour les reproches formulés en pleine face. Vous pensez vraiment avoir eu besoin de neuf ans pour pondre un successeur au maboule Longhena ? Que j’avais chroniqué à l’époque et gratifié d’un note plus que correcte ? Et revenir en plus avec un album de vingt-et-un morceaux, dont la moitié sont des versions Karaoké ? N’y aurait-il pas un peu de foutage de gueule là-dedans ? Ou est-ce encore une preuve de votre humour à froid, et une assertion supplémentaire de votre caractère revêche ?
GRIDLINK, un nom qui fait saliver et baver les amateurs de Grind technique et précis, et qui en vingt ans de carrière ne s’est fendu que de quatre albums, alors même que ses confrères nous en livrent une bonne dizaine par trimestre. Mais on pardonne toujours à ceux que l’on aime et qui vous donnent du plaisir. Alors, comment en vouloir à ces tarés de jouer les mouche du coche pour mieux revenir gonflés à bloc ?
Coronet Juniper, pochette superbe, mais pochette surprise ? Oui, non, peut-être, mais la brièveté de l’ensemble a de quoi frustrer. Et vous imaginiez vraiment que l’on allait s’emmerder à lire vos textes pour les brailler devant la télé ?
Ceci étant dit, ce quatrième long respecte le cahier des charges des précédents, et contient donc une vingtaine de minutes de bordel technique et affuté. On retrouve le groupe que l’on adore détester et que l’on déteste aimer, cette sale habitude de tout mesurer au millimètre près, ce batteur qui n’en peut plus d’aligner les fills sans avoir de vertiges, et ce guitariste Mathcore qui dévore du riff chirurgical au kilomètre. Et puis, admettons que ces neuf années ont été gâchées par un split que personne n’avait vu venir, et envisageons Coronet Juniper comme l’album du comeback, un retour sous la lumière tonitruant, avec toujours en exergue, cette passion du boucan désorganisé, mais aussi progressif qu’une perruque de Todd Rundgren.
Qu’y-a-t-il de plus à dire sur un trio de tête (Takafumi Matsubara - guitare, Jon Chang - chant et Bryan Fajardo - batterie) aujourd’hui secondé par deux nouveaux complices (Mauro Cordoba - basse et Rory Kobzina - guitare), capable de faire passer NASUM pour un groupe de balloche, et PSYOPUS pour un test de laboratoire foireux ? Que les gus s’y entendent encore comme personne pour densifier le Grind le plus traditionnel, en le confrontant aux exigences d’un Metal extrême moderne, et subtilement numérique.
Coronet Juniper n’offrira rien de nouveau sous l’horizon plombé, mais rassurera les addicts. Les américains n’ont pas perdu la main, et l’agitent même en mode Parkinson tout au long des onze nouveaux morceaux hurlés. On se replonge donc dans la boue d’un des épisodes les plus fascinants de la scène Grind, avec toujours en gimmick, cette manière d’insérer l’extrême de l’extrême dans un contexte Metal plus généraliste. Ainsi, « Revenant Orchard » a largement de quoi donner un mal de tête carabiné à COMITY et NAPALM DEATH, tandis que le branque « Zygomatic » nous les déride justement pour retrouver une bonne humeur salvatrice.
Nous n’arguerons pas du caractère totalement facultatif de ces versions instrumentales que personne ne braillera de peur de faire fuir ses voisins. Disons que tout au plus, elles permettent de relire une chronique sans être perturbé par ce chant halluciné, ou servir de bande-son à un repas chiant avec des convives ennuyeux.
Est-ce toujours un plaisir de se faire fouler du pied par une violence exacerbée et non diluée ? Oui, et pas qu’un peu, les crises de priapisme en blasts guettant sous couche pour contaminer les plus pervers des barrés. Mais la diablerie « Refrain », la folie « The Forgers Secade », les mélodies fourbes de « Nickel Grass Mosaic » sur fond de DILLINGER ESCAPE PLAN en soixante-dix-huit tours, font de ce nouveau long/court un évènement, la production actuelle ayant méchamment tendance à se regarder le nombril.
Alors, sincèrement, je pense que les mecs vont bien. Très bien même, vu l’énergie dégagée par ce quatrième né qui permet d’excuser cette longue absence qui nous a tous attristés. Inutile pour pardonner de scruter le tracklisting à la loupe, puisque de toute façon, chaque morceau contient au moins une idée fulgurante. Appréciez le truc dans sa globalité, et si vous avez l’esprit chafouin, laissez-vous enivrer par l’esprit de Saint-Karaoké.
De quoi amuser vos invités dans le cas d’un « Diner Presque Blasté » entre la poire blette et l’asperge trop cuite.
Titres de l’album:
01. Silk Ash Cascade
02. Anhalter Bahnhof
03. Pitch Black Resolve
04. Nickel Grass Mosaic
05. Ocean Vertigo
06. Octave Serpent
07. Coronet Juniper
08. Zygomatic
09. Refrain
10. The Forgers Secade
11. Revenant Orchard
12. Silk Ash Cascade (karaoke)
13. Anhalter Bahnhof (karaoke)
14. Pitch Black Resolve (karaoke)
15. Nickel Grass Mosaic (karaoke)
16. Ocean Vertigo (karaoke)
17. Octave Serpent (karaoke)
18. Coronet Juniper (karaoke)
19. Zygomatic (karaoke)
20. Refrain (karaoke)
21. The Forgers Secade (karaoke)
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