Imaginez la puissance du Thrash, la fluidité du Groove, la rage du Hardcore et la bestialité du Death réunies dans un même artefact, qui une fois en votre possession vous assure d’une domination mondiale sans partage. Une sorte de rune magique, trouvée par un pèlerin sur le chemin non de Compostelle, mais du Walhalla extrême, vous garantissant une peur suscitée chez les adversaires, et de quoi vous donner le dessus dans n‘importe quel combat. Et bien cette rune existe, et elle a été dénichée dans un vide-grenier par les allemands de BLOODSPOT qui avec leur quatrième album en font la démonstration impressionnante. Il y avait longtemps que les originaires de Limburg cherchaient cette relique précieuse, depuis le début de leur carrière en 2006, dans une quête qui a continué jusqu’en 2016 et la parution de leur troisième et critique album To The Marrow. Absents de la scène depuis cinq ans, nous commencions à nous inquiéter du sort de ce quintet hors-normes, au rayonnement beaucoup plus modeste que sa réputation ne le méritait. Mais c’était simplement pour faire face à l’adversité et pour apprendre à utiliser cette rune que les musiciens s’étaient retirés, et alors que la planète s’apprête à faire face à leur comeback, aucune défense ne saurait nous protéger de leur colère.
Plus simplement, il est tout bonnement hallucinant que le groupe ne bénéficie que d’une fanbase aussi réduite après quinze ans de parcours et trois albums impeccables. Leur manquait-il un peu de chance pour enfin s’affirmer, ou un petit surplus d’énergie pour écraser la concurrence sans avoir à la dénigrer ? Les deux possibilités sont à envisager, mais admettons aussi que le combo n’a pas eu de chance avec ses combattants, dont certains ont rendu les armes après ce mythique troisième album.
Soudé autour des deux membres d’origine Björn Grontzki (batterie) et Daniel "Howdie" Geberzahn (guitare), BLOODSPOT, peut s’appuyer depuis 2012 et By the Horns sur le chant féroce de Peter "Pete" Kunz, et depuis 2017 sur les riffs et soli de Phil Unger, et la basse énorme de Flo. Unis comme jamais, les musiciens avaient totalement conscience qu’ils jouaient leur va-tout avec The Cannibal Instinct, et qu’ils n’avaient pas le droit à l’erreur. En résulte un album plus nuancé qu’à l’ordinaire, plus ambitieux aussi, constellé de petits détails techniques et d’arrangements plongeant dans l’ambiance, et de prouesses collectives bluffantes. Le groupe se montre donc très enthousiaste à propos de ce quatrième chapitre de son histoire, et n’hésite pas à le déclarer à qui veut bien l’entendre :
The Cannibal Instinct est une parfaite image du groupe et de son identité. C’est un album chargé d’émotion et de sensibilité, avec un soin particulier apporté aux détails, et qui malgré toute sa colère, sa tristesse et sa lourdeur projette beaucoup d’espoir. Nous espérons que cet album vous tiendra compagnie durant ces temps obscurs, et qu’il nous réunira une fois cette époque sombre derrière nous.
Je retiendrai donc plusieurs choses de ce communiqué assez touchant. D’une, si l’identité actuelle de BLOODSPOT est définie par ces onze morceaux, alors le groupe va devenir énorme. De deux, je suis d’accord avec les musiciens pour affirmer qu’un espoir naît de l’écoute de cette œuvre, pourtant fondamentalement sombre et violente. Ensuite, il est évident que dès que le quintet pourra retrouver ses fans en tournée, les retrouvailles risquent d’être euphoriques. Le nouveau répertoire est en effet taillé pour les scènes, petites ou de festivals, et les accès de colère promettent de sérieuses séquences de headbanging dans la foule. Le groupe n’a jamais sonné aussi cohérent et décidé dans la brutalité, et n’a jamais aménagé autant d’espaces de variation sans trahir sa fureur originelle. Si certains morceaux font encore preuve de formalisme Thrash en vogue depuis les années 2000, d’autres développent des textures et des ambiances nuancées, à l’image du triptyque « The Cannibal Instinct », décomposé en trois passages distincts. On découvre alors une autre facette de la personnalité des allemands, décidément très à l’aise avec toutes les options. Si les mélodies sont maladives, si le chant est parfois mixé très en retrait pour symboliser une ire ancienne émergeant des entrailles de la terre (« The Cure », effrayant mais fascinant), c’est pour proposer un bel équilibre avec les morceaux plus classiques comme l’entame surpuissante de « The Testament ».
Toujours conscients que le métissage musical est la seule échappatoire possible, les cinq musiciens foncent donc dans le tas avec une rare clairvoyance, alternant les charges brutales et les moments de réflexion et d’introspection. Mais comme ils le précisent avec beaucoup de lucidité, cette fois-ci, chaque détail a été étudié avec soin pour parfaitement s’intégrer au concept. Ainsi, la basse maousse de « Our Workers' Back » fond le Death et le Thrash dans une furie Hardcore, tandis que le plus lapidaire « Potzblitz » propose un relooking de SLAYER à travers son prisme PANTERA des années 90.
Fluidité, envie, énergie débridée, le résultat est tout bonnement hallucinant d’efficience. On se prend de passion immodérée pour des burners comme « Vielfrass » et « Death By Dinosaur », crises de démence comme on les aime depuis « Necrophobic », mais on apprécie aussi les modulations spectaculaires de « Ain't No Gallows High Enough » qui prend son temps pour imposer son propos lourd et glauque. Doté d’un mixage parfait, The Cannibal Instinct prend aux tripes comme à l’âme, et développe des arguments irréfutables. BLOODSPOT est donc au sommet de sa forme et de son inspiration, et signe là son album le plus efficace et créatif dans l’outrance. Pas un temps mort, des accélérations fulgurantes qui laissent sur place (« I Beg To Differ »), et surtout, de la variété dans la composition qui nous évite le pilonnage systématique et redondant.
Cinq ans d’absence parfaitement excusés par ces onze morceaux tous aussi percutants les uns que les autres, et la preuve que cette fichue rune mythique, une fois entre de bonnes mains, apporte le pouvoir et la connaissance. Et je suis très heureux que les BLOODSPOT l’aient trouvée avant les autres.
Titres de l’album:
01. The Testament
02. Our Workers' Back
03. Potzblitz
04. The Cannibal
05. The Cure
06. The Flood
07. Vielfrass
08. Death By Dinosaur
09. Ain't No Gallows High Enough
10. I Beg To Differ
11. Deadline Story
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36